23 décembre 1588 : Henri de Guise est assassiné (Bonus : le film de 1908)
« Les uns lui saisissent les deux bras,
d'autres lui tirent son épée et poignard, un lui lance un coup de poignard dans
la gorge... » Soudain, le roi apparaît. « L'épée nue au poing, aborde ce corps, déjà
transi, et d'une voix transportée, et d'une action pire que celle d'un
démoniaque, frappant du pied sur l'estomac, sur la gorge, et sur la face de ce
pauvre prince, lui disait : "Nous ne sommes plus deux, je suis roi maintenant
!" »
Le
duc Henri de Guise, lieutenant
général du royaume, chef de la Ligue, tout-puissant à Paris, est assassiné, en ce petit matin
du 23 décembre 1588, au seuil du cabinet du roi du château de Blois.
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Cette même année, encouragé
par le roi d'Espagne, Henri de Guise a obligé Henri III à convoquer pour la
deuxième fois les États Généraux. Cinq cents députés y participent, presque
tous acquis aux Guise qui comptent obtenir d'eux la déchéance du roi. Henri III
ne voit plus que l'assassinat pour se débarrasser de son rival.
Parmi les quarante-cinq gentilshommes sans fortune, (derniers fidèles d'Henri
III), vingt ont été choisis pour abattre le duc. Huit d'entre eux, armés de
poignards qu'ils dissimulent sous leurs manteaux, se tiennent dans la chambre
du roi. Les douze autres, armés d'épées, se cachent dans le cabinet vieux. Deux
prêtres sont dans l'oratoire du cabinet neuf : le roi les fait prier pour la
réussite de l'entreprise. Le secrétaire d'Henri III prévient alors Guise que le
roi le mande dans le cabinet vieux. Pour gagner ce cabinet, il faut traverser
la chambre du roi.
Le duc y
pénètre et les spadassins le saluent. Il se dirige vers la gauche. Un couloir
précède le cabinet. Guise ouvre la porte et aperçoit les gens qui l'attendent,
l'épée à la main. Il veut reculer, mais les huit hommes de la chambre lui
coupent la retraite. Ils se jettent sur leur victime, la saisissent aux bras et
aux jambes, roulent son manteau autour de son épée. Le duc renverse quatre des
agresseurs, en blesse un cinquième avec son drageoir. Il entraîne la meute
jusqu'au bout de la chambre et revient tomber près du lit du roi en gémissant :
« Miserere mei Deus ».
Le roi, écartant la tenture derrière laquelle il s'était caché, se serait écrié
à la vue du corps de son rival : "Mon Dieu, qu'il est grand ! Il parait
encore plus grand mort que vivant !".
En fouillant le cadavre, on découvre une lettre contenant ces mots : « Pour
entretenir la guerre civile en France, il faut 700 000 livres tous les mois. »
Le roi descend alors chez sa mère, Catherine de Médicis, et lui annonce
joyeusement : « Je n'ai plus de compagnon, le roi de Paris est mort. » La
conscience en paix, Henri III va entendre une messe d'action de grâces dans la
chapelle Saint-Calais. Le lendemain, le cardinal de Lorraine, frère du duc,
enfermé aussitôt après le meurtre dans un cachot, est assassiné à son tour. Son
corps va rejoindre celui de Guise dans une salle du château. Les deux cadavres
sont ensuite brûlés et leurs cendres jetées à la Loire. La reine
mère ne survivra pas longtemps au drame. Quant à Henri
III, huit mois plus tard, il tombera sous le poignard de Jacques
Clément.