Paul DESCHANEL, président de la République française (18.2 au 21.9.1920)

Paul Deschanel, le président incompris

de Thierry Billard (Auteur)

De Paul Deschanel, la postérité a retenu un mandat présidentiel de sept mois au lieu de sept ans, écourté par une démission pour problèmes de santé et marqué par des évènements – une chute du train officiel à Montbrison, d'autres incidents – qui l'ont rangé au rayon des Présidents dits " fous ". Une rumeur, colportée depuis lors, à coups de récits amplifiés, erronés, d'anecdotes inventées. Or celui qui a battu Georges Clemenceau dans la course à l'Elysée au lendemain de la Grande guerre mérite mieux que ce portrait caricatural. Penseur du courant progressiste à la fin du XIXe siècle, député d'Eure et Loir, orateur hors pair, figure de la Chambre au point d'en devenir président de 1898 à 1902, puis de 1912 à 1920, l'homme est une figure emblématique de cette IIIe République opportuniste. Alors qu'un film librement adapté de sa présidence comme de ses batailles avec Clemenceau va sortir, au casting impressionnant – Jacques Gamblin, André Dussolier, Anna Mouglalis, Christian Hecq, Astrid Whettnall, Cyril Couton –, il est temps de découvrir qui était vraiment cet homme politique désireux d'abolir la peine de mort, donner le droit de vote aux femmes et leur indépendance aux colonies. La biographie historique écrite par Thierry Billard, riche des archives familiales, le permet.

Éditeur ‏ : ‎ Perrin (31 mars 2022)
Langue ‏ : ‎ Français
Broché ‏ : ‎ 375 pages
ISBN-10 ‏ : ‎ 2262100241
ISBN-13 ‏ : ‎ 978-2262100247
Poids de l'article ‏ : ‎ 460 g
Dimensions ‏ : ‎ 14.3 x 3.1 x 21.3 cm

Paul Deschanel


Né le 13 février 1855 à Schaerbeek,
mort le 28 avril 1922 à Paris.

Député d'Eure-et-Loir de 1885 à 1920.
Président de la République de janvier à septembre 1920.
Sénateur d'Eure-et-Loir de 1921 à 1922.


Né à Schaerbeek (Belgique) en 1855, fils d'Emile Deschanel (1819-1904), député de 1876 à 1881, puis sénateur inamovible de 1885 à 1904, Paul Deschanel fit de brillantes études à Sainte-Barbe, puis à Condorcet, et se fit recevoir licencié ès lettres en 1872 et licencié en droit en 1875.

Secrétaire (1876) d'Émile de Marcère ministre de l'Intérieur, puis (1876-1877) de Jules Simon, président du Conseil, il fut nommé, en décembre 1877, sous-préfet de Dreux. Secrétaire général de Seine-et-Marne (4 mai 1879), sous-préfet de Brest (3 décembre suivant), puis de Meaux (4 avril 1881), il donna sa démission pour se présenter aux élections générales du 21 août 1881 dans l'arrondissement de Dreux, où il obtint 7 469 voix, contre 8 684 au député radical sortant, Louis Gatineau, réélu.

Porté, aux élections générales du 4 octobre 1885, sur la liste républicaine modérée d'Eure-et-Loir, il fut élu, au 2e tour de scrutin (18 octobre), le 3e sur 4, par 37 605 voix sur 63 940 votants et 81 439 inscrits. Paul Deschanel débuta à la tribune, le 28 juin 1886, en défendant, dans l'intérêt de l'agriculture nationale, la taxe sur les céréales ; ce fut un début oratoire des plus éclatants, auquel la Chambre entière et la presse de toute opinion applaudit avec une rare unanimité. Il traita le même sujet le 17 février 1887, avec un nouveau succès : la surtaxe fut votée par 312 voix contre 133. Le 29 février 1888, il aborda la politique extérieure, et fit, à propos du budget des affaires étrangères, une éloquente apologie du protectorat exercé par la France sur les catholiques d'Orient. Après ce discours, le sultan envoya au jeune député les insignes de grand-croix du Medjidié et de grand officier de l'Osmanié. Le 29 octobre 1888, dans la discussion du budget de la marine, il critiqua, dans un discours très remarqué, la situation de notre matériel naval, l'insuffisance de notre flotte de combat surtout au point de vue de la vitesse, et les abus invétérés de l'administration de la marine.

Paul Deschanel qui a voté, en juin 1886, contre l'expulsion des princes, s'est prononcé, à la fin de la législature :
- pour le rétablissement du scrutin uninominal,
- pour l'ajournement indéfini de la révision de la constitution,
- pour les poursuites contre trois députés membres de la Ligue des patriotes,
- pour le projet de loi Lisbonne restrictif de la liberté illimitée de la presse,
- pour les poursuites contre le général Boulanger.

Outre de nombreux articles au Journal Officiel, à la Revue politique et littéraire, au Journal des Débats, où il écrit à partir de 1877, on a de lui :
- La Question du Tonkin (1883) ;
- La Politique Française en Océanie (1884) ;
- Les Intérêts français dans l'Océan pacifique (1887) ;
- Orateurs et hommes d'Etat (1888) ;
- Figures de femmes (1889) ;
- Figures littéraires (1889) : ouvrages couronnés tour à tour par la Société de géographie commerciale et par l'Académie française.

Biographie extraite du 
dictionnaire des parlementaires français de 1789 à 1889 
(Adolphe Robert et Gaston Cougny)

Le 22 septembre 1889, le scrutin de liste avait fait place au scrutin uninominal ; Paul Deschanel se présenta dans l'arrondissement de Nogent-le-Rotrou. Il fut réélu au premier tour, sans concurrent, par 6 458 voix sur 7 650 votants. Le 20 mai 1890, il prononça un discours en faveur de la liberté de la presse et le 9 mai 1891, au cours de la discussion du tarif général des douanes, il fit un exposé de la politique économique de la France. Lors de la discussion générale du projet de budget, il proposa un ensemble de réformes pour hâter l'unification budgétaire.

Le 20 août 1893, il fut réélu au premier tour de scrutin, sans concurrent, par 6 661 voix sur 7 486 votants. En novembre 1893, au cours de l'interpellation de Jaurès et Millerand sur la politique générale, il dénonça « ce faux point d'honneur qui mène à toutes les faiblesses et à toutes les capitulations : la peur de ne pas paraître assez avancé ».

Le 25 juillet 1894, il prit une part importante dans la discussion du projet de loi sur les menées anarchistes ; à la suite de cette discussion, il eut un duel avec Clemenceau. En novembre 1894, au cours d'une interpellation de M. Jules Guesde, il faisait le procès du collectivisme. En janvier 1896, il était élu vice-président de la Chambre des députés. En juin, il intervenait dans le débat sur le projet de loi relatif au travail des femmes et des enfants. En mars 1897, dans un banquet que lui offraient ses électeurs, il prononçait un grand discours montrant que les circonstances nécessitaient une modification profonde dans le reclassement des partis. Il entreprit ensuite dans le pays une campagne de conférences où il défendit le programme des « Républicains sans épithète ». De même, il combattit le socialisme révolutionnaire à Carmaux et à Roubaix. Le 10 juillet, la Chambre votait l'affichage de son intervention sur l'interpellation de Jaurès au sujet de la crise agricole. Après le vote de la loi du 1er avril 1898 sur la mutualité - dont il fut l'apôtre dévoué et infatigable - au cours de nombreuses conférences, il montra l'avenir de cette évolution sociale.

En 1898, Paul Deschanel était vice-président du conseil général d'Eure-et-Loir, vice-président du conseil supérieur des colonies, membre du conseil supérieur de l'agriculture, membre de la Commission extraparlementaire de la marine, de la Commission extraparlementaire de décentralisation, de la Commission des archives diplomatiques au Ministère des Affaires étrangères.

Le 8 mai 1898, il fut réélu député de l'arrondissement de Nogent-le-Rotrou, au premier tour de scrutin, par 6 682 voix sur 7 992 votants, sans concurrent. Le 9 juin, il fut élu président de la Chambre des Députés par 287 suffrages contre 277 à M. Henri Brisson, poste où la confiance de ses collègues le maintint pendant toute la durée de la législature.

En 1901, il épousa Germaine Brice, fille du député René Brice, petite-fille de Camille Doucet, secrétaire perpétuel de l'Académie française, dont il eut trois enfants, une fille et deux fils.

Le 27 avril 1902, Paul Deschanel fut réélu député par 7 854 voix, sans concurrent, sur 8 764 votants et prit une part des plus importantes aux débats de politique extérieure. Il prononça notamment deux discours retentissants : le 3 novembre 1902, à l'occasion de la discussion de l'accord franco-anglais, et le 19 avril 1905, à propos des incidents du Maroc avec l'Allemagne. La situation intérieure ne le laissait pas indifférent : le 19 janvier 1903, il recommandait une politique réformatrice, également éloignée de la révolution et de la réaction, et, le 27 novembre 1905, il intervenait dans le débat sur la propagande antipatriotique. Le 15 décembre, en réponse à Jaurès sur le patriotisme et l'internationalisme, il prononçait en faveur du devoir militaire un discours dont la Chambre votait l'affichage. Le 15 juin 1905, il avait été élu président de la Commission des affaires extérieures, des protectorats et des colonies, en remplacement de M. Eugène Etienne, devenu Ministre. Pendant cette même législature, le 21 octobre 1903, le 23 mars et le 3 juillet 1905, il se prononça sur la séparation des églises et de l'Etat, qu'il souhaitait la plus libérale possible.

Le 6 mai 1906, il fut réélu député par 6 770 voix sur 8 821 votants. Dès le 21 de ce même mois, il répondait encore à Jaurès qui avait critiqué sévèrement le système social ; il combattait le collectivisme et disait : « Entre l'individualisme économique et la doctrine collectiviste, il y a place pour une autre doctrine qui, sans bouleverser l'ordre social actuel, veut en atténuer les inégalités et les injustices, établir un lien entre les faibles et les forts et faire intervenir l'Etat pour la protection des faibles... Oui, à un monde nouveau, il faut une organisation nouvelle et un droit nouveau. » il concluait : « Tout ce qui sera donné aux réformes sera ôté à la révolution. » Le 8 mai 1907, interpellant le Gouvernement sur sa politique générale, il s'opposait au syndicalisme révolutionnaire.

Le 24 avril 1910, il fut réélu par 6 276 voix contre 2 553 au docteur Poupon, sur 9 286 votants. Le 21 juin, il interpellait le Gouvernement et se prononçait contre l'augmentation de la durée du mandat législatif et contre le renouvellement partiel de la Chambre. En décembre 1911, il demandait, au nom de la Commission des affaires extérieures, le vote du traité conclu le 4 novembre entre la France et l'Allemagne au sujet du Maroc et du Congo.

Le 23 mai 1912, Paul Deschanel fut réélu président de la Chambre en remplacement de M. Henri Brisson, décédé, et il fut réélu en 1913 et en 1914 avec des majorités croissantes.

Le 26 avril 1914, réélu député par 7 406 voix sur 8 083 votants, il fut de nouveau appelé au fauteuil présidentiel qu'il occupa durant toute la législature. Tant à la tribune de la Chambre des Députés que dans les grandes manifestations nationales, il glorifia la mémoire des morts de la guerre, rendit hommage aux combattants et soutint l'union sacrée, dont il s'était montré le partisan déterminé dès la déclaration de guerre.

Aux élections législatives du 16 novembre 1919 au scrutin de liste, il fut réélu à la majorité absolue avec 43 468 voix sur 53 283 votants. Le 13 janvier 1920, la nouvelle Chambre, par 445 voix sur 455 votants l'appelait à sa présidence.

Le 17 février 1920, le Congrès se réunissait à Versailles pour élire un nouveau Président de la République en remplacement de Raymond Poincaré. La veille, les parlementaires, en réunion plénière, avaient désigné Paul Deschanel pour candidat par 408 voix ; Clemenceau, qui n'avait pas posé sa candidature, en obtenait 389. Clemenceau confirmait aussitôt qu'il n'était pas candidat et, le 17, Paul Deschanel était élu Président de la République avec 734 voix, chiffre de suffrages que n'avait atteint aucun de ses prédécesseurs. Le 18 février, il prenait possession de ses nouvelles fonctions et, le lendemain, il adressait un message aux Chambres, conservant le Ministère tel qu'il était constitué avec Alexandre Millerand comme président du Conseil. Sa première visite présidentielle fut pour le cimetière de Bagneux où il déposa une palme au pied du monument élevé aux morts de la guerre ; puis il se rendit à l'hôpital militaire du Val-de-Grâce où des blessés de guerre étaient en traitement ; ses premières réceptions furent données en l'honneur des héros de la grande guerre. Fidèle à son constant souci de mettre la justice au-dessus de tout, Paul Deschanel voulut célébrer le retour de l'Alsace et de la Lorraine à la France dans la ville même où les députés alsaciens et lorrains avaient protesté contre leur séparation brutale de la mère patrie ; c'est donc à Bordeaux qu'il fit son premier voyage, le 1er mars.

Le 24 mai, Paul Deschanel quittait Paris dans la soirée pour se rendre à Montbrison, où il allait inaugurer le monument élevé au Docteur Emile Raymond, sénateur de la Loire, aviateur, mort au champ d'honneur le 21 octobre 1914.

Au moment où le train présidentiel entrait en gare de Roanne, on apprenait que M. Deschanel était tombé sur la voie aux environs de Montargis. Le soir même, la Présidence de la République publiait le communiqué suivant : «... M. le Président se coucha vers dix heures après avoir fermé la fenêtre de son wagon pour éviter un refroidissement. Quelques instants après le passage du train présidentiel à Montargis, M. Deschanel se sentit incommodé par la chaleur, se leva et alla à l'une des fenêtres qu'il ouvrit pour prendre l'air. Saisi par l'air vif de la nuit, il bascula par la fenêtre très large du wagon et tomba sur la voie. Le bonheur voulut qu'à ce moment le train allât à une allure modérée et que le ballast fût, à cette place, très sablonneux. Le Président qui n'avait aucunement perdu connaissance put se relever et gagner le poste le plus proche de garde-barrière. Le sous-préfet de Montargis arrivait peu après avec une automobile et amenait le Président à la sous-préfecture. M. Deschanel n'a que quelques contusions sans gravité et il a tenu à téléphoner lui-même à l'Elysée pour rassurer les siens... ».

D'après le docteur Logre qui soigna le Président de la République, Deschanel fut victime de ce que l'éminent psychiatre appelle le syndrome d'Elpenor, par allusion à la tragique aventure d'un compagnon d'Ulysse, que raconte Homère au Livre X de l'Odyssée.

Sur les instances réitérées des médecins qui le soignaient, Paul Deschanel dut se retirer à la campagne afin de se remettre de la commotion qu'il avait reçue, mais la cure de tranquillité n'ayant pas donné les résultats attendus - et bien qu'il n'eût cessé de se tenir au courant des affaires de sa fonction - il dut remettre à M. Millerand le 16 septembre, au cours d'une visite que celui-ci lui avait rendue à Rambouillet, un message aux Chambres qu'il informait de sa détermination de se démettre. Le 23 septembre, le Congrès se réunissait à Versailles et M. Millerand était élu Président de la République avec 695 voix.

Paul Deschanel pensa trouver la guérison dans le Midi, mais son état s'étant aggravé, il dut être transporté dans une maison de santé à Rueil, d'où il sortait le 31 décembre pour se rendre à Chartres, à une réunion des délégués sénatoriaux d'Eure-et-Loir, les instances de ses amis l'ayant décidé à se présenter aux élections sénatoriales du 9 janvier 1921. Son nom figura sur la liste d'Union républicaine et il fut élu au premier tour avec 360 voix sur 715 votants. A la première séance du Sénat, il reçut de ses collègues un accueil chaleureux. Il ne prit qu'une faible part aux travaux de la Haute Assemblée, mais il n'avait pas renoncé, cependant, à l'action parlementaire et se proposait de développer une interpellation sur la politique extérieure du Gouvernement, interpellation dont la discussion avait été fixée à la rentrée de Pâques.

Le 28 avril 1922, Paul Deschanel devait subir une intervention chirurgicale pratiquée par les professeurs Besançon et Lecène et, resté dans le coma, il décédait dans l'après-midi, à l'âge de 66 ans. M. Millerand, Président de la République, envoyait aussitôt ses condoléances à sa veuve : « La France et la République conserveront avec piété la mémoire de l'ardent patriote, du ferme républicain qui leur avait voué sa vie. Profondément respectueux de toutes les convictions, il fut, au fauteuil de la présidence de la Chambre, l'arbitre impartial des luttes parlementaires. Tous les partis s'inclinaient devant son autorité et devant son admirable talent qui fit de lui, au cours de la grande guerre, dans toutes les circonstances où la représentation nationale eut à se faire entendre, la voix même de la patrie. »

À l'ouverture de la première séance de la Chambre des Députés du 23 mai 1922, Raoul Péret, son président, prononçant l'éloge funèbre du disparu, déclarait : « Paul Deschanel incarnait avec une rare perfection les vertus maîtresses de la race ; il fut une des grandes voix de la Patrie ; il sut exalter en termes inoubliables l'héroïsme du noble peuple dont il a été l'un des plus illustres représentants. Hélas ! il s'est endormi sur un rêve inachevé, frappé par un destin tragique... Chacun de nous évoque ici sa belle figure, songeant à l'éclat, à l'autorité incomparable avec lesquels Paul Deschanel occupa durant douze années le fauteuil de la présidence, à l'action bienfaisante qu'il exerça sur les destinées du pays, à sa fine culture, à toutes les fortes et si séduisantes qualités de son cœur et de son esprit... » Raymond Poincaré, président du conseil, s'associa à cet hommage : « Parlementaire accompli, orateur magnifique, fervent patriote M. le président Paul Deschanel a été durant toute sa vie le fidèle défenseur de la République et des institutions libres. La France gardera le pieux souvenir d'un homme qui l'a passionnément aimée et toujours noblement servie. » La Chambre des Députés leva ensuite sa séance en signe de deuil.

Paul Deschanel a beaucoup écrit, essentiellement sur des sujets d'histoire, de critique littéraire et de politique intérieure et extérieure et il a collaboré à de nombreux journaux et revues.

Il a publié :
- La question du Tonkin (1883) ;
- La politique Française en Océanie (1884) ;
- Les Intérêts Français dans l'Océan Pacifique (1887) ;
- Orateurs et hommes d'Etat (1888) ;
- Figures Littéraires (1888) ;
- Figures de Femmes (1889) ;
- Questions actuelles (1891) ;
- La République nouvelle (1898) ;
- La Question sociale (1898) ;
- Questions de la Présidence (1902) ;
- Politique intérieure et étrangère (1906) ;
- A l'Institut (1907) ;
- Hors des Frontières (1910) ;
- L'organisation de la démocratie (1910) ;
- Paroles françaises (1911) ;
- et Gambetta (1920).

Il avait été élu le 18 mai 1899 membre de l'Académie française, où il avait succédé au journaliste Edouard Hervé, directeur du Soleil ; il s'y montra fort assidu, même pendant sa présidence, ainsi d'ailleurs qu'à l'Académie des Sciences morales et politiques, dont il avait été élu membre le 14 mars 1914.

De 1905 à 1922, il présida le Collège libre des sciences sociales fondé par Th. Funck-Brentano.

Biographie extraite du dictionnaire des parlementaires français de 1889 à 1940 (Jean Jolly)

Paul Deschanel président de la République

Le 17 janvier 1920, les parlementaires français se montrent avant tout soucieux de barrer la route de l'Élysée à Georges Clemenceau (79 ans) auquel ils reprochent moins son âge que sa supposée modération à l'égard de l'Allemagne lors des négociations du traité de Versailles !... Ils élisent donc à la présidence de la République son concurrent Paul Deschanel (66 ans) qui succède ainsi à Raymond Poincaré.

Surmené, celui-ci montre des signes de fatigue. Sous l'emprise de médicaments ou d'une crise de somnabulisme, il descend d'un train en marche, en pleine nuit et en pyjama. La garde-barrière à laquelle il s'adresse voit de suite qu'il s'agit de quelqu'un d'important car il a les pieds propres ! Contraint de démissionner au bout de neuf mois, Paul Deschanel recouvre la santé après un séjour en maison de repos et poursuit une carrière de sénateur... Clemenceau persifle : « Ils craignaient un gâteux, ils l'ont eu quand même ! » cependant qu'Alexandre Millerand lui succède.