PHILIPPE II AUGUSTE, roi de France (18.9.1180 au 14.7.1223 associé au trône depuis le 1.11.1179)

Philippe Auguste et son gouvernement

de John W. Baldwin (Auteur)

On n'a jamais douté du rôle capital du règne de Philippe Auguste (1179-1223) dans le «décollage» du pouvoir royal, et le prestige de ce souverain dans la mémoire collective n'a rien d'usurpé. Mais on s'est longtemps mépris à la fois sur les modalités et sur les étapes de cet essor. Tributaire de sources anglo-normandes plus fournies et plus aisément exploitables que la documentation française, l'historiographie traditionnelle a, en outre, privilégié le facteur militaire. L'incorporation de la Normandie au domaine royal (1204), en procurant au roi un surcroît de ressources et un modèle administratif, aurait permis à elle seule l'éveil de la monarchie française. Dix ans plus tard, la victoire de Bouvines aurait suffi à asseoir la domination capétienne sur l'Occident.Un réexamen attentif des archives connues et la prise en compte de découvertes récentes (certains rôles fiscaux par exemple) permettent d'affirmer que la «décennie décisive» du règne s'ouvre non pas dans les premières années du XIIIe siècle mais aux alentours de 1190 et trouve son accomplissement avec la prise de possession de la Normandie. C'est au cours des années 90 que, avec l'aide d'«hommes nouveaux», le roi gère le Domaine autrement que comme un simple ensemble de seigneuries ; qu'à travers la justice (avec les baillis et les sénéchaux) et les finances (Chambre des comptes) il fait vigoureusement valoir ses droits ; qu'apparaît un authentique budget (dépenses et recettes) ; que son entourage se dote d'outils statistiques, l'auteur y décèle un véritable «esprit de bilan», qui ne sont pas seulement une copie des pratiques anglo-normandes ; qu'enfin se mettent en place les linéaments d'une idéologie royale et d'une culture politique quelque peu libérées de l'emprise des clercs. Un formidable accroissement de ressources et de puissance s'ensuit pour un pouvoir désormais fixé à Paris. La mise au pas de hauts barons peu habitués à voir le roi parler en maître, l'affaiblissement des Plantagenêt, la pénétration dans le Midi sont alors possibles.

Éditeur ‏ : ‎ Fayard (4 juin 1991)
Langue ‏ : ‎ Français
Broché ‏ : ‎ 717 pages
ISBN-10 ‏ : ‎ 2213026602
ISBN-13 ‏ : ‎ 978-2213026602
Poids de l'article ‏ : ‎ 800 g
Dimensions ‏ : ‎ 13.5 x 3.7 x 21.5 cm

Philippe Auguste

de Gérard Sivery (Auteur)

Nouvelle édition de la biographie de l'un de nos plus grands rois - l'un de ceux qui ont fait la France.

Le vainqueur de Bouvines, Philippe Auguste (1165-1223), est l'un de nos rois dont la mémoire collective est le plus imprégnée. Les siècles ont chanté ses louanges, célébrant l'agrandissement considérable du domaine royal, la délivrance de chartes aux communes, le renforcement des institutions royales. Se défiant des clichés que l'Histoire a charriés jusqu'à nous, Gérard Sivéry s'est livré à une enquête rigoureuse pour analyser ce socle de notre histoire nationale. Le règne de Philippe Auguste a incontestablement labouré en profondeur notre pays. Il a semé les germes de l'unité et d'un véritable État qui s'appuyait sur un domaine royal quadruplé. Il est parvenu à se faire respecter par les grands feudataires du royaume, en particulier par le comte de Flandre et par Jean sans Terre, roi d'Angleterre.

Gérard Sivéry souligne bien tout ce que Philippe Auguste a apporté à la construction de la France, mais il montre que cet homme de guerre et d'organisation qui alternait autorité et sournoiserie fut parfois l'instrument d'un clan ou de conseillers qui, tel Guérin, profitaient de ses périodes dépressives. En outre, ses foucades, ses affaires matrimoniales, qui pesèrent tant sur le royaume, et les abus des administrateurs royaux suscitèrent de vives critiques de la part de ses sujets. Ainsi Gérard Sivéry renouvelle-t-il la connaissance de ce roi qui entretient avec le pouvoir des relations quasi amoureuses.

Éditeur ‏ : ‎ Perrin (15 mai 2003)
Langue ‏ : ‎ Français
Broché ‏ : ‎ 432 pages
ISBN-10 ‏ : ‎ 2262020450
ISBN-13 ‏ : ‎ 978-2262020453
Poids de l'article ‏ : ‎ 570 g
Dimensions ‏ : ‎ 14 x 3.6 x 22.6 cm

PHILIPPE II AUGUSTE (1165-1223) roi de France (1180-1223)


Fils de Louis VII et d'Adèle de Champagne, Philippe II Auguste trouve à son avènement un domaine florissant mais restreint, comprenant l'Île-de-France, l'Orléanais et une partie du Berry. Le reste du royaume est partagé en une dizaine de fiefs sur lesquels le roi n'a qu'un droit théorique de suzeraineté, surtout quand il s'agit des provinces de l'Ouest réunies dans la dépendance du roi d'Angleterre Henri II Plantagenêt. Le jeune roi — il a quinze ans — entreprend immédiatement d'accroître son domaine et de tirer parti des rivalités entre les grands.

En avril 1180, il épouse Isabelle de Hainaut qui lui apporte l'Artois en dot. Mais il entre bientôt en conflit avec le comte de Flandre, oncle de sa femme, et une grande coalition féodale est nouée : le roi parvient à la défaire (traité de Boves, 1185), ce qui lui vaut de rattacher à la couronne les comtés d'Amiens, de Montdidier et les châtellenies de Roye et de Thourotte.

La grande entreprise du règne fut l'abaissement des Plantagenêts. Philippe Auguste soutient les fils révoltés (Henri puis Geoffroi) contre leur père Henri II. Un coup de main sur Issoudun lui permet d'imposer sa volonté et d'acquérir une partie du Vermandois tandis qu'il marie sa fille à Jean sans Terre, fils du roi d'Angleterre (traité de Châteauroux, 1187). La lutte n'en continue pas moins jusqu'à la capitulation de Henri II à Azay-le-Rideau le 4 juillet 1189. Richard Cœur de Lion, devenu roi, part pour la croisade avec Philippe Auguste : l'entente n'est que passagère, et le roi de France, rentré précipitamment (1191), intrigue contre son allié devenu le rival de Jean sans Terre et, surtout, du duc d'Autriche qui arrête Richard à son retour et le livre à l'Empereur. La lutte reprend à la libération de Richard (1194) et tournait nettement à l'avantage de Cœur de Lion, quand celui-ci est tué au siège de Châlus en Limousin (1199). Philippe Auguste ne reconnaît à Jean sans Terre le titre de roi que moyennant la cession d'une partie du Vexin normand, du pays d'Évreux et du Berry (traité du Goulet, 1200). En 1202, Jean sans Terre n'ayant pas répondu à une convocation devant la justice royale, ses fiefs sont confisqués et Philippe Auguste entreprend d'exécuter la sentence : la Normandie, le Maine, l'Anjou et le Poitou sont annexés (1204-1208). Un débarquement en Angleterre est préparé, mais une vaste coalition réunissant les comtes de Boulogne, de Flandre, de Hollande, les ducs de Lorraine, de Brabant, de Limbourg, et surtout l'empereur germanique, l'empêche d'aboutir. Le roi de France réussit néanmoins, par la victoire de Bouvines (27 juill. 1214), à défaire la coalition, assurant ainsi sa tranquillité au nord et à l'est, et supprimant tout appui continental à Jean sans Terre qui doit reconnaître de fait les conquêtes de son rival. Celui-ci le menace encore en soutenant son fils, le futur Louis VIII, qui tente en vain de conquérir l'Angleterre (1216-1217).

Le même prince royal Louis intervient ensuite en Aquitaine aux côtés de Simon de Montfort contre le comte de Toulouse et les albigeois ; et Philippe Auguste avait auparavant mis la main sur l'Auvergne (à partir de 1189) et la Champagne (1201 et 1213). À sa mort, il est de loin le plus grand seigneur du royaume et il a réussi à imposer son autorité aux grands feudataires les plus proches.

- Michel SOT : PHILIPPE II AUGUSTE (1165-1223) roi de France (1180-1223) - Encyclopædia Universalis