CHARLES V LE SAGE, roi de France (8.4.1364 au 16.9.1380)

Charles V, le Sage

de Françoise Autrand (Auteur)

La guerre de Cent Ans, la Peste noire et les grandes compagnies, les révoltes et les défaites. Malgré tant de malheurs, l'espoir n'a pas manqué aux contemporains qui ont vu dans leur temps le beau XIVe siècle et encore moins à Charles V: dès le jour de son avènement, il affirmait sa volonté de bouter les ennemis hors du royaume ".Un roi sage, un règne réparateur. Arrivé au pouvoir à dix-huit ans, en pleine crise, ayant fait face à Etienne Marcel et aux états généraux, à la contestation dynastique et à la levée de boucliers contre l'Etat moderne, Charles V, devenu roi, sans quitter sa chambre ni son étude, dirigea la reconquête du royaume. La sagesse de l'homme fut la patience. La sagesse du roi, ce fut de porter le débat politique sur le terrain intellectuel, de penser l'Etat, de l'expliquer en clair et en français. La science politique moderne est sortie de là. Ce fut d'abandonner les méthodes brutales du gouvernement et de leur préférer la loi et la justice. Ce fut encore d'engager la royauté dans le chemin qui conduit à l'Etat de droit.

Éditeur ‏ : ‎ Fayard (7 septembre 1994)
Langue ‏ : ‎ Français
Broché ‏ : ‎ 909 pages
ISBN-10 ‏ : ‎ 2213027692
ISBN-13 ‏ : ‎ 978-2213027692
Poids de l'article ‏ : ‎ 1,1 Kilograms
Dimensions ‏ : ‎ 13.5 x 4.6 x 21.5 cm

CHARLES V LE SAGE (1337-1380) roi de France (1364-1380)

Roi de France. Fils aîné de Jean II le Bon et de Bonne de Luxembourg, le futur Charles V fut le premier fils de France à porter le titre de dauphin de Viennois, en même temps que celui de duc de Normandie. Présent aux côtés de son père pendant la bataille de Poitiers, il dut ensuite, comme lieutenant du roi, puis comme régent, gouverner le royaume pendant la captivité du roi Jean. C'est alors que le dauphin Charles dut faire face aux prétentions politiques des états généraux de 1356 et 1357, à la rébellion parisienne qu'animait le prévôt des marchands Étienne Marcel, à l'hostilité permanente du roi de Navarre, dont les droits à la couronne de France avaient été trop rapidement écartés en 1328, et à la jacquerie qui soulevait les paysans de la région parisienne contre les propriétaires et les créanciers. Les excès de ces différents mouvements finirent par les discréditer, et le dauphin avait parfaitement repris en main le pouvoir lorsqu'il fallut mener à leur terme les négociations consécutives à la victoire anglaise de 1356. Pour désastreux qu'il fût, le traité de Brétigny-Calais (1360), qui amputait la France d'une moitié de son territoire et la soumettait au paiement d'une énorme rançon en échange de la personne du roi, offrait cependant une pause dont Charles, dauphin puis roi en 1364, s'entendit à profiter pour remettre le royaume en état de reprendre la guerre.

Charles V fut un homme de cabinet. Diplomate et spéculateur prudent plus que grand capitaine, il se méfiait des coûteuses vertus militaires et prêtait volontiers l'oreille aux conseils des clercs et des universitaires. Un demi-siècle après le temps des conseillers de Philippe le Bel, ce fut le règne d'une nouvelle génération de légistes, théoriciens et apologistes d'un gouvernement monarchique tempéré par le conseil des sages (Philippe de Mézières), voire théoriciens des droits utiles du souverain et de l'usage des mutations monétaires (Nicolas Oresme, évêque de Lisieux et traducteur d'Aristote). Se défiant des princes et des grands féodaux, le roi s'entoura surtout de bourgeois, d'hommes de robe et de petits seigneurs provinciaux.

Fin lettré, amateur de poésie et de musique, Charles V fit de Paris une capitale dont le rayonnement ne se limita pas au domaine politique. Il transforma le vieux donjon du Louvre, qui datait de Philippe Auguste, en lui adjoignant deux corps de logis, avec galeries de promenade et appartements intimes. Dans l'une des tours d'angle, il établit la bibliothèque royale, très rapidement enrichie de manuscrits précieux et de textes rares auxquels les savants eurent libéralement accès. À l'autre bout de la ville, entre la rue Saint-Antoine et la Seine, il fit aménager pour sa résidence personnelle un ensemble de petits hôtels reliés par des galeries à travers des jardins, que l'on appela l'hôtel Saint-Paul. C'était à la fois le témoignage d'un nouvel urbanisme monumental et celui d'un nouvel art de vivre princier. Pour des raisons de sécurité, en revanche, celui qui, dans sa jeunesse, avait dû quitter subrepticement Paris, faute de pouvoir contrôler la ville et de pouvoir y résister à l'émeute, entreprit une enceinte qui doubla, sur la rive droite, la superficie englobée par la vieille muraille de Philippe Auguste. Cette enceinte fut appuyée, à l'est, par la forteresse de la bastide Saint-Antoine, couramment nommée la Bastille. Un prévôt énergique, Hugues Aubriot, tint la ville sous l'autorité royale.

La situation financière fut assainie par la création du franc (27 juill. 1364), pièce d'or pur valant une livre tournois, ce qui faisait coïncider, comme au temps de Saint Louis, la monnaie réelle et la monnaie de compte.

Jean FAVIER : CHARLES V LE SAGE (1337-1380) roi de France (1364-1380) - Encyclopædia Universalis