CLOVIS Ier (466 env.-511) roi des Francs (481-511)

Clovis

de Michel Rouche (Auteur)

Penser le baptême de Clovis avec les catégories qui sont les nôtres et voir dans cet épisode la naissance d’une France tout entière catholique dès le VIe siècle, c’est commettre un anachronisme majeur. En 496, aucune nation n’émerge des ruines de la romanité, et la conversion du roi et de sa garde personnelle n’entraîne pas celle d’une Gaule qui reste pour longtemps religieusement et ethniquement bigarrée, et dépasse largement le cadre de la France actuelle.
Le baptême de Reims est néanmoins capital parce qu’il met un terme à un siècle de désordres et d’invasions, alors que l'unité romaine est rompue. En faisant le choix du catholicisme qui prend la suite de l'universalisme romain, en faisant fusionner les coutumes barbares et le droit romain, Clovis combat les particularismes et permet l’intégration, à égalité, des nouveaux venus.
Tout inachevée qu'elle fût à sa mort (511), son œuvre fut décisive. Et, s’il fallut après lui des siècles pour parfaire, non sans rechutes, sa construction politique, c’est bien de lui que procède la physionomie de l’Europe aujourd’hui.

Éditeur ‏ : ‎ Fayard/Pluriel (13 février 2013)
Langue ‏ : ‎ Français
Poche ‏ : ‎ 608 pages
ISBN-10 ‏ : ‎ 2818503167
ISBN-13 ‏ : ‎ 978-2818503164
Poids de l'article ‏ : ‎ 470 g
Dimensions ‏ : ‎ 11 x 3 x 17.8 cm

Le Baptême de Clovis: 24 décembre 505 ?

de Bruno Dumézil (Auteur)

L'épisode inaugural de l'histoire de France est aussi le plus évanescent : du baptême de Clovis on ne connaît à la vérité ni le lieu, ni la date, ni les circonstances précises, ni même la portée immédiate. C'est l'écriture de l'histoire qui devait, au fil des siècles, en faire la scène originelle de notre légendaire national. Cette cérémonie bien réelle reste encore aujourd'hui recouverte d'épaisses couches de mythes et de fables. Peut-on retrouver la véritable figure de ce "roi très glorieux" qui, au crépuscule de l'Empire romain, a épousé la foi catholique, bientôt suivi d'une partie de son peuple ? Tel est l'objet de ce livre : il explore les traces fugaces d'une Gaule en mutation entre le passé romain et la civilisation médiévale ; il convoque les ressources de l'archéologie pour approcher les hommes et les paysages que Clovis allait unifier ; il s'efforce de composer l'histoire de ce peuple franc appelé à fonder une nation chrétienne. C'est cette reconstitution qui confère à la journée lointaine où "naît la France" sa véritable dimension politique et mémorielle. Plusieurs récits sont possibles, que cet ouvrage revisite. Autour de Clovis, mémoire et histoire souvent s'entremêlent au service de partis et de passions que chaque époque fait naître. L'irréductible part de mystère de ce baptême des origines aura ainsi contribué à son extraordinaire postérité.

Éditeur ‏ : ‎ Gallimard (3 octobre 2019)
Langue ‏ : ‎ Français
Broché ‏ : ‎ 320 pages
ISBN-10 ‏ : ‎ 2072690676
ISBN-13 ‏ : ‎ 978-2072690679
Poids de l'article ‏ : ‎ 364 g
Dimensions ‏ : ‎ 22 x 2 x 15 cm


CLOVIS Ier (466 env.-511) roi des Francs (481-511)

Clovis, qui régna sur une grande partie de la Gaule de 481 à 511, fonda la dynastie des Mérovingiens. Celle-ci survécut durant plus de deux siècles, jusqu'à la montée en puissance des Carolingiens au viiie siècle. Bien qu'il ne fût pas le premier roi franc, Clovis fut à l'origine de l'unité politique et religieuse du royaume. En dépit d'une chronologie généralement imprécise, plusieurs dates importantes de son règne sont connues avec certitude.

Fils du roi franc païen Childéric Ier et de la reine de Thuringe Basine, Clovis Ier succéda à son père en 481, prenant la tête des Francs Saliens et d'autres tribus franques installées dans la région de Tournai. Il étendit dans un premier temps ce petit territoire entre Escaut et Somme vers le sud et l'ouest. Après avoir établi son influence et son autorité en Gaule du Nord en s'emparant du royaume de Syagrius, entre Loire et Somme, en 486, il conquit les Alamans en 496 (bataille de Tolbiac), puis les Burgondes en 500. Victorieux des Wisigoths en 507, Clovis devint maître des pays entre Loire et Pyrénées et régna dès lors sur la quasi-totalité de la Gaule jusqu'à sa mort, le 27 novembre 511, à Paris. Il fut par ailleurs le principal allié occidental de l'empereur byzantin Anastase Ier. La loi salique, code écrit mêlant droit coutumier, droit romain écrit, idéaux chrétiens et édits royaux, apparut probablement sous son règne. Clovis épousa, vers 493, la princesse burgonde Clotilde, catholique, dont il eut cinq enfants. Un premier fils, Théodoric, était né, de mère inconnue, avant cette union.

Comme son père, Clovis intervenait sur le plan politique et diplomatique auprès des évêques catholiques de Gaule. Ces puissants personnages n'avaient aucun scrupule à fréquenter des rois germaniques, comme en témoigne une lettre de l'évêque Rémi de Reims à Clovis, datant du début de son règne. Ils se voyaient en effet comme les conseillers naturels du souverain et, avant même sa conversion au catholicisme et son baptême, Clovis reconnaissait apparemment leurs droits et protégeait leurs biens. Dans une lettre qu'il envoya à Clovis à l'époque de son baptême, l'évêque Avit de Vienne louait sa foi, son humilité et sa clémence. L'année de sa mort, en 511, Clovis convoqua les évêques en concile à Orléans.

C'est l'Histoire des Francs de Grégoire de Tours, rédigée à partir de 575, qui constitue la source principale concernant Clovis. Grégoire décrit le roi mérovingien comme un guerrier tenace. S'inscrivant dans une perspective chrétienne, il expose les arguments par lesquels Clotilde tenta de persuader son mari d'abandonner le paganisme et, après sa conversion, voit dans Clovis un « nouveau Constantin ». De fait, celui-ci décida, à l'instar de l'empereur qui christianisa l'Empire romain au début du ive siècle, de se soumettre au baptême si le Dieu des chrétiens lui permettait de remporter une victoire improbable ; ce fut le cas contre les Alamans. Grégoire situe le baptême de Clovis en 496 (les historiens le placent plutôt en 498) et qualifie ses batailles suivantes de victoires chrétiennes, en particulier celle qu'il remporta sur les Wisigoths en 507, à Vouillé, au nord-ouest de Poitiers (le lieu est aujourd'hui plus volontiers situé à Voulon, au sud-est de Poitiers). Il dépeint par ailleurs la guerre contre les Wisigoths comme une campagne contre l'hérésie arienne. D'après son récit, Clovis aurait fait des dons à l'Église avant la bataille et invoqué saint Martin de Tours, actes qui lui auraient valu de sortir victorieux des combats, de bénéficier de miracles et d'être nommé consul honoraire par Anastase Ier.

Écrit par
Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
Kathleen MITCHELL : spécialiste du haut Moyen Âge.
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