16 juillet 1875: la IIIème République se dote d'une Constitution écrite


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Création de la IIIe République

La République est proclamée le 4 septembre 1870. Certains députés républicains de Paris comme Jules Ferry ou Gambetta l'appellent le « Gouvernement de la Défense nationale » ; c'est un gouvernement provisoire issu de la capture de Napoléon III à Sedan, consécutive de la défaite de la guerre de 1870 qui a conduit les socialistes d’Auguste Blanqui à mener une insurrection contrée par les républicains, dont Léon Gambetta.

Malgré cette avancée des Républicains, les élections de 1871 conduisent à une victoire des royalistes. Néanmoins, c'est aussi une petite victoire des Républicains. Thiers est nommé « Chef du pouvoir exécutif de la République française », par une loi du 31 août 1871. Mais l’importance quantitative des monarchistes semble remettre en cause les intentions républicaines, tout comme le régime parlementaire.

Ainsi, alors que la guerre contre la Prusse se poursuit, le Président de la République, Thiers, signe la paix en 1871 avant d'être contraint à la démission quelques temps plus tard. En effet, l’Assemblée, de tendance monarchiste et conservatrice, souhaite accroître son pouvoir sur celui du président et vote pour cela la loi de Broglie le 13 mars 1873 qui permet d’atténuer les pouvoirs de Thiers. Face au retour de la monarchie, Thiers affronte l’Assemblée, qui votera finalement sa révocation. Mac Mahon, prend provisoirement sa place ; il est donc nommé pour 7 ans (selon la loi du septennat votée le 20 novembre 1873).

Le 30 janvier 1873 est voté l’amendement Wallon visant à distinguer la présidence de la République de Mac Mahon : l'amendement dépersonnalise le septennat et en fait une mesure ordinaire. L’amendement stipule donc que « Le président de la République est élu à la majorité absolue des suffrages par le Sénat et la Chambres des députés réunie en Assemblée nationale. Il est nommé pour sept ans ; il est rééligible. »

Caractéristiques de la Constitution

Le sentiment d’une instauration provisoire de la République en vue d’un prochain retour à la monarchie a conduit à l’élaboration d’un compromis entre la monarchie constitutionnelle et la République. Ainsi, la Constitution de 1875 est peu structurée et ne comporte que 34 articles, laissant à la coutume la mise en pratique du reste. Sa procédure de révision est relativement facile à mettre en pratique : « les Chambres auront le droit, par délibérations séparées, prises dans chacune à la majorité absolue des voix, soit spontanément, soit sur la demande du Président de la République, de déclarer qu’il y a lieu de réviser les lois constitutionnelles ». Les révisions devront être adoptées à la majorité absolue des membres composant chacune des Chambres. L’initiative viendra du Président de la République, ou de l’une ou l’autre des Chambres.

Afin de satisfaire à des impératifs démocratiques et républicains, mais pour renforcer le régime parlementaire, un modèle de type orléaniste est envisagé. 

Parlement

Cet organe se compose de deux chambres, celle des députés, et celle des sénateurs. Ce bicaméralisme doit permettre de tempérer l’un est l’autre des organes constitutifs du Parlement.

Le fonctionnement du Sénat est fixé par trois lois constitutionnelles de 1875, qui font de cet organe le principal contre balancier du pouvoir des députés.

Composé de 300 membres, le Sénat comprend 75 membres nommés à vie par l’Assemblée nationale lorsqu’elle élabore les lois constitutionnelles, puis par le Sénat lui-même. Les 225 autres sénateurs sont élus pour 9 ans, par un collège électoral au suffrage universel indirect par les députés, les conseillers généraux, etc. Leur mandat est renouvelable par tiers tous les 3 ans. L’âge minimum requis pour être élu est de 40 ans. La répartition des sièges révèle la prédominance des campagnes sur les villes, considérées comme conservatrices ; Gambetta veut donc créer un « Grand Conseil des communes françaises ».

« Le pouvoir législatif s’exerce par les deux Assemblées ». Le bicaméralisme doit créer un équilibre entre les deux chambres. Néanmoins, le Sénat occupe une place importante car il dispose de l’initiative des lois ainsi que de leur vote, ce qui leur permet d'influer considérablement sur les décisions des députés. Le Sénat contrôle donc en quelque sorte la chambre des députés, et peut provoquer sa dissolution par l’intermédiaire du Président de la République. Aussi, le Sénat ne peut être dissous, ce qui ajoute à sa supériorité.

Exécutif

Il existe une dualité au sein du pouvoir exécutif, qui s'exerce entre part le Chef de l’Etat et le Cabinet ministériel.

Nommé pour 7 ans par l’Assemblée nationale, le chef de l’Etat est indéfiniment rééligible, et irresponsable, sauf en cas de haute trahison. Au contraire, ses actes doivent être contresignés par un ministre qui en assume la responsabilité. Parmi ses attributions :

·         Il dispose de l’initiative des lois et les promulgue.

·         Il nomme aux emplois civils et militaires, dispose de la force armée (mais la déclaration de guerre ne avoir qu’après l’approbation des deux chambres).

·         Il ne peut procéder à une dissolution puisque la volonté du peuple, représentée par la chambre des députés, ne peut être discutée. Les ministres sont quant à eux individuellement responsables de leurs actes devant les Chambres. Le principe de solidarité ministérielle donne une grande importance à la collégialité : tous les ministres sont unis par leur programme politique et par leurs actions. Néanmoins, si un comportement individuel est à l'origine d'une responsabilité, le principe de solidarité ministérielle ne s'applique pas. La fonction de président du Conseil n’est alors pas instaurée, après sa suppression par Louis-Napoléon Bonaparte en 1849. Ce n’est que le 9 mars 1876 que la fonction sera rétablie.