Albert LEBRUN, président de la République française (10.5.1932 au 11.7.1940)

Albert Lebrun: Le dernier Président de la IIIe République

de Eric Freysselinard (Auteur)

Albert Lebrun, né en 1871, est une incarnation vivante de la IIIe?République. Tout y est : naissance dans la classe moyenne rurale, ascension par l'excellence scolaire, double carrière locale et nationale dans la tradition du parlementarisme français, exaltation de l'expansion coloniale. Mais Lebrun reste surtout dans les mémoires comme le « dernier Président de la IIIe?République » : élu en 1932, réélu en 1939, il est confronté à la guerre, à la défaite et à l'effondrement du régime. Sur tout cela, Éric Freysselinard apporte quantité d'informations neuves et du plus haut intérêt. Il s'appuie entre autres sur un document exceptionnel : les carnets manuscrits de l'épouse d'Albert Lebrun, Marguerite, qui écrivit, depuis l'âge de treize ans jusqu'à six mois avant sa mort, de?1890 à?1947, une à deux pages chaque jour, représentant plus de dix mille pages. Cette enquête quasi exhaustive et riche de documents inédits constitue à ce jour la première biographie d'Albert Lebrun.
 
Éditeur ‏ : ‎ BELIN (11 septembre 2013)
Langue ‏ : ‎ Français
Broché ‏ : ‎ 592 pages
ISBN-10 ‏ : ‎ 2701182441
ISBN-13 ‏ : ‎ 978-2701182445
Poids de l'article ‏ : ‎ 840 g
Dimensions ‏ : ‎ 15 x 3.8 x 21.9 cm

LEBRUN ALBERT (1871-1950)


Homme d'État français, né le 29 août 1871 à Mercy-le-Haut (Meurthe-et-Moselle), mort le 6 mars 1950 à Paris.

Albert Lebrun accomplit sa scolarité au lycée de Nancy avant d'entrer à l'École polytechnique, dont il sort major, puis à l'École nationale supérieure des mines. Élu député de la Lorraine à partir de 1900, puis sénateur à partir de 1920, président du Sénat en 1931, président du Conseil général de Meuthe-et-Moselle de 1906 à 1932, président ou rapporteur de commissions parlementaires au cours de cette même période, il occupe également divers postes dans les gouvernements : ministre des Colonies (1911-1913, 1913-1914), ministre de la Guerre (1913) et ministre du Blocus et des Régions libérées (1917-1919).

Conservateur modéré et candidat de compromis, acceptable par tous, Lebrun est élu président de la République le 10 mai 1932, quand il s'agit de trouver un successeur à Paul Doumer, assassiné quelques jours plus tôt. Dans le rôle largement symbolique qui est le sien, Lebrun s'adapte facilement aux gouvernements de droite comme de gauche et s'abstient d'exercer son influence sur les nominations ministérielles et la politique du gouvernement. Le 15 avril 1939, il est réélu pour un second mandat.

Lorsque l'Allemagne envahit la France, Lebrun tente de préserver l'unité nationale face aux dissensions politiques au sein du gouvernement et à la menace militaire. Il ne parvient cependant pas à prendre les rênes du pays et se contente de suivre la décision prise par le cabinet en juin 1940, alors qu'il aurait personnellement préféré diriger un gouvernement en exil. Après le vote, en juillet, des pleins pouvoirs au maréchal Pétain, Albert Lebrun se retire à Vizille, près de Grenoble, avant d'être déporté au camp d'Itter, dans le Tyrol, en 1943-1944. En reconnaissant le général De Gaulle comme chef du gouvernement provisoire à la libération, Lebrun met lui-même un terme à sa carrière politique. Dans son autobiographie, intitulée Témoignage (1945), il tente d'éclaircir les événements troubles auxquels il a participé.


Albert Lebrun


Né le 29 août 1871 à Mercy-le-Haut (Meurthe-et-Moselle).

Député de Meurthe-et-Moselle de 1900 à 1920.
Sénateur de Meurthe-et-Moselle de 1920 à 1932.
Ministre des Colonies du 27 juin 1911 au 12 janvier 1913
Ministre de la Guerre du 12 au 21 janvier 1913.
Ministre des Colonies du 9 décembre 1913 au 9 juin 1914.
Ministre du Blocus et des Régions libérées du 23 novembre 1917 au 6 novembre 1919.
Président de la République du 10 mai 1932 au 11 juillet 1940.

Issu d'une famille de cultivateurs, né au lendemain de la guerre de 1870, Albert Lebrun sera toute sa vie marqué par le souvenir angoissant de cette défaite. Ses études furent tout spécialement brillantes. Après le lycée de Nancy, il présenta le concours d'entrée à Polytechnique, mais insatisfait du rang auquel il avait été reçu, il voulut démissionner ; il fallut l'insistance de certains de ses condisciples pour l'en dissuader. Ce fut heureux : il sortit major de sa promotion. Il sortit également premier de l'Ecole des mines.

Exigeant envers lui-même et extraordinairement scrupuleux, tel apparaît Albert Lebrun au seuil de sa vie politique et tel il demeurera tout au long de sa carrière.

C'est Alfred Mézières, alors député de Meurthe-et-Moselle, qui le poussa vers la politique et il entra dès 1892 au Conseil général où il représenta le canton d'Audin-le-Romain. Il devait en devenir le président en 1906.

Lorsque Alfred Mézières abandonna la Chambre des députés pour le Sénat, en 1900, Albert Lebrun se présenta au siège ainsi laissé vacant dans l'arrondissement de Briey, sous l'étiquette «républicain de gauche » et fut élu avec 7.909 voix. Il fut toujours facilement réélu, battant successivement Godfrin en 1902, Wendel en 1906, Gauche en 1910, Dangeau en 1914.

Il fut encore réélu en 1919, mais dès l'année suivante, il brigua le siège sénatorial laissé libre par le décès d'Alfred Mézières et fut élu le 20 janvier 1920, au premier tour, par 602 voix sur 1.070 suffrages exprimés, et réélu en 1924 par 961 voix sur 1.068 votants.

Son activité parlementaire fut intense. Dès 1903, il fut secrétaire de la Chambre des députés ; en 1913, il en fut élu vice-président. Il siégea à la commission des travaux publics et des chemins de fer, à la commission de répression du vagabondage, à la commission de l'armée, à la commission de la marine, à la commission des affaires extérieures, des colonies et protectorats, à la commission de réparation des dommages causés par les faits de guerre, à la commission du budget, qu'il présida en 1917.

Il suivit le développement des lignes de chemin de fer, se préoccupa du recrutement de l'armée active et territoriale, intervint dans les discussions budgétaires, s'intéressa à la situation des travailleurs étrangers en France et à la protection du travail national. On ne peut énumérer tous les textes qu'il déposa ou rapporta, toutes les discussions auxquelles il prit part.

Ministre des Colonies le 27 juin 1911 dans le cabinet Caillaux, il demeura à ce poste dans le cabinet Poincaré qui lui succéda, puis, dans ce même cabinet, accepta après bien des hésitations le portefeuille de la Guerre lors de la démission de M. Millerand. Il fut encore ministre des Colonies dans le cabinet Doumergue du 9 décembre 1913.

A la déclaration de guerre, il fut mobilisé comme chef d'escadron d'artillerie et reçut la Légion d'honneur le 28 avril 1915.

Cependant, Clemenceau, devenu président du Conseil en 1917, insista pour qu'il accepte le ministère du Blocus, puis celui des Régions libérées, poste dont il démissionna en 1919, étant en désaccord avec Clemenceau à propos de sa candidature en Meurthe-et-Moselle sur une liste où figurait Louis Marin.

Il fit devant la Chambre sa première intervention comme ministre des Colonies lors de la discussion de l'accord franco-allemand signé le 4 novembre 1911 à la suite du coup d'Agadir. Devenu sénateur, il poursuivit son ascension. Président de la commission de l'armée, il siégea aussi à la commission des finances. Régime fiscal des régions libérées, statut de l'école polytechnique, réparations dues aux victimes civiles de la guerre, création de l'office national de l'éducation physique et des sports, organisation du crédit mutuel et de la coopération agricole en Algérie, telles sont quelques-unes des questions auxquelles il s'intéressa.

Dès 1926, il fut élu vice-président du Sénat et réélu à ce poste chaque année. Cette même année 1926, il fut appelé par Poincaré à la présidence de la Caisse autonome d'amortissement, qu'il conserva pendant cinq ans.

Il songea à se présenter en 1927 à la présidence du Sénat, mais il s'effaça devant Paul Doumer, pour donner à cette élection le caractère d'un hommage national.

Quand Paul Doumer devint Président de la République, en 1931, Albert Lebrun lui succéda au fauteuil sénatorial, après une lutte serrée avec Jeanneney, qu'il battit au second tour par 147 voix contre 139. IL fut réélu l'année suivante, sans concurrent, obtenant 218 voix sur 224 suffrages exprimés.

Cette même année, le Président Doumer était assassiné. Albert Lebrun présida l'Assemblée Nationale qui se réunit le 10 mai à Versailles pour lui donner un successeur. La grande majorité de l'Assemblée Nationale était décidée à élire Albert Lebrun, qui recueillit effectivement, dès le premier tour, 633 voix sur 777 suffrages exprimés, Paul Faure ayant eu 114 voix, Painlevé 12 voix, et divers autres 18 voix en tout.

En 1939, à la fin de son premier septennat, Albert Lebrun accepta d'être à nouveau candidat, se rangeant à l'avis de nombreux hommes politiques qui estimaient indésirable une compétition présidentielle à un moment de tension internationale particulièrement vive. Il fut réélu le 6 avril, obtenant 506 voix pour une majorité requise de 453, seul Justin Godard s'étant maintenu contre lui, prenant prétexte de ce qu'il n'avait pas fait de lui-même acte de candidature.

A l'Elysée, Albert Lebrun connut peu de moments heureux. Si l'on excepte les voyages dans les départements, qui resserrèrent l'unité nationale, la réception des souverains anglais et le voyage à Londres, qui accentuèrent l'entente cordiale, il n'est que de citer quelques événements bien connus pour montrer combien l'élément dramatique domina cette période : 6 février 1934, à la suite duquel il appela Gaston Doumergue à la tête du ministère, Front populaire de 1936, avec son cortège de grèves et d'occupations d'usines, dévaluation du franc, plébiscite de la Sarre, assassinat du roi de Yougoslavie, guerre d'Ethiopie, remilitarisation de la rive gauche du Rhin, guerre d'Espagne, Anschluss, Munich, et la montée vers la Deuxième Guerre mondiale.

Albert Lebrun, heurté dans ses convictions profondes pendant la période de Front populaire, songea à démissionner. Il estima cependant préférable de demeurer à son poste où il pouvait peser de tout son poids, dans le respect des règles constitutionnelles, sur les décisions prises dans les conseils ministériels. Vint la guerre. Le second septennat fut brutalement interrompu. Au soir du 16 juin 1940, à Bordeaux, soucieux de respecter les procédures constitutionnelles, Albert Lebrun accepta la démission de M. Paul Reynaud, une majorité qui envisageait l'ouverture de pourparlers avec les Allemands s'étant dessinée. Le maréchal Pétain fut appelé.

Après avoir préparé son départ pour Perpignan et l'Afrique du Nord, le Président Lebrun se retrouva finalement à Vichy, avec la presque totalité des parlementaires. Le 10 juillet, l'Assemblée Nationale accorda les pleins pouvoirs au maréchal Pétain. S'estimant lié par ce vote, le Président Lebrun s'inclina, mais ne pouvant poursuivre son mandat jusqu'à son terme, il refusa du moins de signer la moindre lettre de démission.

Biographie extraite du dictionnaire des parlementaires français de 1889 à 1940 (Jean Jolly)

Albert Lebrun (1871 - 1950), Président absent


Le 10 mai 1932, suite à la mort tragique de Paul Doumer, les parlementaires des deux Chambres, réunis en Congrès à Versailles, selon la coutume, élisent à la présidence de la République le modéré et discret Albert Lebrun (61 ans), polytechnicien et ingénieur des Mines.

Le nouvel élu va devoir encaisser les émeutes de février 1934, la déflation de Laval, le Front populaire avec des menaces extérieures sans cesse croissantes.

Réélu pour un second mandat le 10 mai 1939, il n'aura cependant aucune prise sur les événements tragiques de l'époque et se résoudra à appeler le Maréchal Pétain à la présidence du Conseil au plus fort de l'invasion allemande en juin 1940.

Le 10 juillet 1940, il quittera sa charge sans mot dire, abandonnant les pleins pouvoirs au Maréchal. N'ayant pas démissionné de facto, il caressera un moment l'espoir de retrouver sa charge à la Libération mais reviendra très vite à la réalité.

Il reste d'Albert Lebrun un mot assassin du général de Gaulle dans ses Mémoires de guerre : « Comme chef d'État, deux choses lui avaient manqué : qu'il fut un chef, qu'il y eut un État ».