PHILIPPE III LE HARDI, roi de France (25.8.1270 au 5.10.1285)

Philippe III, le hardi

de Gérard Sivery (Auteur)

Long de quinze années, le règne de Philippe III le Hardi a été négligé par les historiens. Probablement son père, Louis IX (Saint Louis), et son fils, Philippe le Bel, lui font-ils tous deux de l'ombre par-delà les siècles... En outre, la personnalité effacée, évanescente d'un roi sachant à peine lire, capable des plus surprenants enfantillages, mais féru de violence et d'exploits militaires donna par la force des choses le pouvoir à son entourage familial et à ses conseillers. Sans les solides réformes administratives et fiscales faites sous Louis IX, la monarchie française aurait pu connaître entre 1270 et 1285 une mutation semblable à celle que la Couronne anglaise avait subie quelques décennies plus tôt : le régime des grandes assemblées mêlant l'aristocratie, les princes territoriaux, les techniciens du droit et de la fiscalité, les évêques et les grands abbés.
Ponctué d'expéditions guerrières calamiteuses - y compris la dernière où il laissa la vie - et de secousses politiques comme l'exécution du favori Pierre de Brosse, ce court règne aux péripéties parfois shakespeariennes est passionnant à suivre, car on y voit l'Histoire hésiter : le renforcement du pouvoir central va-t-il s'arrêter là, l'édifice capétien est-il sur le point de se défaire, ou bien les institutions vont-elles se montrer plus fortes que les individus ? Bien sûr - nous connaissons la suite -, ces quinze années de flottement seront oubliées, mais elles auront enrichi l'expérience politique de la dynastie.
Première biographie de Philippe III depuis plus d'un siècle, cet ouvrage clôt la magnifique galerie des portraits du « siècle de Saint Louis » que l'auteur a mis plus de trente ans à composer.

Éditeur ‏ : ‎ Fayard (5 mars 2003)
Langue ‏ : ‎ Français
Broché ‏ : ‎ 357 pages
ISBN-10 ‏ : ‎ 2213614865
ISBN-13 ‏ : ‎ 978-2213614861
Poids de l'article ‏ : ‎ 620 g
Dimensions ‏ : ‎ 13.5 x 1.9 x 21.5 cm

PHILIPPE III LE HARDI (1245-1285) roi de France (1270-1285)


Fils de Saint Louis et de Marguerite de Provence, Philippe III le Hardi a le malheur de succéder à un roi prestigieux et d'être finalement mal connu. Sa statue à Saint-Denis — image d'un roi vigoureux — ne correspond pas au portrait que tracent ses biographes : pieux, peu lettré, il aurait été le jouet de son entourage. En fait, les progrès de l'État sont tels que le roi a besoin de conseillers d'une autre trempe que ceux dont s'accommodait la royauté patriarcale. Leur activité fait douter du pouvoir réel du roi. Des noms sortent de l'ombre : Mathieu de Vendôme, abbé de Saint-Denis, et surtout Pierre de la Broce, ancien chirurgien et valet de chambre de Louis IX, parvenu au sommet des honneurs et de la fortune par la faveur de Philippe le Hardi. Bientôt, une violente cabale se déchaîne contre le favori ; elle n'hésite pas à utiliser les procédés les plus diffamatoires et parvient à le conduire au gibet (1278). Elle est menée par le cercle aristocratique de la jeune et jolie Marie de Brabant (épouse du roi en 1274 après la mort d'Isabelle d'Aragon), où se fait remarquer Charles d'Anjou, image type du chevalier conquérant. Entre les grands soucieux de conserver leurs privilèges, mais divisés en deux clans — celui de la reine en faveur des Angevins et celui de la reine-mère en faveur des Anglais —, et les avis de prudence des conseillers inquiets des problèmes financiers que pose à la royauté la hausse accélérée des prix et des dépenses, le roi hésite. L'annexion du Midi languedocien à la mort d'Alphonse de Poitiers (1271) se réalise sans grosses difficultés ; seul le comte de Foix résiste. Il cède le comtat Venaissin au pape Grégoire X en 1274 et le roi d'Angleterre reçoit l'Agenais en 1279. Cependant, Charles d'Anjou, le pape Martin IV et les barons consultés entraînent le roi dans la première guerre de conquête hors du royaume : la croisade en Aragon. C'est un échec (Girone, 1285). Philippe III meurt à Perpignan, victime d'une épidémie.

— Claude GAUVARD : PHILIPPE III LE HARDI (1245-1285) roi de France (1270-1285) - Encyclopædia Universalis