Félix FAURE, président de la République française (17.1.1895 au 16.2.1899)

Félix Faure

de Thierry Billard (Auteur)

Du parcours de Félix Faure (1841-1899), homme d'Etat de la IIIe République, on ne connaît que l'épisode mêlant vaudeville et tragédie d'un décès inattendu. Un trépas survenu le 16 février 1899 qui a suscité la réplique apocryphe : " Le président a-t-il encore sa connaissance ? - Non, elle est partie par l'escalier. " Mais, au-delà de la gaudriole, qu'est donc la vie du premier fils du peuple parvenu à la magistrature suprême ? A la lumière de sources inédites - archives privées, souvenirs de proches et surtout journal intime de Félix Faure -, cette biographie raconte l'épopée d'un enfant du faubourg parisien, ministre de Gambetta et de Jules Ferry, devenu à la surprise générale chef de l'Etat en 1895. Un président, qui, dans une fin de siècle ressemblant à la nôtre par sa violence et par ses affaires de corruption, scelle l'alliance franco-russe, évite une guerre avec l'Angleterre, et, contrairement aux idées reçues, ne s'acharne pas à étouffer l'affaire Dreyfus.

Éditeur ‏ : ‎ Julliard (13 avril 1995)
Langue ‏ : ‎ Français
Broché ‏ : ‎ 1046 pages
ISBN-10 ‏ : ‎ 226001254X
ISBN-13 ‏ : ‎ 978-2260012542
Poids de l'article ‏ : ‎ 962 g
Dimensions ‏ : ‎ 14 x 7 x 22.5 cm

FAURE FÉLIX (1841-1899)


Riche négociant en cuirs du Havre, libéral et membre de la Ligue française de l'enseignement, Félix Faure se distingua comme chef des mobiles de Seine-Inférieure en novembre 1870. Adjoint au maire du Havre, membre de la chambre de commerce, il fut élu en 1881 député républicain modéré. À la Chambre, il fit partie du groupe de l'Union républicaine et fut un spécialiste des affaires commerciales. Gambetta fit de lui, en 1881-1882, un sous-secrétaire d'État au Commerce ; il fut sous-secrétaire d'État à la Marine, chargé particulièrement des colonies, sous Jules Ferry (1883-1885) et dans le premier cabinet Tirard (1887-1888). Il créa le Conseil supérieur des colonies. Le 17 janvier 1895, il fut élu président de la République par la coalition des voix monarchistes et modérées contre les voix radicales et socialistes ; il sut s'imposer par sa modération, sa finesse et son sens de la représentation. La France étant alors déchirée par l'affaire Dreyfus, il fit confiance à des gouvernements modérés (Méline, Dupuy) et se montra hostile à la révision du procès. Attaché à l'expansion coloniale, il a peut-être inspiré l'évacuation de Fachoda. Le renforcement de l'alliance franco-russe fut en partie son œuvre ; il reçut le tsar Nicolas II à Paris en 1896 et il se rendit lui-même à Cronstadt en 1897. Ses funérailles nationales provoquèrent, le 23 février 1899, de violentes manifestations au cours desquelles Déroulède tenta d'inciter le général Roget à marcher sur l'Élysée, où était mort le président, au cours d'une intimité amoureuse avec la belle Mme Steinheil.

— Armel MARIN : FÉLIX FAURE (1841-1899) - Encyclopædia Universalis

Félix Faure


Né le 31 janvier 1841 à Paris, mort le 16 février 1899 à Paris.

Député de la Seine-Inférieure de 1881 à 1895.
Sous-secrétaire d'Etat au Commerce et aux Colonies en 1881.
Sous-secrétaire d'Etat à la Marine et aux Colonies en 1883 et 1887. Ministre de la Marine en 1894.
Président de la République de 1895 à 1899.

Député depuis 1881, né à Paris le 30 janvier 1841, armateur au Havre, ancien consul de Grèce dans cette ville, ancien adjoint au maire, membre et président de la Chambre de commerce, juge au tribunal de commerce, il commanda, pendant la guerre de 1870-71, le 6e bataillon des gardes mobiles de son département.

Républicain modéré, il fut élu comme tel, le 21 août 1831, par 5,876 voix (11,639 votants, 15,382 inscrits) député de la 3e circonscription du Havre, contre 5,615 voix au député conservateur sortant, M. du Douët. Il prit place à gauche, soutint la politique opportuniste, et ne tarda pas à se faire dans la Chambre nouvelle une spécialité des questions intéressant la marine marchande et les relations commerciales avec l'étranger; il fut membre de plusieurs commissions du budget, de la commission des conventions avec les grandes compagnies de chemins de fer, de celle de la conversion de la rente, des voies navigables, etc.

Lors de la formation du cabinet présidé par Gambetta (14 novembre 1881), M. Félix Faure fut nommé sous-secrétaire d'Etat au ministère du Commerce et des Colonies; il resta en fonctions, comme le cabinet, jusqu'au 26 janvier 1882.

Il prit, en mars 1883, avec MM. Martin Nadaud, Peulevey, etc., l'initiative d'une proposition tendant à fixer la responsabilité des patrons en cas d'accident arrivé à leurs ouvriers, et défendit cette proposition devant la Chambre.

Le 22 septembre suivant, il fut appelé, dans le dernier cabinet Ferry, au sous-secrétariat de la Marine et des Colonies: en cette qualité il s'associa à la direction donnée par ce ministère aux affaires coloniales, et fut remplacé comme sous-secrétaire d'Etat dans le cabinet Brisson (6 avril 1885) par M. Rousseau.

L'un des chefs du groupe de l'Union républicaine, il prit souvent la parole à la Chambre, principalement dans les questions d'affaires.

Porté le 4 octobre 1885, sur la liste opportuniste de la Seine-Inférieure, M. Félix Faure fut réélu, le 3e sur 12, député de ce département par 80,559 voix (149,546 votants, 195,465 inscrits). Il siégea à l'Union des gauches, prit la parole (février 1886) sur les tarifs des chemins de fer, fit partie (1883 et 1889) de la commission du budget, vota, comme naguère, avec les opportunistes, et, lorsque M. de Mahy, ministre de la Marine et des Colonies, qui persistait à ne point vouloir s'adjoindre de sous-secrétaire d'Etat pour la direction du service colonial, se retira et fut remplacé par l'amiral Krantz (janvier 1888), ce fut encore M. Félix Faure qui reprit auprès du nouveau titulaire son ancienne situation. A la suite d'un vote de la Chambre (février (1888), rejetant à égalité de voix, 256 contre 256, le crédit de 20 millions qui représentait la subvention annuelle servie par la métropole au Tonkin, M. F. Faure estima qu'il ne pouvait rester à la tête de l'administration des colonies; il eut alors pour successeur M. de la Porte.

Le député de la Seine-Inférieure s'est prononcé, à la fin de la législature :

- pour le rétablissement du scrutin d'arrondissement (11 février 1889),
- pour les poursuites contre trois députés membres de la Ligue des patriotes,
- pour le projet de loi Lisbonne restrictif de la liberté de la presse,
- pour les poursuites contre le général Boulanger ;

il s'est abstenu sur l'ajournement indéfini de la révision de la Constitution (chute du ministère Floquet).

On a de lui : Budget de la France et des principaux pays d'Europe depuis 1888. M. Faure est membre du comité consultatif des chemins de fer et du conseil supérieur des colonies.

Biographie extraite du
dictionnaire des parlementaires français de 1789 à 1889
(Adolphe Robert et Gaston Cougny)


Aux élections de 1889, Félix Faure l'emporte aisément dès le premier tour, avec 7.771 suffrages contre 5.313 à son adversaire, M. Ancel.

Si on ne l'entend que peu fréquemment à la tribune, il n'en est pas moins l'un des personnages qui comptent à la Chambre. Dès 1890, en effet, ses collègues lui confient un poste clef : la présidence de la toute-puissante commission du budget. Dans l'exercice de cette fonction, il dépose et défend de très nombreux rapports, portant notamment sur les affaires touchant aux transports, aux douanes, et, bien entendu, au budget.

En 1893, il est encore une fois réélu dès le premier tour et pratiquement sans opposition puisqu'il obtient 10.047 voix sur 11.463 suffrages exprimés.

Dès la rentrée de la nouvelle Chambre, il est élu vice-président. Ce mandat lui est confirmé en 1894, mais il l'abandonne dès le mois de mai pour occuper dans le second, puis dans le troisième ministère Dupuy, le poste de ministre de la marine.

Le 15 janvier 1895 éclate la nouvelle de la démission du Président de la République Casimir Périer. Lorsque les deux Chambres du Parlement se réunissent à Versailles pour pourvoir à son remplacement, trois candidats sont en présence. L'un d'eux, le radical Henri Brisson, candidat de la gauche, se présente pour la troisième fois et l'arithmétique parlementaire ne lui laisse aucune chance de l'emporter. La compétition se jouera entre deux modérés : Félix Faure et Waldeck-Rousseau. C'est en fait la droite qui arbitrera et elle donnera ses voix à Félix Faure sur l'intervention, dit-on, du duc d'Orléans, parce qu'il n'a pas voté la loi d'expulsion des princes en 1886.

L'élection se déroule le 17 janvier. Au premier tour, Brisson obtient 338 suffrages, Félix Faure 244 et Waldeck Rousseau 184. Au second tour, Waldeck Rousseau se désiste et Félix Faure est élu par 430 voix contre 361 à Brisson. Le soir même, il s'installe à l'Elysée. De là, son influence s'exercera en faveur des modérés.

Toutefois on peut noter, avec M. Adrien Dansette, que la méthode qu'il emploie lors des crises ministérielles trahit l'affaiblissement de l'autorité présidentielle. Il est en effet le premier à étendre les « consultations » traditionnelles non seulement aux présidents des deux Chambres, aux vice-présidents, aux présidents et aux rapporteurs des commissions du budget, mais également à d'autres notabilités parlementaires, en particulier aux présidents des groupes.

Portant beau, d'une élégance vestimentaire recherchée, son goût du faste lui vaut brocards et attaques.

Ce goût de l'apparat, il eut l'occasion de lui donner libre cours lors de la visite à Paris du couple impérial russe, en 1896, de même, en 1897, en rendant leur visite aux souverains russes à Peters-bourg. Toutefois il convient de mieux voir là un événement diplomatique d'une grande portée en ce qu'il consacre le rapprochement franco-russe.

La fin du prestigieux « président-soleil » fut malheureusement moins brillante. Félix Faure fut frappé d'une hémorragie cérébrale dans la soirée du 16 février 1899.

Biographie extraite du
dictionnaire des parlementaires français de 1889 à 1940
(Jean Jolly)