SAINT LOUIS IX, roi de France (8.11.1226 au 25.8.1270)

Saint Louis

de Jean Richard (Auteur)

Comment un souverain autoritaire et dont les agents avaient la poigne rude est-il devenu la figure la plus vénérée de l'histoire de France, le roi dont Voltaire disait qu'il n'était pas possible de pousser la vertu plus loin que lui?

La sincérité d'une vie assujettie aux impératifs de la morale chrétienne, l'esprit d'équité de celui qui proclamait la supériorité du prud'homme sur le béguin et savait concilier le respect de l'éclat de la monarchie avec l'austérité personnelle et, par-dessus tout, la recherche passionnée de la paix ont donné à Saint Louis un prestige déjà fort peu contesté de son vivant.

Il n'en reste pas moins celui qui organisa le Parlement, qui introduisit une nouvelle conception de la monnaie, qui fit entrer les grands barons dans l'exercice du pouvoir royal.

Cette royauté féodale, mais où le recours aux notions du droit romain donne un physionomie nouvelle aux rapports féodaux, Saint Louis l'a mise au service d'une cause qui était celle de toute l'Europe chrétienne: la croisade. Le souci de la Terre sainte l'a amené non seulement à passer six années de son règne outre-mer, mais à prendre conscience de l'importance des problèmes méditerranéens. Et, dans son désir de donner aux établissements latins d'outre-mer des appuis nouveaux, il a ouvert la voie aux relations avec les Mongols, introduisant ainsi une perspective planétaire dans les conceptions politiques du temps.

Éditeur ‏ : ‎ Fayard (1 janvier 1983)
Langue ‏ : ‎ Français
Broché ‏ : ‎ 650 pages
ISBN-10 ‏ : ‎ 2213011680
ISBN-13 ‏ : ‎ 978-2213011684
Poids de l'article ‏ : ‎ 700 g
Dimensions ‏ : ‎ 13.5 x 3.3 x 21.5 cm

Saint Louis

de Jacques Le Goff (Auteur)

Qui fut Saint Louis ? Peut-on le connaître et, Joinville aidant, entrer dans son intimité ? Peut-on le saisir à travers toutes les couches et les formations de mémoires attachées à construire sa statue et son modèle ? Problème d'autant plus difficile que, la légende rejoignant pour une fois la réalité, l'enfant roi de douze ans semble avoir été dès le départ programmé, si l'on ose dire, pour être ce roi idéal et unique que l'histoire en a fait. Cette étude approfondie ne se veut - c'est ce qui fait sa puissante originalité - ni la "France de Saint Louis" ni "Saint Louis dans son temps", mais bien la recherche, modeste et ambitieuse, tenace et constamment recommencée, de l'homme, de l'individu, de son "moi", dans son mystère et sa complexité. Ce faisant, c'est le pari de fondre dans la même unité savante et passionnée le récit de la vie du roi et l'interrogation qui, pour l'historien, le double, l'habite et l'autorise : comment raconter cette vie, comment parler de Saint Louis, à ce point absorbé par son image qu'affleure la question provocatrice "Saint Louis a-t-il existé ?".

Éditeur ‏ : ‎ Folio (31 décembre 1999)
Langue ‏ : ‎ Français
Broché ‏ : ‎ 1280 pages
ISBN-10 ‏ : ‎ 2070418308
ISBN-13 ‏ : ‎ 978-2070418305
Poids de l'article ‏ : ‎ 631 g
Dimensions ‏ : ‎ 11.2 x 5.5 x 18 cm

LOUIS IX ou SAINT LOUIS (1214-1270) roi de France (1226-1270)

Peu d'hommes ont été aussi bien observés et sont aussi célèbres que Saint Louis, et cependant la personnalité de ce souverain est mal connue. L'homme est complexe, son caractère a beaucoup évolué. Son action est souvent paradoxale, sa réputation ambiguë. Il y a le saint, l'homme dont la foi ardente et la piété parfois excessive déroutent ses contemporains, le roi croisé, l'adversaire implacable des derniers cathares parce qu'ils sont rebelles à la foi et rebelles à leur roi, l'arbitre de l'Europe. Bref, l'une des hautes figures de l'histoire de France telle que l'ont vue Joinville et tant d'autres, et une œuvre spectaculaire qu'a retenue l'imagerie. Mais il y a aussi l'œuvre en profondeur, que les contemporains ont moins nettement perçue et que souligne moins facilement l'anecdote. C'est celle d'un souverain énergique et scrupuleux qui joue dans la construction de la monarchie française un rôle décisif et qui, s'il n'était le vainqueur de Taillebourg et le constructeur de la Sainte-Chapelle, n'en serait pas moins, entre son grand-père Philippe Auguste et son petit-fils Philippe le Bel, l'un des « grands Capétiens », peut-être le plus grand.

L'homme

Né le 25 avril 1214 à Poissy, l'aîné des cinq fils de Louis VIII n'avait que douze ans lors de son avènement, le 8 novembre 1226. La volonté du roi défunt confia à Blanche de Castille l'enfant et le royaume. L'éducation reçue sous la responsabilité de la régente marqua profondément Louis IX : elle alliait les pratiques de piété et les œuvres de charité à un apprentissage très sérieux du métier royal – des lettres à l'art du combat – qui fit du jeune roi le modèle du chevalier chrétien, bon cavalier et vêtu selon son rang, aussi capable de disputer de théologie que de conduire une armée, sachant imposer aux barons sa volonté après avoir lavé les pieds des pauvres. C'est à partir de la croisade qu'une ascèse de plus en plus rigoureuse transforma son aspect, son maintien, sa mise et son mode de vie au point d'ennuyer son entourage et de scandaliser certains de ses sujets qui ne voyaient plus en lui un roi.

Si la reine Blanche exerça jusqu'à sa mort (1252) son influence sur le gouvernement d'un royaume dont elle fut de nouveau régente pendant la croisade, la jeune reine Marguerite de Provence, que Louis IX épousa en mai 1234 et qui lui donna onze enfants, fut pratiquement tenue à l'écart par un époux peu enclin aux effusions familiales et par un roi peu désireux de voir les intérêts de la maison de Provence interférer dans la politique française.

Le roi n'était guère accessible aux avis des barons de son entourage, confidents plus que conseillers. Mais les religieux – dominicains et franciscains – étaient nombreux autour de lui et exercèrent une influence croissante sur son comportement et sur sa politique, cependant que Charles d'Anjou parvenait, à la fin du règne, à mettre au service de ses ambitions une partie des forces du royaume et le prestige du roi son frère.

La politique de Saint Louis est avant tout le reflet d'une certaine morale. N'hésitant pas à recourir à la force, il ne concevait celle-ci que comme l'adjuvant d'une recherche de la paix et de la justice politique dans le respect du droit de chacun et même du droit de ses adversaires. Toute l'action royale était déterminée par des vues eschatologiques, et, si le roi croisé en venait peut-être à douter des bases théologiques de l'idée de croisade, il ne renonçait pas à convertir par les armes l'infidèle et promulguait des ordonnances qui asservissaient les Juifs du royaume et les privaient de leurs moyens d'existence et de leurs possibilités de vie cultuelle. Il faisait parfois passer les intérêts matériels de la couronne après le respect[...]