Le partage de 561 et la dislocation du Regnum Francorum

Fruit des circonstances, ce retour à l'unité ne survit pas à la disparition, en 561, de Clotaire Ier, dont les quatre fils se partagent à leur tour le regnum Francorum ; Charibert (561-567) hérite de Paris et de l'ouest de la Gaule jusqu'aux Pyrénées ; Sigebert Ier (561-575) s'attribue l'ancienne part de Thierry Ier, complétée de ses annexes d'Auvergne et de Provence septentrionale ; Gontran (561-592) obtient l'ancien royaume des Burgondes, accru du Berry, de l'Orléanais et de la Provence méridionale (y compris Arles et Marseille) ; Chilpéric Ier (561-584), enfin, ne reçoit que l'ancien et pauvre pays des Saliens, c'est-à-dire la Gaule septentrionale. La dislocation du regnum Francorum est encore aggravée par la disparition prématurée, en 567, de Charibert, dont l'héritage est morcelé entre chacun de ses trois frères, dont les possessions, désormais, s'enchevêtrent, en particulier en Aquitaine et même dans les futurs territoires normands, dont l'essentiel revient pourtant, ainsi que le Maine et l'Anjou, à Chilpéric Ier.

Le partage en trois lots du Parisis et le maintien dans l'indivision de Paris tentent de conserver la fiction d'un royaume unique. En vain. Les intrigues du palais, les querelles familiales, la constitution d'entités politiques dont le centre de gravité est extérieur au Bassin parisien se matérialisent par le transfert des capitales franques d'Orléans à Chalon-sur-Saône, de Reims à Metz et de Soissons à Tournai. Autour de ces trois villes se constituent progressivement trois entités politiques nouvelles : la Burgondie ou la Bourgogne, formée pour l'essentiel des territoires de l'ancien royaume des Burgondes ; l'Austrasie (Austria, « pays de l'Est », ou « des gens de l'Est », Austrasii), qui naît, avant la fin du vie siècle, de l'ancien royaume de Thierry Ier et qui est fortement germanisée ; la Neustrie (Neuestreich, « empire le plus neuf », donc de l’Ouest, du point de vue des Francs, venus de l’Est), fille tardive du partage de 567.

Soumise à l'autorité militaire et à l'exploitation économique de ces trois royaumes germaniques, l'Aquitaine, restée profondément imprégnée de traditions romaines, s'individualise progressivement dès la fin du vie siècle, avant de tenter de s'émanciper à la fin du viie siècle et au début du viiie siècle, à la faveur de l'affaiblissement de la dynastie mérovingienne, sous la direction de ducs locaux : Félix, Loup, Eudes et Hunaud.

Mérovingiens - LAROUSSE