Le partage de 634 : l'affirmation des Trias Regna (Neustrie, Bourgogne, Austrasie) et des particuliarismes régionaux

Dès lors, chacun des trois royaumes connaît des destins divergents, même si, par le hasard spontané d'une maladie ou dirigé d'un assassinat, l'unité du regnum Francorum se trouve partiellement ou totalement rétablie.

Ainsi, réunis sous l'autorité de Childebert II (593-595) après la mort de Gontran, les royaumes d'Austrasie et de Bourgogne sont-ils de nouveau partagés entre les deux fils de ce souverain, Thibert II (595-612) et Thierry II (595-613), dont la disparition permet au roi de Neustrie, Clotaire II (613-629), puis à son fils Dagobert Ier (629-638) d'étendre leur autorité sur l'ensemble de la Gaule et de la Germanie, dont Paris redevient symboliquement la capitale. En vain, encore une fois. Dotées, désormais, d'une personnalité bien affirmée par les aristocraties locales hostiles au renforcement du pouvoir royal, l'Austrasie et la Bourgogne refusent d'être administrées par des Neustriens. Aussi Clotaire II, puis son fils Dagobert Ier doivent-ils accepter d'abord de maintenir deux maires du palais à la tête de chacun de ces deux royaumes, puis de donner un roi particulier aux Austrasiens en 623-624 puis en 634.

Dès lors, le destin de la dynastie mérovingienne est scellé. Incapables d'effacer les effets d'une pratique successorale néfaste, qui permet aux tendances particularistes de s'ériger en entités politiques nettement distinctes – Neustrie, Austrasie, Bourgogne et Aquitaine –, les derniers descendants de Clovis, malgré l'éphémère effort unitaire de Childéric II (673-675), doivent céder la réalité du pouvoir aux chefs de l'aristocratie, les maires du palais, jusqu'à ce que Pépin le Bref s'attribue leur couronne royale.

Mérovingiens - LAROUSSE