Maréchal Edmé-Patrice DE MAC-MAHON, président de la République française (24.5.1873 au 30.1.1879)

Mac Mahon

de Gabriel de Broglie (Auteur)

Mac Mahon, souvent brocardé de son vivant, et par la postérité, ne fut pourtant pas n’importe qui. De 1808 à 1893, sa vie s’inscrit tout entière dans le XIXe siècle. Militaire glorieux, il sert en Algérie trente ans durant, de lieutenant à gouverneur général, développant une conception - aussi humaine que possible - de la colonisation. La prise de Sébastopol, en 1855, les victoires de Magenta et de Solférino, en 1859, l’imposent comme l’un des grands chefs militaires du Second Empire, dont il reçoit la dignité de maréchal, et le titre de duc de Magenta. Blessé en 1870 à Sedan, il évite ainsi d’avoir à signer la capitulation. En 1871, il reprend Paris aux insurgés de la Commune. Puis, il succède à Thiers, en 1873, comme président du gouvernement de la République, en attendant le rétablissement d’une monarchie qui ne viendra jamais. Lui, le royaliste conservateur, après avoir, en 1877, tenté d’imposer un gouvernement selon son cœur à une majorité parlementaire qui n’en voulait pas, doit s’incliner, et finit par démissionner en 1879, après avoir présidé aux fastes de l’Exposition universelle. Improbable président de la République, Mac Mahon, populaire par sa prestance, sa loyauté et sa franchise, a assisté - ou participé - à la mise en place de beaucoup d’institutions qui existent toujours : le septennat, la présidence du Conseil des ministres, le domaine réservé du chef de l’État, la qualité de chef des armées, les difficultés de la cohabitation, les risques de la dissolution... Au total, Mac Mahon aura fait autant et plus pour l’établissement de la République que Thiers, Gambetta ou Grévy, ses contemporains et adversaires respectueux.

Éditeur ‏ : ‎ PERRIN (24 mars 2000)
Langue ‏ : ‎ Français
Broché ‏ : ‎ 459 pages
ISBN-10 ‏ : ‎ 2702844294
ISBN-13 ‏ : ‎ 978-2262011437
Poids de l'article ‏ : ‎ 799 g
Dimensions ‏ : ‎ 16 x 3.9 x 24.6 cm

MARIE EDME PATRICE MAURICE DE MAC-MAHON, duc de Magenta (1808-1893)


Maréchal de France et président de la République, Mac-Mahon a suscité bien des traits d'ironie et on lui a attribué — à tort ou à raison — un certain nombre de propos ou de formules propres à le déconsidérer. Il est vrai que Mac-Mahon n'était pas préparé à une carrière militaire et politique qui fut, pendant un demi-siècle, ponctuée d'événements et d'incidents surprenants : légitimiste, maréchal de France, il a pu devenir légalement le second président de la IIIe République par le simple jeu des circonstances politiques et constitutionnelles. D'origine irlandaise, sa famille suivit Jacques II Stuart dans son exil en France à la fin du XVIIe siècle. Fils d'un émigré qui servit l'Ancien Régime, puis le premier Empire, en qualité de lieutenant général, neveu d'un pair de France sous la Restauration, Mac-Mahon fut élevé en effet dans les traditions de la noblesse française au château de Sully en Saône-et-Loire. Il se destina tout naturellement à la carrière des armes et sortit de Saint-Cyr comme sous-lieutenant en 1827. Il participa à l'expédition d'Alger en 1830 et montra au cours des combats une bravoure, qui sera sa qualité première. Légitimiste, mais partisan du pouvoir légal, il sert les orléanistes sans que cela lui crée un cas de conscience. Il se trouve déjà au siège d'Anvers en 1832, et c'est en Algérie que, pendant vingt années, il fera carrière, en participant à la conquête et à la « pacification » du pays. Promu capitaine en 1833, fait chevalier de la Légion d'honneur la même année, blessé plusieurs fois, il est de tous les grands combats et montre un courage exemplaire, en particulier lors de la prise de Constantine en 1837. Bien noté par ses chefs, il est général de division en 1852, à quarante-quatre ans. Militaire avant tout, il se rallie au second Empire, sans enthousiasme, mais sans trop de scrupule. Il se fait remarquer au cours de la guerre de Crimée, en 1855, par la prise du bastion de Malakoff qui oblige les Russes à abandonner Sébastopol, et il reçoit la grand-croix de la Légion d'honneur. Ces états de service exceptionnels lui valent d'entrer au Sénat en 1856. Cet homme, conservateur, sans idées ni expériences politiques, s'oppose alors — et il est un des très rares parlementaires à le faire — à la loi de sûreté générale qui restreint les libertés publiques et qui a été proposée par l'empereur après l'attentat d'Orsini. Cette prise de position libérale éclaire pour l'avenir la carrière politique de Mac-Mahon qui se montrera toujours soucieux de respecter les formes légales et constitutionnelles du pouvoir. Peu au fait des subtilités parlementaires, Mac-Mahon préfère reprendre du service dans l'armée et il regagne l'Algérie en qualité de commandant en chef en 1858. On le retrouve à Magenta le 4 juin 1859 où il sauve l'empereur de l'encerclement, et il est fait duc de Magenta et maréchal de France ; il participe à la bataille de Solférino en 1859, commande à Nancy en 1862, devient gouverneur général de l'Algérie en 1864 et il est chargé de mettre en œuvre la politique arabe libérale de Napoléon III. Mais il entre en conflit avec le cardinal Lavigerie qui entend accélérer l'assimilation des indigènes en les convertissant au christianisme. En 1869, il doit s'opposer à l'insurrection des Ouled sidi Cheikh. Rappelé en France au moment de la guerre contre la Prusse, ce militaire courageux apparaît comme un bien médiocre stratège et il essuie deux défaites à Wissembourg et à Reichshoffen en août 1870. Il est finalement fait prisonnier à Sedan le 1er septembre 1870. Libéré en mars 1871, lors des préliminaires d'armistice, il commande l'armée des versaillais contre la Commune et il tente de veiller au respect de la justice [...]

Joël SCHMIDT : MARIE EDME PATRICE MAURICE DE, MAC-MAHON duc de Magenta (1808-1893) - Encyclopædia Universalis.

Mac-Mahon succède à Thiers à l'Élysée


Le 24 mai 1873, à Versailles, la majorité monarchiste de l'Assemblée nationale retire sa confiance au président de la République Adolphe Thiers. Elle lui reproche son manque d'empressement à restaurer la monarchie après l'effondrement du Second Empire.

Une « élection de maréchal »

Le maréchal Patrice de Mac-Mahon, duc de Magenta, héros de Malakoff (65 ans) est le jour même hissé à la présidence de la République avec pas moins de 300 voix sur 392 (on qualifie depuis lors d'« élection de maréchal » une élection à la quasi-unanimité !).

Légitimiste bon teint, il annonce son intention de rétablir l'« ordre moral » et laisse au vice-président du Conseil Albert de Broglie le soin de préparer la restauration de la monarchie. Mais les efforts de celui-ci se brisent sur l'entêtement du prétendant, le comte de Chambord, qui exige le 27 octobre 1873 la réhabilitation du drapeau blanc, inacceptable pour la très grande majorité des Français.

Pour préserver les chances de la restauration monarchique, les députés votent le 20 novembre 1873 une loi qui fixe à sept ans (un septennat) le mandat du président de la République. Quatorze mois plus tard, toutefois, le 30 janvier 1875, le député Wallon, républicain convaincu et fervent catholique, fait voter un amendement qui, sous une apparence banale, introduit le mot fatal : République ! C'en est fini des rêves de restauration monarchique. La plupart des Français, par accoutumance et résignation, se rallient à la république conservatrice que Thiers appelait de ses vœux.

Plusieurs lois constitutionnelles précisent en 1875 les pouvoirs du président. Celui-ci nomme les ministres, peut dissoudre la Chambre des députés, a l'initiative des lois, ratifie les traités, dirige les armées et bénéficie du droit de grâce, privilège d'inspiration monarchique. Cette magnifique construction va sombrer en moins de deux ans à la faveur d'un conflit violent entre le président et la nouvelle majorité républicaine de la Chambre.

Après cette crise du « Seize Mai » qui va renforcer dans les urnes le camp républicain, le président se résigne à ne plus faire usage de son droit de dissolution de l'assemblée et ses successeurs suivront la règle, perdant en conséquence beaucoup de leur autorité. Lui-même, désabusé, démissionne avant le terme de son mandat.

24 mai 1873 - Mac-Mahon succède à Thiers à l'Élysée - Herodote.net