8 mars 1824 : Mort de Cambacérès

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Juriste compétent, bon vivant notoire et révolutionnaire prudent, Jean-Jacques Régis de Cambacérès aura, par son intelligence et sa modération, traversé les régimes et accumulé les honneurs.

Né le 18 octobre 1753 à Montpellier dans une famille de magistrats appartenant à la vieille noblesse de robe de la ville, il y fait ses études de droit et est reçu avocat à l'âge de dix-huit ans. Conseiller à la cour des comptes de Montpellier sous l'Ancien Régime, il échoue à se faire élire aux États généraux de 1789, devient président du tribunal criminel de l'Hérault puis, enfin, en 1792, député du département à la Convention.

Lors du procès de Louis XVI, il vote la mort du roi mais demande le sursis de la peine. Il dénonce la défection de Dumouriez dans un rapport présenté à la Convention le 26 mars 1793, demande l’arrestation des Girondins, évite de se compromettre pendant la Terreur et refuse même de s’associer à Tallien et Barras pour abattre Robespierre. Il se consacre surtout à l’élaboration du nouveau droit et à la rédaction du premier projet de Code civil.

En 1794, il préside la Convention avant de présider le Conseil des Cinq-Cents sous le Directoire dont il est écarté quelques mois plus tard, suspecté de royalisme. Le revirement du 30-Prairial an VII marque sa rentrée dans la vie publique. Il devient ministre de la Justice, le 20 juillet 1799, avec l'appui de Sieyès, dont les projets de coup d'état ont sa totale approbation. Il conserve ses fonctions après le 18-Brumaire. Cambacérès inspire une telle confiance à Bonaparte que ce dernier le fait choisir par Sieyès comme deuxième consul.

Le 27 floréal an XII, à la tête du Sénat qu'il préside, il présente à Napoléon Bonaparte le sénatus-consulte qui le proclame Empereur des français. Nommé archichancelier, ce qui fait de lui en théorie le deuxième personnage de l’Etat (bien que Joseph soit, en titre, Lieutenant-général de l'Empire), il sera alors l’un des principaux conseiller de Napoléon. Cambacérès s’efforce de modérer sa passion pour la guerre, d’empêcher la mort lu duc d’Enghien et de détourner l’Empereur de la campagne de Russie.

Outre son titre d’archichancelier, il est président du Sénat à vie, prince et altesse sérénissime, duc de Parme, conseiller d'État, membre du conseil privé et du grand conseil de la Légion d'Honneur. C’est tout naturellement qu’en 1814, Marie-Louise l’appelle à présider le Conseil de Régence.

Rallié aux Bourbons en 1814, de nouveau ministre de la Justice pendant les Cent-Jours, il est proscrit au retour de Louis XVIII comme régicide et radié de l’Académie française où il avait été élu en 1803. Il se fixe alors à Bruxelles jusqu'en 1818, année où il obtient l'autorisation de revenir en France.

Cambacérès, qui a amassé une énorme fortune, décède à Paris le 8 mars 1824 dans son somptueux hôtel de la rue de l’Université et est inhumé au cimetière du Père Lachaise. Vaniteux, il avait fait inscrire en grosses lettres dorées sur la façade son hôtel : Hôtel de son altesse sérénissime le duc de Parme. Son goût immodéré pour les tenues chamarrées et sa manie des décorations avaient fait de lui la risée de la Capitale malgré sa position, ses talents et ses dîners fameux. Franc-maçon, Jean-Jacques Régis de Cambacérès, initié à la "Loge Ancienne et de la Réunion des Elus" de Montpellier, devint vénérable de la loge parisienne "Saint-Jean de la Grande Maîtrise", puis grand maître du Grand Orient de France. Napoléon, souhaitant contrôler la Franc-maçonnerie, l’avait nommé en 1806, Souverain Grand Commandeur du Suprême Conseil de France du Rite Écossais Ancien et Accepté, à la place du comte Auguste de Grasse-Tilly.