NAPOLÉON II
NAPOLÉON II (1811-1832) duc de Reichstadt, roi de Rome
La vie et la personnalité de Napoléon II, duc de Reichstadt, l'« Aiglon », fils de Napoléon, roi de Rome, prince de Parme, ont été tout à la fois obscurcies et embellies par la légende. Barthélemy et Méry créent en effet, sous la Restauration, un mythe bonapartiste : François Joseph Napoléon est « le fils de l'Homme » (c'est aussi le titre de leur ouvrage paru en 1829), tenu volontairement par son entourage autrichien dans l'ignorance de la gloire passée de son père. Pour Victor Hugo et les romantiques, il devient la victime d'un destin implacable : « Tous deux sont morts. — Seigneur, votre droite est terrible. » Après 1870 et la perte de l'Alsace-Lorraine, alors que s'impose l'idée de la revanche contre l'Allemagne, Edmond Rostand s'empare du personnage. Il en fait un captif de Metternich comme sont captives les provinces perdues. L'Aiglon est avant tout une exaltation des sentiments germanophobes que la tirade de Metternich devant le chapeau du vainqueur d'Iéna et de Wagram vise à exacerber.
Et Napoléon II ? Il a fallu attendre 1957 pour qu'un ensemble exceptionnel de documents concernant Marie-Louise soit retrouvé, dont 119 lettres du duc de Reichstadt à sa mère et 870 missives de son gouverneur, le comte Moritz von Dietrichstein. Alors se précise le vrai visage du fils de Napoléon. Né le 20 mars 1811, au moment où se dessinent les premiers craquements de l'Empire (malaise religieux, crise économique, guerre d'Espagne), le roi de Rome retient si peu l'attention qu'on l'oublie au moment de l'affaire Malet. Napoléon a échoué dans son effort pour créer « la quatrième dynastie ». En 1814, Napoléon abdique une première fois en faveur de son fils, puis sans conditions. Marie-Louise et le roi de Rome, retenus en Autriche depuis la chute de l'Empire, ne le rejoindront pas au retour de l'île d'Elbe. L'abdication de l'Empereur en faveur de Napoléon II, le 22 juin 1815, est sans effet. Dès lors commence le deuxième acte de la vie de l'Aiglon. Éducation à l'autrichienne, mais nullement, comme le montrent les lettres retrouvées, la cage dorée imaginée par certains historiens. À Schönbrunn, il a pour précepteur Dietrichstein. Loin de sa mère, alors à Parme avec Neipperg, il ne peut compter que sur l'affection de son grand-père, le vaincu d'Austerlitz, l'empereur François. Il grandit, découvre l'histoire de son père, mène quelques intrigues amoureuses. Son nom est acclamé dans plusieurs pays, dont la France, lors des révolutions de 1830, mais il ne sera pas même roi des Belges ou de Pologne : Metternich et son conseiller Gentz veillent. Son élévation eût remis en cause les principes de la Sainte-Alliance. Il sera simple lieutenant-colonel d'un régiment d'infanterie à Brünn. Ayant pris froid au cours d'une parade, il meurt quelques mois plus tard, le 22 juillet 1832. Napoléon III demanda vainement le retour de ses cendres en France. C'est Hitler qui devait les restituer en décembre 1940 comme gage de la collaboration franco-allemande. Jusqu'au bout, le destin se sera acharné sur l'infortuné fils de Napoléon Ier.
NAPOLEON II (1811-1832), roi de Rome, empereur des Français
Napoléon François Charles Joseph (1811-1832), roi de Rome, empereur des Français, prince de Parme, duc de Reichstadt.
Le 20 mars 1811, cent un coups de canons annoncent aux Parisiens naissance tant attendue du fils de l'empereur, au Palais des Tuileries. Constitutionnellement paré du titre de « Prince impérial », il reçoit en outre celui de « roi de Rome ».
Un héritier pour l’Empire
Fils unique de Napoléon et de Marie-Louise, le Roi de Rome voit le jour à 9h20, après un long et difficile accouchement, dans la chambre de l'Impératrice aux Tuileries. Il pèse neuf livres (4 kg) et mesure vingt pouces (50,8 cm). Le jour même, l'enfant est ondoyé par le cardinal Fesch, assisté par le grand-aumônier Rohan, en attendant le baptême solennel. Il reçoit pour prénoms : Napoléon François Charles Joseph.
Le baptême est célébré le 9 juin 1811 en la cathédrale Notre-Dame de Paris et reprend le cérémonial utilisé pour le baptême du fils ainé de Louis XVI, dauphin de France. Dans un rapport à Metternich, Schwartzenberg raconte: « La cérémonie du baptême fut belle et imposante ; la scène où l'Empereur prit l'enfant des bras de son auguste mère et le leva deux fois pour le montrer au public [bousculant ainsi, comme il l'avait fait lors du sacre, le protocole], fut vivement applaudie ; les gestes et le visage du monarque exprimaient toute la satisfaction qu'il trouva dans ce moment solennel. » Une semaine de réjouissances s'en suit, et l'Empereur ordonne que des Te deum soient chantés dans tout l'Empire.
C'est à Madame de Montesquiou, une descendante de Louvois et l'épouse du Grand Chambellan de France, nommée gouvernante des Enfants de France, que l'éducation du Roi de Rome est confiée. Très affectueuse et fort intelligente, sa gouvernante constituera notamment une importante collection d'ouvrages destinée à donner à l'enfant une instruction religieuse, philosophique ou encore militaire très solide.
L’éphémère Napoléon II
1814. Après la campagne de France et la prise de Paris, l'empereur abdique le 4 avril en faveur de son fils. Le Roi de Rome devient à 3 ans, et ce pour quelques jours, empereur des Français sous le nom de Napoléon II. Cependant, deux jours plus tard, le 6 avril 1814, son père rédige un acte d'abdication pour lui et ses descendants. Le traité de Fontainebleau du 11 avril 1814 lui octroie le titre de Prince de Parme — sa mère devenant Duchesse de Parme. Un an plus tard, le retour de son père en France— les Cent-Jours— redonne au Roi de Rome son titre de Prince Impérial, mais la défaite de Waterloo contraint Napoléon Ier à abdiquer de nouveau en sa faveur. Le gouvernement provisoire de Fouché fera comme si de rien n'était et les chambres refuseront de le proclamer. Quoiqu'il en soit, il restera pour l'histoire celui qui a « régné » 20 jours, du 22 juin au 7 juillet 1815.
Un prince en exil
Vivant à Vienne depuis le mois d'avril 1814, le Roi de Rome est confié à son grand-père l'empereur d'Autriche François Ier qui marque une grande affection pour lui. En 1818, il est titré duc de Reichstadt, du nom d'une terre de Bohème. Il est considéré dès lors comme un prince autrichien. Durant son adolescence, celui que l'on appelle désormais François (Frantz), est très proche de sa tante l'archiduchesse Sophie, et mère du futur François-Joseph Ier. En 1822, l'empereur François Ier le nomme Caporal, puis capitaine six ans plus tard. Cependant, même si le jeune duc de Reichstadt vit à Vienne, il n'en reste pas moins l'héritier du trône impérial français pour les Bonapartistes, et notamment après la mort de son père à Sainte-Hélène en 1821. A partir de ce moment, le fils de Napoléon devient autant un objet de peurs que de fascination pour la plupart des monarchies européennes et des souverains français qui craignent son retour en France.
Cependant, en 1832, âgé seulement de 21 ans, le fils de Napoléon Ier tombe gravement malade. Les médecins diagnostiquent une tuberculose. Il meurt le 22 juillet au palais de Schönbrunn,, sans alliance ni postérité.
Pour la postérité
En 1900, l'écrivain Edmond Rostand lui rend hommage en en faisant le personnage principal d'une pièce de théâtre intitulée L'Aiglon. C'est sous cette dénomination que la postérité a retenu le passage météorique sur terre de ce jeune homme qui disait lui-même : « Ma naissance et ma mort, voilà toute mon histoire ».
Inhumé dans la crypte des capucins, nécropole de Habsbourg, Napoléon II connaît lui aussi son « retour des Cendres », mais moins glorieux que celui de son père. C'est en effet Hitler qui, en 1940, restitue son corps à la France. L'Aiglon entre à son tour aux Invalides, lui aussi un 15 décembre.
Mars 2011, Fondation Napoléon
Cette biographie fait partie de notre dossier thématique consacré à la naissance du Roi de Rome (20 mars 1811)
Napoléon II
de Jean Tulard (Auteur)
A elle seule, l'énumération des noms successivement attribués au fils de Napoléon durant sa courte existence _ vingt et une années _ suggère le destin contrarié qui fut le sien: son père le voulut Roi de Rome (1811-1814); pendant quelques jours en 1815, il fut nominativement Napoléon II empereur des Français, mais les puissances européennes en firent un prince de Parme (1816); pour finir, son grand-père maternel, François II d'Autriche, lui donna le titre de duc de Reichstadt, du nom d'une petite bourgade de Bohême...
Il serait excessif de dire qu'après l'abdication du Grand Empereur, Marie-Louise, sa mère, s'occupa de lui, et, à deux reprises (1815 et 1830), le " fils de l'Aigle " _ l'Aiglon de Rostand _ se vit préférer, pour régner sur la France, des rejetons de l'ancienne dynastie... Ultime grimace du Destin: ses cendres revinrent à Paris le 15 décembre 1940, restituées par l'Allemagne nazie qui croyait ainsi se gagner la faveur des vaincus...
Bien qu'il n'y ait jamais un seul instant prêté la main, le duc de Reichstadt _ élevé à Vienne comme un prince allemand sous la férule de l'empereur François _ fut pourtant la cible de tous les regards, de toutes les craintes et de tous les espoirs: en France, mais aussi ailleurs, on redoutait ou on rêvait, selon que l'on approuvait ou non l'ordre de la Sainte-Alliance, de le voir se faire le porte-drapeau des idées nouvelles. Plus étonnant encore, c'est après sa mort (1832) qu'il se montra le plus dangereux: son nom devint un véritable mythe qui se conjugua avec la légende délibérément forgée par le Grand Empereur depuis son rocher de l'Atlantique sud. Aux poètes et dramaturges qui s'étaient emparés dès les années 1820 de l'histoire romantique d'un jeune homme à la santé chancelante, répond en écho toute une littérature (qui trouvera son accomplissement avec le drame composé par Rostand en 1900) frémissant d'émotion pour ce destin brisé.
Rarement, dans les temps modernes, un mythe politique aura connu une telle fortune et une telle force. L'évocation de sa genèse et des raisons de son succès importe à l'historien autant que le récit minutieux d'une vie brève et sans événements saillants...
Éditeur : Fayard (9 septembre 1992)
Langue : Français
Broché : 272 pages
ISBN-10 : 2213029660
ISBN-13 : 978-2213029665
Poids de l'article : 300 g
Dimensions : 13.5 x 1.4 x 21.5 cm
*
Napoléon II (1811 - 1832), L'« Aiglon », tragédie romantique
Le nourrisson reçoit le titre symbolique de roi de Rome en souvenir d'une tradition familiale chez les empereurs germaniques ! Sa naissance comble de bonheur Napoléon, qui y voit l'espoir de consolider sa dynastie avec un héritier légitime, qui plus est lié à l'une des plus vieilles familles régnantes d'Europe, les Habsbourg d'Autriche.
Napoléon II (1811 - 1832) - L'« Aiglon », tragédie romantique - Herodote.net
*
Biographies
Pour tout savoir sur des personnalités du monde de la politique, de la guerre, des arts, de la science, de la banque ou des affaires qui ont fait l'histoire du Premier et du Second Empire...
Par initiale
Par type de biographie
Architectes et urbanistes | Autres | Chefs d’Etat, monarques | Entourage impérial | Famille impériale | Hauts Fonctionnaires | Historiens, conservateurs | Militaires | Nobles | Personnalités des sciences et du monde médical | Personnalités du monde artistique | Personnalités du monde littéraire et de la presse | Personnalités politiques | Personnalités religieuses