Raymond POINCARE, président de la République française (18.2.1913 au 18.2.1920)

Raymond Poincaré

de François Roth (Auteur)

En 1880, un jeune Lorrain de Bar-le-Duc s'inscrivait au barreau de Paris avec l'ambition de ses vingt ans : devenir un grand avocat, un écrivain célèbre et peut-être un jour diriger la France. Si la vie publique a contrarié sa vocation littéraire, son métier a modelé à tel point sa personnalité que Poincaré est apparu comme l'exemple achevé de la " République des avocats ".
Son parcours commence dans le sillage de Gambetta, Ferry et autres grands anciens. Ministre à trente-trois ans, il est l'un des espoirs du nouveau régime, mais son ascension marque le pas après l'affaire Dreyfus qu'il aurait pu contribuer à dénouer.
En 1913, à cinquante-deux ans, il devient président du Conseil puis président de la République l'année suivante, fonction qu'il occupera pendant toute la durée de la guerre, prenant une part notable à la victoire. Après son départ de l'Élysée, il réussit un retour unique dans l'histoire politique française : en janvier 1922, il revient une première fois aux affaires pour deux ans ; en juillet 1926, il est appelé au chevet de la monnaie malade, et la confiance qu'il inspire suffit à sauver le franc pour de longues années.
Au-delà des passions contradictoires, des légendes dorées qui l'ont entouré comme de la légende noire qui l'a poursuivi, quel a été le vrai Raymond Poincaré ? Quelle place a-t-il tenue et conserve-t-il dans l'Histoire ? Des documents peu connus ou inédits ainsi qu'un regard neuf porté sur la IIIe République permettent à François Roth de dresser le portrait profondément renouvelé de l'un des grands hommes d'État français du XXe siècle.

Éditeur ‏ : ‎ Fayard (28 novembre 2000)
Langue ‏ : ‎ Français
Broché ‏ : ‎ 716 pages
ISBN-10 ‏ : ‎ 2213608210
ISBN-13 ‏ : ‎ 978-2213608211
Poids de l'article ‏ : ‎ 860 g
Dimensions ‏ : ‎ 13.5 x 3.7 x 21.5 cm

POINCARÉ RAYMOND (1860-1934)


Issu d'un milieu bourgeois et intellectuel, Raymond Poincaré est élu conseiller général, puis député du département de la Meuse en 1887. Au Parlement, il est très rapidement un des hommes dont l'autorité égale la compétence. À trente-six ans, il a été déjà trois fois ministre : aux Finances en 1893 et en 1894, à l'Instruction publique en 1895. Il est ambitieux et sait être prudent. L'affaire Dreyfus divisant l'opinion, il se réserve et attend. La lutte anticléricale divisant les Français (1902-1905), il s'abstient de prendre parti. Avocat célèbre à Paris, on forge autour de lui l'image du patriote lorrain et du politique désintéressé. Il est d'une parfaite honnêteté, son prestige intellectuel est grand. Sincèrement laïque et rationaliste, il est accepté par la gauche ; partisan d'une orthodoxie économique et financière, il est adversaire de l'impôt sur le revenu et plaît aux modérés. Timide et froid a-t-on dit, pourtant il aime convaincre. Dès 1899, on lui avait offert la direction du gouvernement. En 1903, il préférait le Sénat à la Chambre des députés et allait y représenter la Meuse jusqu'en 1913. En 1906, il est élu à l'Académie française. En janvier 1912, Fallières le nomme président du Conseil. Il succède à Caillaux, qui dit de lui : « Il est armé pour exercer le pouvoir [...]. De haute culture, supérieur par le savoir à la plupart des politiques de sa génération, sinon à tous. Formidable puissance de travail... » À la politique pacifique de ce dernier Poincaré oppose une politique de fermeté à l'égard de l'Allemagne et, s'attribuant le portefeuille des Affaires étrangères, resserre les alliances françaises : l'Entente cordiale et l'alliance franco-russe. À l'intérieur, il fait aboutir une réforme électorale complexe comportant le scrutin de liste avec représentation proportionnelle. Homme d'autorité partisan d'un renforcement de l'influence du président de la République, il est élu le 17 janvier 1913 par le Congrès à la succession de Fallières. Barthou lui succède à la présidence du Conseil et Poincaré s'attache à poursuivre sa politique étrangère. Il est un des partisans de la loi sur le service militaire de trois ans. Les élections de 1914 amènent un succès de la gauche. Poincaré choisit Viviani pour la présidence du Conseil. En juillet 1914, au cours d'un voyage en Russie, il apprend que l'Autriche-Hongrie a adressé à la Serbie un ultimatum. Il revient en France, où il est le symbole de l'Union sacrée ; mais c'est son vieil adversaire Clemenceau qui sera le « Père la Victoire ». Impatient de jouer de nouveau un rôle politique, il renonce à solliciter un second mandat présidentiel en 1920. Réélu sénateur de la Meuse, il devient président de la commission des Réparations, dont il démissionnera par intransigeance à l'égard de l'Allemagne. En 1921, président de la commission des Affaires étrangères du Sénat, il provoque la démission de Briand, soupçonné de mollesse lors de la conférence de Cannes sur les réparations de guerre. Il redevient président du Conseil de janvier 1922 à juin 1924 et se présente comme l'homme de « l'exécution intégrale du traité de Versailles ». En janvier 1923, il décide l'occupation de la Ruhr par les troupes françaises, ce qui isole la France sur le plan international. À l'intérieur, la crise financière amène Poincaré à utiliser pour la première fois la procédure des décrets-lois à la place de mesures normalement adoptées par les Chambres. En 1924, le Cartel des gauches lui enlève le pouvoir, mais la question financière lui redonne en 1926 la possibilité de se présenter comme l'homme de l'union nécessaire.

Armel MARIN : RAYMOND POINC
ARÉ (1860-1934) - Encyclopædia Universalis

Raymond Poincaré


Né le 20 août 1860 à Bar-le-Duc (Meuse),
mort le 15 octobre 1934 à Paris.

Député de la Meuse de 1887 à 1903.
Sénateur de la Meuse de 1903 à 1913 et de 1920 à 1934.
Ministre de l'Instruction publique, Beaux-Arts et des Cultes du 4 avril au 3 décembre 1893.
Ministre des Finances du 30 mai au 1er juillet 1894.
Ministre de l'Instruction publique, des Beaux-Arts et des Cultes du 26 janvier au 1er novembre 1895.
Ministre des Finances du 14 mars au 25 octobre 1906.
Président du Conseil et Ministre des Affaires étrangères du 14 janvier 1912 au 21 janvier 1913.
Président de la République de 1913 à 1920.
Président du Conseil et Ministre des Affaires étrangères du 15 janvier 1922 au 29 mars 1924.
Président du Conseil et Ministre des Finances du 23 juillet 1926 au 11 novembre 1928.
Président du Conseil du 11 novembre 1928 au 29 juillet 1929


Raymond Poincaré naquit en 1860 à Bar-le-Duc au sein d'une famille d'excellente bourgeoisie lorraine, féconde en hommes de haute valeur, dont son cousin germain, Henri Poincaré, mathématicien de génie, a contribué avec lui à illustrer le nom.

Antony Poincaré, son père, ancien élève de l'Ecole polytechnique, était ingénieur des Ponts et Chaussées et devint plus tard inspecteur général de l'hydraulique.

Tout enfant le jeune Lorrain fut témoin de la défaite de 1870 et en resta marqué comme ceux de sa génération d'un ardent patriotisme. Excellent élève au lycée de Bar-le-Duc puis à Paris où il passa brillamment son baccalauréat après une année au lycée Louis-le-Grand, il opta par goût de la rigueur mais sans passion pour les études juridiques. A 20 ans il obtenait sans difficulté sa licence de droit et sa licence ès lettres et décidait de se consacrer au barreau de Paris tout en préparant sa thèse. Admis à la conférence des avocats avec le titre de premier secrétaire, il y prononça un éloge de Dufaure très remarqué par ses collègues. C'est à cette époque qu'il fit son apprentissage de juriste rigoureux en étudiant les dossiers de Maître Du Buît, l'un des avocats d'affaires les plus occupés du Palais.. Parallèlement, il rédigeait la chronique judiciaire au « Voltaire ». En 1886 l'occasion se présenta pour Poincaré de suivre certains de ses amis comme Hanotaux ou Millerand sur les chemins hasardeux de la politique. Jules Develles, député de la Meuse et vieil ami de sa famille, alors ministre de l'Agriculture, lui offrit à ses côtés le poste de chef de cabinet, qu'il occupa pendant dix-huit mois, et le fit élire conseiller général de Peyrefitte-sur-l'Ayre dans son département natal.

En 1887, décédait le député de la Meuse Henri Liouville. Le jeune avocat, de tempérament libéral et profondément républicain, présenta sa candidature aux élections sous l'étiquette progressiste, c'est-à-dire gouvernementale. Il fut aisément élu au premier tour le 31 juillet avec 34 984 suffrages contre 1 287 au conservateur, 3 484 au radical et 684 au général Boulanger. L'électorat meusien auquel il avait d'emblée inspiré confiance malgré ses 27 ans devait constamment lui renouveler son mandat jusqu'en 1903, date à laquelle les électeurs sénatoriaux de son département lui ouvraient les portes de la Haute Assemblée.

Dès 1890 Poincaré entrait à la commission du budget de la Chambre. Il s'y acquit une réputation de compétence financière qui le porta en 1893, à l'âge de 33 ans, au poste de rapporteur général. Dès lors et pendant trois ans, il participa activement à l'exercice du pouvoir, titulaire tantôt du portefeuille de l'Instruction publique - cabinet Dupuy, d'avril à décembre 1893 ; cabinet Ribot, de janvier à novembre 1895 - tantôt du portefeuille des Finances - cabinet Dupuy, de mai à juillet 1894. A l'Instruction publique, il créa un doctorat en sciences politiques et prépara un projet de loi sur la personnalité civile et l'autonomie des universités qu'il devait faire voter plus tard comme rapporteur. Aux Finances, il proposa à la Chambre, en même temps que la suppression de l'impôt sur les portes et fenêtres et son remplacement par une taxe proportionnelle, une réforme du régime des successions où apparaissait le principe de progressivité.

En 1896, Poincaré abandonna toute fonction gouvernementale. Il devait se tenir écarté du pouvoir pendant dix années, au cours desquelles, de retour au Palais, il se constitua un cabinet d'avocat. Ses qualités d'orateur et de civiliste lui assurèrent une clientèle de choix dans les milieux littéraires qu'il avait fréquentés lors de ses passages à l'Instruction publique. Avocat conseil de la Société des gens de lettres, il plaida à ce titre l'affaire du testament d'Edmond de Goncourt.

Mais Poincaré n'abandonna pas pour autant ses activités parlementaires : il prononça devant la Chambre qui l'avait élu vice-président en 1895, deux discours restés célèbres : l'un en 1896 contre les projets fiscaux du gouvernement Léon Bourgeois, l'autre en 1898 pour dénoncer les procédés du ministère des Armées, dans l'affaire Dreyfus, et « libérer sa conscience ».

Ce n'est qu'en 1906 qu'il accepta à nouveau un portefeuille, celui des Finances, dans le cabinet radical Sarrien. Entre temps, il était entré au Sénat le 22 février 1903, avec 774 voix sur 908 votants.

Ayant démissionné des Finances à la suite d'un désaccord avec le cabinet sur la réforme fiscale, il passa six nouvelles années à l'écart du pouvoir au cours desquelles il fut élu au conseil de l'Ordre du Palais et entra, en 1909, à l'Académie française.

Le 14 janvier 1912, le président Fallières l'appela pour former le gouvernement. Le cabinet Caillaux venait de tomber sur la ratification du traité franco-allemand signé au terme de la crise d'Agadir que Poincaré était chargé de rapporter devant le Sénat. Avec Briand et Delcassé comme principaux collaborateurs, il suscita un ministère d'union nationale. La priorité fut accordée aux problèmes extérieurs : le président du Conseil qui avait pris les Affaires étrangères, obtint du Parlement la ratification du traité franco-allemand ; il s'efforça de resserrer nos liens diplomatiques avec l'Angleterre et la Russie ; la France put jouer le rôle de médiateur dans le conflit balkanique. A l'intérieur, Poincaré fit voter, malgré l'opposition des radicaux, la réforme électorale tendant à instituer la représentation proportionnelle.

Les succès obtenus par sa politique conduisirent le président du Conseil à présenter sa candidature à la Présidence de la République. Il incarnait alors dans l'opinion la défense de la Patrie et l'autorité du pouvoir exécutif. Il fut élu à la magistrature suprême le 17 janvier 1913 au second tour de scrutin, avec 482 voix. Son principal adversaire, Jules Pams, que lui opposait Clemenceau, en avait obtenu 296. Ce résultat fut accueilli avec enthousiasme par une large fraction de l'opinion.

Raymond Poincaré sut, durant les dures années de son septennat, user des prérogatives que lui conférait la Constitution pour agir à chaque occasion dans le sens de l'intérêt national. Pendant les mois qui précédèrent la première guerre mondiale, il soutint la politique à la fois pacifiste et réaliste des gouvernements Briand, Barthou puis Viviani. C'est ainsi qu'il appuya de son prestige moral le vote de la loi de trois ans, et multiplia personnellement les contacts avec la Grande-Bretagne et la Russie dans le but de consolider les alliances du pays. A la veille du déclenchement des hostilités, il s'était rendu, accompagné du président du Conseil, jusqu'à Saint-Pétersbourg.

A chaque phase nouvelle du conflit, il n'hésita pas à appeler à la direction du pays l'homme que les circonstances exigeaient. C'est ainsi que Clemenceau, son adversaire de toujours, put mener la France à la victoire.

Son mandat expira peu après l'armistice. Poincaré désirait continuer à servir son pays dans les assemblées parlementaires et recouvra son siège de sénateur. Le 17 janvier 1920 les représentants qualifiés de tous les groupes de la Chambre, à l'exception des socialistes unifiés, lui rendirent un solennel hommage en inscrivant son nom parmi ceux des Français qui avaient bien mérité de la Patrie et le Sénat, à l'unanimité, s'associa à cet acte de reconnaissance nationale.

Nommé président de la commission des réparations, il se fit le défenseur de l'exécution stricte du traité de Versailles et ne cessa de réclamer une juste contribution de l'Allemagne au relèvement de la France épuisée économiquement et moralement par la guerre.

Le 15 janvier 1922, Poincaré revenait à la présidence du Conseil à la chute du cabinet Briand, suspecté de manquer de fermeté à l'égard de l'ennemi vaincu. Il prit le ministère des Affaires étrangères et mit toute son énergie à défendre les intérêts du pays. Malgré l'Angleterre et les Etats-Unis, il décida, avec le soutien italien, de faire occuper la Ruhr par les troupes françaises. La résistance passive des allemands finit par céder et les usines du pays furent alimentées par le charbon rhénan. Mais le président du Conseil, respectueux de la légalité, ne voulut pas user de sa position de force et choisit de reprendre les conversations avec les anglo-saxons pour aboutir à un accord sur le problème des réparations. Cette attitude temporisatrice devait susciter des critiques contradictoires ; après la victoire du cartel des gauches aux élections de 1924 Poincaré préféra se retirer.

Le 23 juillet 1926, au paroxysme de la crise financière que les cabinets du cartel n'étaient pas parvenus à contenir, le sage Lorrain apparut comme le seul homme d'Etat susceptible de rétablir la confiance. Il constitua un ministère d'union nationale en s'entourant principalement de Briand aux affaires étrangères, Barthou, André Tardieu et Edouard Herriot. Les radicaux-socialistes devaient quitter le gouvernement le 11 novembre 1928.

S'étant chargé lui-même du portefeuille des Finances, Poincaré entreprit tout d'abord l'assainissement des finances publiques et le redressement de la situation monétaire. Onze milliards d'impôts nouveaux furent votés pour 1927. Une caisse d'amortissement de la dette publique fut créée par une loi constitutionnelle. La situation financière s'étant nettement améliorée en moins de deux ans, grâce au soutien de la Banque de France et sans appel à d'impopulaires emprunts extérieurs, les chambres purent voter la loi monétaire du 25 juin 1928 qui stabilisait le franc au cinquième de la valeur du franc germinal.

La politique sévère de restriction des dépenses publiques menée par le gouvernement avait été l'occasion de procéder à une importante réforme administrative : suppression d'une centaine de sous-préfectures ; réorganisation des conseils de préfecture ; nouvelle répartition des compétences entre le pouvoir central et les pouvoirs locaux dans le sens de la décentralisation.

Il faut ajouter à l'actif du bilan des 4e et 5e cabinets Poincaré une réforme judiciaire (les tribunaux d'arrondissement furent remplacés par des tribunaux départementaux), et une législation sociale non négligeable (loi Loucheur établissant un programme d'habitations à loyer bon marché ; loi du 5 avril 1928 créant un système d'assurances sociales). A l'extérieur, les préoccupations dominantes étaient le désarmement, les réparations, les dettes de guerre envers les alliés, problèmes au sujet desquels Poincaré soutint la politique conciliatrice de son ministre Briand.

Il tentait de convaincre la Chambre de ratifier les accords de Washington et de Londres tendant au règlement des dettes françaises, condition préalable aux conversations sur le Plan Young, lorsqu'il tomba subitement malade le 17 juillet 1929. Il fut contraint d'adresser sa démission au Président de la République, Briand prenant sa succession pour faire aboutir la politique entreprise.

Raymond Poincaré ne put reprendre ses activités politiques. Il eut la consolation d'être élu en juin 1931 au bâtonnat de l'Ordre des avocats de Paris et, l'année suivante, de voir renouveler son mandat sénatorial, quoiqu'il ne fût pas en mesure de siéger à la Haute Assemblée.

Il mourut à Paris le 15 octobre 1934, à l'âge de 74 ans, peu après l'assassinat de son ami Barthou. Le pays, au salut duquel il avait consacré son énergie à tant d'occasions dramatiques, lui fit des funérailles nationales.

Raymond Poincaré avait lui-même choisi pour ses mémoires de guerre un titre significatif : Au service de la France.

Biographie extraite du dictionnaire des parlementaires français de 1889 à 1940 (Jean Jolly)

Raymond Poincaré président de la République


Natif de Bar-le-Duc (Meuse) et cousin germain du mathématicien Henri Poincaré, Raymond Poincaré débute comme avocat dans sa ville natale avant d'entrer en politique. Froid et réfléchi, intègre, il se signale à la Chambre des députés puis au Sénat, au début de la IIIe République, par une sensibilité sociale et un nationalisme ardent.

Succédant à Joseph Caillaux à la présidence du Conseil en janvier 1912, après l'affaire du Maroc, il ambitionne de préparer la « revanche » ou du moins de mettre la France en situation de résister à une agression allemande.

Il accélère le réarmement du pays, ce qui lui vaudra après la Grande Guerre le surnom de « Poincaré-la-guerre », et renforce les alliances avec la Russie et le Royaume-Uni. Il poursuit ses efforts après son élection à la présidence de la République, le 17 janvier 1913.

Poincaré fait voter en juillet 1913 une loi sur le service militaire de 3 ans pour tous (curés compris !). Mais il est désavoué par les électeurs qui amènent à la Chambre une majorité radicale et de gauche. Il se sépare donc de son président du Conseil et ami Louis Barthou et appelle à la tête du gouvernement René Viviani, un leader socialiste et anticlérical mais partisan de la loi de trois ans. Pour apaiser l'électorat populaire de gauche, qui ne veut pas de cette loi, il fait voter une loi sur l'impôt progressif sur le revenu.

Après l'attentat de Sarajevo, Raymond Poincaré, soucieux de préserver à tout prix l'alliance franco-russe, donne au tsar l'assurance de « seconder entièrement, dans l'intérêt de la paix générale, l'action du gouvernement impérial ».

Le 1er août 1914, il lance une formule qui se veut rassurante : « la mobilisation n'est pas la guerre » et le 4 août, une fois les hostilités engagées, plaide pour l'« Union sacrée ». La formule fait florès mais lui-même, d'une apparence glaciale, a du mal à galvaniser les énergies. Il finit en 1917 par appeler au gouvernement son adversaire politique, Georges Clemenceau.

Après la guerre, il retrouve de janvier 1922 à juin 1924 la présidence du Conseil... L'hostilité du nouveau parti communiste lui vaut de devenir le 6 juin 1922& « l'homme qui rit dans les cimetièresnbsp;» à l'issue d'une médiocre infox de L'Humanité.

Dans le souci d'une « exécution intégrale du traité de Versailles », il fait alors occuper la Ruhr pour obliger l'Allemagne à payer ses « réparations ». L'Allemagne entre dans une tourmente financière. La France est également touchée et la valeur de sa monnaie plonge de 50%. Les élections du 11 mai 1924 amènent la victoire du Cartel des Gauches et son renvoi du gouvernement le 1er juin.

Il est rappelé le 23 juillet 1926 pour pallier la catastrophe financière. Il forme un cabinet d'union nationale et le 25 juin 1928, dévalue le franc. Il démissionne pour raison de santé le 26 juillet 1929, en pleine gloire.