Convention nationale (21.9.1792 au 23.9.1795)

Une seconde révolution éclate. Le 20 juin 1792 le peuple en armes, fédérés et « sans-culottes » (ainsi appelés en raison de leur pantalon de bure, à rayures, par opposition à la culotte à bas de soie portée par les aristocrates), envahit les Tuileries pour contraindre le roi à lever son veto. Le 1er août, parvient à Paris le texte du manifeste signé par le duc de Brunswick, commandant des troupes coalisées contre la France, au nom de l'empereur d'Autriche et du roi de Prusse. Ce manifeste enjoint les Français, sous peine d'une vengeance exemplaire, de ne pas porter atteinte à la famille royale. La nouvelle précipite l'insurrection, qui éclate le 10 août 1792, marquant le début d'une période particulièrement violente. L'Assemblée nationale législative décide la suspension du roi. Elle convoque les électeurs pour désigner une Convention nationale chargée d'établir une nouvelle constitution et d'assurer, dans l'intervalle, l'exercice de la souveraineté. Un Conseil exécutif provisoire est constitué ; il comprend six ministres, dont Danton, ministre de la Justice.

La Convention nationale est élue en vertu du décret de l'Assemblée nationale législative du 10 août 1792. Elle compte 749 députés élus au suffrage universel direct. La distinction entre citoyen actif et passif a été supprimée, l'âge du droit de vote abaissé à 21 ans. Cependant, le nombre de votants est très faible : sur 7 millions d'électeurs, on estime que 6 300 000 se sont abstenus. La Convention siègera trois ans, du 21 septembre 1792 au 26 octobre 1795. Elle abolit la royauté, dès le 21 septembre, et proclame la République le 22 septembre. Le décret est adopté à l'unanimité des 371 députés présents. Le 25 septembre 1792, un nouveau décret proclame la République « une et indivisible ». Louis XVI est condamné et guillotiné le 21 janvier 1793.

Les députés de la Convention se répartissent en trois groupes principaux : environ 160 Girondins siégent à droite du président ; près de 200 Jacobins ou Cordeliers, qui forment ensemble le parti des Montagnards, siégent à gauche ; et 400 députés du centre, formant ce que l'on appelle la Plaine ou, avec un certain mépris, le Marais. L'antagonisme entre Girondins et Jacobins, déjà très net depuis le 10 août, s'accentue lors des massacres de septembre 1792 ; plus d'un millier de détenus sont tués par les sans-culottes. Après le sursaut de Valmy contre les Prussiens, le 20 septembre 1792, et certains succès militaires, la Convention déclare, par un décret du 19 novembre 1792, « qu'elle accordera fraternité et secours à tous les peuples qui voudront recouvrer la liberté ». La France espère étendre les acquis de la Révolution au-delà des frontières ; Camille Desmoulins appelle à « marcher à l'affranchissement des peuples ».