LOUIS XVIII, roi de France (2.5.1814 au 20.3.1815 et 8.7.1815 au 16.9.1824)

LOUIS XVIII (1755-1824) roi de France (1814-1815 et 1815-1824)


Né à Versailles, troisième fils du dauphin Louis et de Marie-Josèphe de Saxe, Louis Stanislas Xavier reçut le titre de comte de Provence. Intelligent et ambitieux, il se composa le personnage du prince éclairé et lettré, tout en frondant sournoisement le gouvernement de son frère Louis XVI, notamment à l'Assemblée des notables en 1787. En juin 1791, alors que le roi échouait, à Varennes, dans sa tentative de fuite, il réussissait à passer la frontière belge. Assumant le rôle de régent de la couronne pour son frère captif, il s'efforça de mobiliser contre la France révolutionnaire les monarques européens. La mort de son neveu Louis XVII, en juin 1795, lui permit de se proclamer roi de France sous le titre de Louis XVIII. Il résidait alors à Vérone. L'irruption des Français en Italie l'obligea de se réfugier d'abord en Allemagne puis dans les États du tsar, à Varsovie et à Mittau (Courlande), enfin, en Angleterre, au château de Hartwell (1807). Il se faisait appeler alors le comte de Lille. Après le 18-Brumaire, croyant faire jouer à Bonaparte le rôle de Monk, il lui écrivit, dès le 20 février 1800, pour lui demander de restaurer tout bonnement la monarchie légitime. Bonaparte ne songea à lui répondre que le 7 septembre : « Vous ne devez pas souhaiter votre retour en France ; il vous faudrait marcher sur 100 000 cadavres. » Louis XVIII attendit donc. La chute de Napoléon amena la restauration de la monarchie bourbonienne ; Louis XVIII rentra à Paris le 3 mai 1814, accueilli avec soulagement par une grande part de la nation comme garant d'un retour à la paix avec l'Europe et de la fin de la dictature militaire. Restauré par les victoires des ennemis de la nation, mal vu de tous ceux que leur conviction, leur fidélité ou leur intérêt liaient à la Révolution ou à l'Empire, il avait une partie difficile à jouer et la débuta fort mal. Il consentit à octroyer, en la datant de la dix-neuvième année de son règne, une charte constitutionnelle, puis laissa son gouvernement accumuler les maladresses dans une totale méconnaissance de la France nouvelle qui était née depuis vingt-cinq ans. Que Napoléon ait pu reconquérir la France en vingt jours sans tirer un coup de feu, lors du retour de l'île d'Elbe, fait assez mesurer l'échec de la première Restauration. Louis XVIII dut alors se réfugier à Gand, où il demeura pendant les Cent-Jours, soutenant la fiction d'une alliance avec les autres souverains contre la seule personne de Napoléon et non contre la France ; ce qui devait lui permettre, après son second retour à Paris (8 juill. 1815), d'atténuer quelque peu les conséquences de la défaite de Waterloo. Il sut alors tirer les leçons des sottises et des fautes de son premier rétablissement ; il s'efforça de limiter les représailles que voulaient exercer les royalistes exaspérés contre les partisans de Napoléon et de promouvoir une réconciliation nationale. L'assassinat de son neveu, le duc de Berry, le 13 février 1820, compromit ces efforts, amenant la chute du ministre Decazes, son favori, qui avait incarné cette politique libérale. Affaibli par ses infirmités, adroitement circonvenu par une nouvelle favorite, Mme du Cayla, le roi laissa son frère et héritier, le futur Charles X, prendre une influence croissante sur le gouvernement ; le duc de Richelieu, qui avait été rappelé au pouvoir après la chute de Decazes, fut obligé de se retirer ; le nouveau ministère, investi en décembre 1821, fut composé d'ultraroyalistes décidés à consolider la réaction ; leur chef, le comte de Villèle, devait garder le pouvoir jusqu'à la fin de 1827. Le fait marquant de la fin du règne fut l'intervention de la France en Espagne pour y écraser le régime libéral, issu du pronunciamiento de janvier 1820.

— Guillaume de BERTHIER DE SAUVIGNY : LOUIS XVIII (1755-1824) roi de France (1814-1815 et 1815-1824) - Encyclopædia Universalis


Louis XVIII

de Evelyne Lever (Auteur)

Louis XVIII ne fut pas toujours le roi accablé de goutte dont la Restauration nous a laissé l’image… Bien au contraire, aucun roi de France, sans doute, n’eut de vie plus aventureuse et plus riche en rebondissements que lui. Ayant traversé la Révolution, l’Empire et les Cent-Jours dans les conditions les plus difficiles, prince errant reçu non sans réticences par les souverains européens, il parvint pourtant, en dépit de tout ce qui semblait s’y opposer, à assouvir (à deux reprises, en 1814 et 1815) son rêve de toujours : régner. Jamais il ne connut le doute ni sur sa légitimité, bien sûr, ni surtout sur son destin ; alors qu’en 1814 l’un de ses familiers lui disait : « Sire, vous êtes roi de France », n’eut-il pas l’aplomb – ou l’inconscience, c’est selon – de répliquer : « Ai-je jamais cessé de l’être ? »
Histoire d’une ambition réalisée, la biographie du frère de Louis XVI nous fascine aujourd’hui encore par cette opiniâtreté, cette constance faisant fi des revers et des avanies.

Éditeur ‏ : ‎ Fayard/Pluriel (21 mai 2012)
Langue ‏ : ‎ Français
Poche ‏ : ‎ 608 pages
ISBN-10 ‏ : ‎ 2818502802
ISBN-13 ‏ : ‎ 978-2818502808
Poids de l'article ‏ : ‎ 454 g
Dimensions ‏ : ‎ 11 x 3 x 17.8 cm


Louis XVIII

de Pierre de La Gorce (Auteur)

La Restauration, cette période de notre histoire qui fait suite à la chute du Premier Empire et voit le retour des Bourbons sur le trône de France, est une période d’apaisement et d’enrichissement pour la France.Bien que malade et impotent, Louis XVIII, frère de Louis XVI, monte sur le trône en 1814. Sauf pendant l’intermède des Cent-Jours en 1815, pendant lequel Napoléon reprend le pouvoir, il règnera jusqu’à sa mort en 1824. Il avait trouvé la France envahie : il la laissa libérée. Il l'avait trouvée pauvre : il la laissa riche. L'armée avait dû être licenciée : elle avait été reconstituée. Confiné dans son palais et un peu replié dans son égoïsme de vieillard, Louis XVIII apparaît, avec le recul des temps, sage, spirituel, instruit, lettré, avisé, mais une seule œuvre resta inachevée, celle de la réconciliation entre l'Ancien Régime et la société nouvelle.Dans ce premier tome de La Restauration, Pierre de La Gorce analyse avec perfection cette période de notre histoire, si étonnante, si déroutante, calée entre un Premier Empire agité par les guerres napoléoniennes et une Monarchie de Juillet agitée par les insurrections.

Éditeur ‏ : ‎ Frédérique Patat (21 décembre 2016)
Langue ‏ : ‎ Français
Broché ‏ : ‎ 298 pages
ISBN-10 ‏ : ‎ 2373240653
ISBN-13 ‏ : ‎ 978-2373240658
Poids de l'article ‏ : ‎ 517 g
Dimensions ‏ : ‎ 15.24 x 1.73 x 22.86 cm

Louis XVIII (1755 - 1824), Le «Roi-fauteuil»


Le destin aventureux du roi Louis XVIII illustre les tourments de la monarchie sous la Révolution française et les difficultés de la Restauration après la chute de Napoléon Ier.

Un jeune homme inconséquent

Le futur souverain est, à sa naissance, prénommé Stanislas en souvenir de son arrière-grand-père, roi de Pologne et duc de Lorraine. À Paris, la rue Stanislas et le célèbre collège du même nom lui doivent leur appellation. Il reçoit d'abord le titre de comte de Provence et est appelé Monsieur quand son frère devient roi sous le nom de Louis XVI.

Il émigre le jour même où son frère tente de s'enfuir des Tuileries. Tandis que Louis XVI est arrêté à Varennes, le comte de Provence gagne la Belgique avant de rejoindre son jeune frère, le comte d'Artois (futur Charles X), à Coblence, sur les bords du Rhin. De 1791 à 1815, il n'en finira pas de courir l'Europe d'un exil à l'autre (Vérone, Blankenburg...), entouré d'une petite cour de médiocres courtisans. Il s'attribue le titre de régent après la mort de Louis XVI puis celui de roi après celle de Louis XVII.

Un roi de bonne volonté

En 1814, à la chute de Napoléon Ier, il monte enfin sur le trône sous le nom de Louis XVIII le Désiré... C'est le «retour des lys» ! Le roi, guéri de ses folies de jeunesse, tente, non sans mérite, de réconcilier la France de la Révolution et celle de l'Ancien Régime.

Il met en chantier un projet de régime constitutionnel défini dans une «Charte constitutionnelle» que lui-même «octroie» au peuple français (il ne veut pas que la Constitution lui soit «imposée» par une assemblée constituante). Mais le retour de l'ex-empereur de l'île d'Elbe l'oblige à une fuite peu glorieuse et ruine ses efforts de conciliation.

Après l'intermède des «Cent jours» de Napoléon 1er, qui s'achève à Waterloo, le roi quitte son exil temporaire de Gand. Il promet d'abord aux Français, à Cambrai, le 28 juin 1815, l'oubli et le pardon pour les trahisons et les égarements des «Cent jours». Mais de retour à Paris dans les «fourgons de l'étranger», il lui est impossible de résister à la soif de revanche des émigrés. S'ensuit une brève mais violente période de «Terreur blanche».

Du fait d'un scrutin censitaire qui limite le droit de vote aux contribuables aisés, soit à un très petit nombre de possédants, Louis XVIII doit composer avec une majorité parlementaire composée d'ultraroyalistes partisans du retour à l'Ancien Régime (ainsi appelés parce qu'ils sont plus royalistes que le roi lui-même).

Louis XVIII (1755 - 1824) - Le «Roi-fauteuil» - Herodote.net