FRANCOIS 1er, roi de France (1er.1.1515 au 31.3.1547)

François Ier

de Didier Le Fur (Auteur)

François Ier est, avec Henri IV et Louis XIV, le souverain préféré des Français. Et pourtant, ce que nous pensions savoir du roi de France de 1515 à 1547, est, en grande partie, faux : ce sont les publicistes du règne qui ont façonné son image, reprise quasiment à l'identique jusqu'à nos jours, notamment les vulgates de roi-chevalier ou de roi-mécène.
Didier Le Fur, l'un des plus brillants historiens de sa génération, a donc repris le dossier, sans parti pris et grâce à l'ensemble de la documentation. Ce travail colossal en archives permet d'offrir la première véritable biographie de François Ier depuis 30 ans.
Si les grands moments du règne sont connus (le couronnement, les batailles de Marignan et de Pavie, la captivité des enfants du roi, l'élection impériale, le camp du drap d'or, la régence de Louise de Savoie...), leur sens est enfin révélé et la conclusion de l'auteur sans appel : François Ier est avant tout un roi de guerre, aveuglé par son rêve italien et sa rivalité avec Charles Quint. Toute sa politique est orientée en ce sens. Un seul exemple parmi tant d'autres : on attribue à François Ier des réformes intérieures nombreuses. Il n'en est rien. L'activité législative du roi privilégie des lois justifiant l'impôt finançant ce gouffre sans fond qu'est la guerre.
C'est donc à l'homme régnant, non à sa légende, que s'est attaché l'auteur. Il est ressort un roi certes moins héroïque que nous le pensions, mais plus humain, et par là plus attachant.

Éditeur ‏ : ‎ Tempus Perrin (30 août 2018)
Langue ‏ : ‎ Français
Poche ‏ : ‎ 1088 pages
ISBN-10 ‏ : ‎ 2262076472
ISBN-13 ‏ : ‎ 978-2262076474
Poids de l'article ‏ : ‎ 880 g
Dimensions ‏ : ‎ 13.1 x 4.7 x 18.6 cm

FRANÇOIS Ier (1494-1547) roi de France (1515-1547)


En 1515, en tant que chef de la branche des Valois-Angoulême, François Ier succède à son cousin Louis XII, dont il a épousé la fille, Claude de France, l'année précédente. Son règne de trente-deux ans marque profondément le XVIe siècle français, transformant à l'extérieur les guerres d'Italie en un affrontement avec les Habsbourg, donnant, à l'intérieur, une impulsion décisive à la pratique d'une « monarchie absolue ». Ses portraits, que ce soit celui plus décoratif de Clouet ou celui plus psychologique du Titien, nous montrent un cavalier rieur, tout à la fois athlétique et élégant, type accompli de l'homme de la Renaissance, aimable et séducteur, dénué de scrupules s'il est nécessaire. Mais François Ier est en même temps fantasque, sujet aux emballements, d'une intelligence un peu superficielle. C'est, en fait, un curieux mélange : chevalier d'un Moyen Âge attardé, il se fait adouber par Bayard sur le champ de bataille de Marignan ; prince de la Renaissance, il est amateur de femmes et de belles choses ; ouvert aux nouveautés de l'époque, il est mécène et lui-même quelque peu artiste. Le règne s'ouvre sur les guerres d'Italie dont l'histoire classique a dénoncé la vanité. Cependant, par son importance démographique et par sa prospérité, la France pouvait se mesurer au peuplement et à la puissance financière des nations adverses.

L'erreur de François Ier a été de ne point prévoir l'afflux du métal précieux américain, dont la masse, certes très inférieure aux possibilités fiscales françaises, devait cependant l'emporter. Cette masse monétaire constituait un revenu net de toute charge et elle était entièrement à la disposition de Charles Quint. En 1515, Marignan, c'est-à-dire la supériorité du feu français sur les piquiers suisses, entraîne la facile conquête de l'Italie en un temps où l'arrivée du métal américain diminue pour une courte période. Mais, dès 1519, le crédit des Fugger et des banquiers italiens et espagnols, garanti par les trésors du Nouveau Monde, contribue à hisser Charles Quint sur le trône du Saint Empire romain germanique pourtant brigué par François Ier. Après la somptueuse et inutile folie du Camp du Drap d'or, l'impétuosité de la cavalerie française et de son chef, « le Roi-Chevalier », est l'une des causes principales de la défaite de Pavie (1525). Le respect du point d'honneur (ne point reculer) entraîne la captivité du roi, qui déclare : « Tout est perdu, fors l'honneur », et le désastreux traité de Madrid en 1526 (le roi renonçait au quart de la France) que François Ier, soutenu par les États de Bourgogne, viole dès qu'il retrouve la liberté. La guerre, marquée par une pause lors de la « paix des Dames », s'achève sur la constatation d'un équilibre des forces (traité de Cambrai, 1529). Ayant pris la mesure de son adversaire, dans la troisième phase du conflit, François Ier cherche des alliés : Soliman le Magnifique, Henri VIII, les princes protestants allemands. La longue lutte qui suit, confuse et sans gloire, aboutit au traité de Crépy (1544), créant le premier et fragile équilibre européen. Face à l'échec français des ambitions italiennes, la puissance de Charles Quint dissimule l'invraisemblable tour de force que constitue le maintien de la disparate puissance habsbourgeoise progressivement recentrée des Flandres à l'Espagne.

À l'intérieur de la France, la croissance des besoins financiers, n'aboutit pas à la mise en place d'un système fiscal cohérent. D'emprunts en vénalité des offices, d'inflation involontaire en maniements des monnaies se dégage un certain style financier français, qui durera jusqu'en 1789.

Jean MEYER : FRANÇOIS Ier (1494-1547) roi de France (1515-1547) - Encyclopædia Universalis