Consulat (9.11.1799 au 18.5.1804)

Un mois après le coup d'État du 18 Brumaire, la Constitution de l'an VIII instaure un nouveau régime, le Consulat. Le pouvoir exécutif est confié à un collège de trois consuls, mais seul le Premier consul exerce véritablement le pouvoir et dispose de l'initiative des lois. Trois assemblées sont créées pour qu'elles se neutralisent : le Sénat, le Tribunat et le Corps législatif. Si le suffrage universel est maintenu, il ne sert qu'à désigner des listes de notables, parmi lesquels le Sénat désigne les membres du Tribunat et du Corps législatif. De la démocratie, le régime n'a que les apparences. Le senatus-consulte du 18 mai 1804, ratifié par un plébiscite massif, établit la dignité impériale au profit de Napoléon Bonaparte ; il ne modifie pas en profondeur le fonctionnement des institutions consulaires, si ce n'est le renforcement du caractère personnel et autoritaire du régime.

CONSULAT

Les quatre années du Consulat ont modelé pour cent cinquante ans le visage de la France. Non seulement elles ont mis fin aux troubles de la Révolution, dont elles ont consolidé les conquêtes (biens nationaux, principe de l'égalité), mais elles ont vu naître la plupart des institutions administratives et économiques de la France contemporaine. Du Conseil d'État à la préfecture de police, de la Banque de France aux Conseils généraux, la plupart des institutions que nous connaissons aujourd'hui sont nées entre 1800 et 1804 ; l'Université et la Cour des comptes ne leur sont guère postérieures que de quelques années.

Œuvre remarquable que celle du Consulat, dont le mérite ne revient pas seulement au Premier consul, mais aux exécutants, Cambacérès, Lebrun, Gaudin, Mollien ou Chaptal.

La pacification intérieure

Il importait avant tout de mettre fin aux désordres nés de la Révolution. L'apaisement politique était urgent. Le premier geste spectaculaire fut de déclarer close la liste des émigrés à la date d'installation du nouveau régime. Puis le rythme des radiations de la fameuse liste alla en s'accélérant jusqu'aux mesures d'amnistie qui favorisèrent le retour des intéressés. En contrepartie la garantie des biens nationaux, clé de voûte de la nouvelle société française, fut proclamée. Les proscrits de tous bords étaient invités à rentrer (Carnot, Barère, Barthélemy ; seul Billaud-Varenne refusa).

Le problème le plus douloureux restait celui de la Vendée. Elle s'épuisait. Bonaparte la pacifia avec l'aide d'un curé d'Angers, l'abbé Bernier, en mêlant négociations et manière forte.

Il fallait aller plus loin : si Napoléon semble bien n'avoir eu que d'assez vagues idées religieuses, il était néanmoins doublement convaincu de la nécessité d'un accord avec la religion catholique ; d'une part il ne voulait pas heurter les sentiments de la majorité des Français, d'autre part le catholicisme ne prêchait-il pas la soumission aux lois de l'État ? Le Concordat imposé par le pape à une curie hostile et par le Premier consul à un monde politique anticlérical fut signé le 15 juillet 1801 à Paris par Joseph Bonaparte et le cardinal Consalvi, après plusieurs projets successifs ; il marquait le couronnement de la politique de pacification du Consulat.

Les royalistes s'en accommodèrent difficilement. Ils avaient espéré, au lendemain de Brumaire, que Bonaparte rétablirait la monarchie en faveur de Louis XVIII : espoir déçu. L' attentat de la rue Saint-Nicaise, le 24 décembre 1800, n'est que l'épisode le plus spectaculaire d'une longue suite de complots où les Jacobins, d'ailleurs moins organisés que les royalistes, jouèrent également leur rôle. Promoteur d'une police moderne, Joseph Fouché sut avec habileté dénouer les fils de ces nombreuses conspirations.

Marcel DUNAN : CONSULAT - Encyclopædia Universalis

Le Grand Consulat: 1799-1804

de Thierry Lentz (Auteur)

Le Consulat commence au soir du coup d’État de Brumaire, le 10 novembre 1799, et s’achève le jour de la proclamation du Premier Empire, le 18 mai 1804. Pendant ces quatre années, Bonaparte et son équipe ont accompli une œuvre immense, de la réconciliation nationale à la paix intérieure, des réformes politique, administrative, judiciaire et juridique au rétablissement de la position prépondérante de la France en Europe. De larges pans de cette œuvre de consensus ont résisté au temps. Loin d’être seulement une préface au « moment napoléonien », la période consulaire en constitue probablement l’aspect le plus flamboyant et le moins discuté. Bénéfiques au pays, ces réussites favorisèrent aussi, par étapes ponctuées de crises successives et de petits coups de force, la grande manœuvre finale qui conduisit Napoléon sur le trône impérial.

Éditeur ‏ : ‎ Fayard/Pluriel (22 janvier 2014)
Langue ‏ : ‎ Français
Broché ‏ : ‎ 864 pages
ISBN-10 ‏ : ‎ 2818503949
ISBN-13 ‏ : ‎ 978-2818503942
Poids de l'article ‏ : ‎ 480 g
Dimensions ‏ : ‎ 11 x 4 x 17.8 cm