PHILIPPE V LE LONG, roi de France (19.11.1316 au 3.1.1322)

Louis X, Philippe V, Charles IV : Les derniers Capétiens


Si les trois fils de Philippe le Bel, qui régnèrent de 1314 à 1328, sont connus grâce aux livres de Maurice Druon et à la série qui en a été tirée - Les Rois maudits -, que savons-nous réellement de la vie et de l'action des derniers Capétiens? La fiction a certes retenu les frasques de leurs épouses dans la tour de Nesle ou la supposée malédiction lancée depuis son bûcher par Jacques de Molay, mais la place de leurs règnes mérite en réalité d'être réévaluée. Pour comprendre la politique de Louis X (1314-1316), Philippe V (1316-1322) et Charles IV (1322-1328), et la dynamique qui entraîne la fin d'une dynastie qui régna sur la France pendant plus de trois siècles, l'auteure s'empare des pièces à la disposition de l'historien. Elle montre alors qu'en parachevant l'oeuvre de leur père, les trois frères ont, chacun avec leur personnalité, posé les fondements de la France des Valois et comptent eux aussi parmi les artisans de la construction de la monarchie française.

Éditeur ‏ : ‎ PASSES COMPOSES; Illustrated édition (25 septembre 2019)
Langue ‏ : ‎ Français
Broché ‏ : ‎ 250 pages
ISBN-10 ‏ : ‎ 2379331618
ISBN-13 ‏ : ‎ 978-2379331619
Poids de l'article ‏ : ‎ 300 g
Dimensions ‏ : ‎ 14.4 x 1.7 x 20 cm

PHILIPPE V LE LONG (1294-1322) roi de France (1316-1322)


Frère de Louis X, deuxième fils de Philippe le Bel et de Jeanne de Navarre, Philippe V prend le pouvoir dans des conditions douteuses. En attendant la naissance de Jean Ier, il se déclare aussitôt régent du royaume et devient roi à la mort de ce dernier. Lettré, il a le sens du pouvoir. Son esprit de décision l'emporte sur les oppositions qu'il rencontre. À l'extérieur, il règle par la paix le problème flamand (paix du 2 juin 1320). À l'intérieur, tout en confirmant les chartes provinciales accordées par son frère, il centralise les institutions pour les rendre plus efficaces. L'Hôtel du roi, le Parlement, la Chambre des comptes sont réorganisés. Au Trésor, à Paris, convergent les recettes. Le roi tente, malgré l'opposition des seigneurs du Midi, d'imposer une monnaie commune dans l'ensemble du royaume. Mais, pour mener à bien sa tâche, il lui faut compter avec les ambitions des grands et l'avis des assemblées d'états. Vingt-quatre grands seigneurs siègent en priorité au Conseil où ils contrôlent la nomination des baillis et des sénéchaux, les donations et les mouvements de fonds. Mais, surtout, aucun progrès de l'État n'est possible sans l'accord des assemblées. Soit générales, soit partielles, celles-ci consentent aux impôts. Bureaucratisation galopante, train de vie accru, hausse vertigineuse des prix : les revenus tirés du domaine royal ne suffisent plus. La crise économique se résorbe lentement. Le pays connaît les révoltes de la misère, celle des pastoureaux, notamment, paysans déracinés et jeunes qui se font tailler en pièces dans une répression violente, comme les juifs et les lépreux qui sont autant de boucs émissaires. Philippe V, plus que ses prédécesseurs, est obligé de demander le consentement de ses sujets pour mettre en place une politique de revenus extraordinaires. Ces procédés, nourris aux idées démocratiques, favorisent le développement de l'opinion publique. Les assemblées d'états se mêlent aussi des affaires essentielles du royaume. Ce sont elles qui, en 1317, déclarent que les femmes ne succèdent pas à la couronne de France. C'est au cours de leurs discussions que naît l'idée de réformer le royaume. Passéiste, leur idéal est celui d'un retour à l'âge d'or du « bon roi Saint Louis ». Ainsi s'amorcent les principales revendications politiques du XIVe siècle. Comme Philippe V meurt en laissant seulement des filles de son mariage avec Jeanne, fille du comte palatin de Bourgogne Otton IV, ces idées trouvent dans une royauté fragile un terrain favorable à leur développement.

— Claude GAUVARD : PHILIPPE V LE LONG (1294-1322) roi de France (1316-1322) - Encyclopædia Universalis