Roger DUCOS, directeur (16.5 au 9.11.1799) puis consul (10.11 au 13.12.1799)

Pierre, Roger Ducos (1747-1816)


Membre de la Convention, député aux Anciens, membre du Sénat conservateur et pair des Cent-Jours, né à Montfort (Généralité d'Auch, France), le 25 juillet 1747, mort à Ulm (Royaume de Wurtemberg, Allemagne), le 16 mars 1816, il était avocat à Dax au moment de la Révolution : il fut un des rédacteurs des cahiers du tiers état, devint procureur syndic de la commune, président du bureau de conciliation, et président du tribunal criminel du département (1791).

Le 6 septembre 1792, il fut élu membre de la Convention par le département des Landes, le 4e sur 6, avec 225 voix sur 341 votants ; il siégea à la Plaine, et, dans le procès de Louis XVI, répondit au 3e appel nominal :
« Pour la première question, j'ai déclaré Louis coupable de conspiration : j'ai ouvert le Code pénal, il prononce la mort. J'ai vu dans quelques opinions imprimées qu'on le présentait plutôt comme complice que comme auteur des attentats. J'ai encore consulté le Code pénal, j'ai vu la même peine contre les complices. Je vote donc pour la mort. »
Il vota également contre l'appel au peuple.

Envoyé en mission en Belgique, il se prononça au retour contre les Girondins, fut nommé président de la Société des Jacobins (janvier 1794), fut élu secrétaire de la Convention (2 frimaire an II), proposa (17 pluviôse) une addition au décret qui abolit l'esclavage :
« Je fais la motion, dit-il, que tout citoyen français ne puisse pas reconnaître d'esclaves, sur quelque point du globe qu'il ait des propriétés, à peine d'être privé du titre honorable de citoyen français. »

Le 11 ventôse, il fit un rapport sur l'organisation de l'hospice des sourds-muets; fit voter (23 fructidor) un supplément de pension de 300 livres à la veuve de Jean-Jacques Rousseau, ce qui porta sa pension à 1500 livres. Le 25 pluviôse an III, il fut rappelé à l'ordre pour avoir dit : « Il est bien étonnant qu'on parle d'indemnité avec une petite nation comme la Toscane (violents murmures). L'Etat de Toscane ne vaut pas deux de nos départements. » Il fit doubler (25 fructidor) les secours accordés aux Corses réfugiés et parla (8 vendémiaire) en faveur de la réunion de la Belgique à la France. Il demanda (2 brumaire an IV) par un amendement à la loi concernant les parents d'émigrés, que l'article de la commission fût étendu aux beaux-pères, beaux-frères, neveux et alliés au même degré des émigrés ; annonça (3 brumaire) que les comités s'occupaient du sort des conventionnels détenus.

Elu, le 23 vendémiaire an IV, au Conseil des Anciens, comme ex-conventionnel, il fut élu secrétaire du conseil (1er nivôse); vota (18 et 28 nivôse) l'exclusion du Corps législatif d'Aymé et de Ferrand-Vaillant (20 ventôse), celle de Gau et de Doumerc ; fut élu président des Anciens (2 vendémiaire an V) ; présida la fameuse séance du 18 fructidor ; adhéra (22 floréal) à l'invalidation de sa propre élection annulée comme entachée de jacobinisme, tout en mettant ses collègues en garde « contre l'avantage que le royalisme pourrait tirer de la mesure adoptée ».

Il redevint alors président du tribunal criminel des Landes, et c'est là que Barras alla le chercher pour le faire nommer directeur, à la place de Merlin de Douai, lors de la révolution du 30 prairial an VII.

Dans la discussion relative au député Aymé, Roger Ducos avait dit : « J'aime mieux sauver mon pays au préjudice de quelques principes que de le tuer par les principes. » Ce fut sans doute à ce sentiment qu'il obéit, tout Directeur qu'il était encore, en donnant à Bonaparte son concours le plus actif au coup d'Etat de brumaire. Il en fut récompensé dés le lendemain, par le titre de consul provisoire, avec Sieyès et Bonaparte.

A leur première réunion au Luxembourg, Sieyès ayant demandé qui allait présider la séance : « Vous voyez bien que c'est le général qui préside », répondit Roger Ducos.

Le 22 frimaire suivant, il fut nommé membre du Sénat conservateur, qu'il présida par la suite ; il devint aussi titulaire de la sénatorerie d'Amboise.

Membre de la Légion d'honneur (9 vendémiaire an XII), grand officier (25 prairial), grand-croix de l'ordre de la Réunion (1808), comte de l'Empire (28 mai 1808), il signa (1er avril 1814) l'acte constitutif d'un gouvernement provisoire, fut nommé pair des Cent-Jours (2 juin 1815), et, à la seconde Restauration, tomba sous le coup de la loi « d'amnistie » du 12 janvier 1816.

Il quitta la France, fut rayé, le 2 mars suivant, des matricules de l'ordre de la Légion d'honneur, et ne put obtenir la permission de résider ni dans le duché de Bade, ni dans le royaume de Wurtemberg ; en quittant Stuttgard pour se rendre en Autriche, sa voiture versa en descendant une côte aux environs d'Ulm ; la roue lui passa sur le corps, et il mourut quelques instants après.

Biographie extraite du dictionnaire des parlementaires français de 1789 à 1889 (Adolphe Robert et Gaston Cougny)