DE 1870 A 1914: TEMPS DES REPUBLICAINS

La France de 1870 à 1914 inaugure un temps long de la République. Le pays se plonge dans la politique et découvre sa capacité de changement. Un processus démocratique est à l'oeuvre, malgré les crises de régime, les assauts monarchistes, les tentations autoritaires, les menaces nationalistes et l'ombre de la guerre en Europe. Des questions nouvelles sont posées aux Français qui s'en emparent et défendent leurs libertés dans la République. La République imaginée raconte et explique ce moment politique fondateur. Par sa richesse, sa profondeur et sa complexité, il constitue une période essentielle de la France contemporaine et de sa modernité sociale autant qu'intellectuelle, culturelle, esthétique. L'ouverture de la société au monde - que ne peut résumer à elle seule une colonisation impériale et destructrice -, l'expérience politique, les engagements démocratiques, les expériences éducatives, la découverte des espaces et des temps fondent une histoire très présente qui s'exprime ici par le texte, l'image et le document.


1870 04/09 dimanche  : Proclamation de la République. A la nouvelle du désastre, une foule en colère s'amasse place de la Concorde, la population s'en prend aux symboles du régime. Chute de Napoléon III et effondrement du Second Empire.  Révolution douce. Gambetta proclame, sous la pression populaire, la Troisième République. Gouvernement provisoire "de Défense" mis en place à partir des députés (républicains modérés) de Paris (général Trochu, Thiers, Gambetta, Jules Ferry). Il s'agit pour la bourgeoisie de couper l'herbe sous le pied du mouvement populaire qui commence à émerger en faveur de la République, de l'égalité sociale, de la résistance à l'occupant. Liberté de la presse. Manifestations menées par des femmes (les ambulancières de Montmartre, venues en aide aux blessés, prennent le fusil pour aller combattre). Les Prussiens rentrent dans Reims. À Paris, le peuple (Garde nationale, armée de réserve faite de civils pour compléter l'armée d'active) commence à s'armer pour résister au siège prussien. Lyon s'érige en commune.

1870 07/09  : le gouvernement de la Défense nationale nomme les maires d'arrondissements de Paris. Cela contribue fortement à promouvoir la bataille pour la démocratie et les libertés communales. Les internationaux (AIT) convoquent une assemblée des Républicains pour mettre en place des comités de défense et de vigilance autour des maires nommés.

1870 13/09  : formation à Paris du Comité central républicain des vingt arrondissements (Jules Vallès). Il regroupe les 4 délégués de chaque comité de vigilance créé dans les arrondissements pour contrôler les maires. Son programme va bien au-dela de celui de la Garde nationale, mais il bénéficie d'une moins grande popularité.

1870 14/09  : "première affiche rouge" du Comité des 20 arrondissements avec son programme en quatre points : dissolution de la police centralisée, expropriation des stocks de denrées alimentaires, défense de Paris avec élections des chefs, défense des départements par la levée en masse.

1870 19/09  : les troupes prussiennes (180 000) encerclent Paris et établissent leur quartier général à Versailles. La ville est isolée, le siège commence. La nouvelle République bourgeoise est très vite accusée de trahison par la population parisienne qui subit des conditions de siège de plus en plus difficiles.

1870 05/10  : Gustave Flourens fait défiler 10 000 hommes en armes, bataillons de la Garde nationale, qui viennent du quartier de Belleville.

1870 07/10  : Conditions de siège de plus en plus difficiles. Gambetta quitte Paris en ballon.

1870 27/10  : Bazaine capitule avec son armée à Metz.

1870 28/10  : échec d'une première sortie de Paris en direction du Bourget.1870 30/10  : mouvement insurrectionnel à Paris. Le peuple (Flourens avec ses Bellevillois) s'empare de l'Hôtel de ville de Paris contre le gouvernement de trahison nationale. L'Hôtel de ville est repris par l'armée dans la soirée. Protestations contre la capitulation traîtresse de Bazaine à Metz. L'élection d'une Commune est demandée.

1870 31/10  : Louise Michel est dans la grande manifestation face à l'hôtel de Ville criant "Vive la Commune !".

1870 03/11  : les Parisiens plébiscitent le gouvernement de la défense nationale (321 000 oui, 52 000 non). Le gouvernement Gambetta se replie à Bordeaux.

1870 05-07/11  : élection de municipalités d'arrondissement. Clemenceau, radical, maire de Montmartre.

1870 14/11  : siège de Belfort. Denfert-Rochereau résiste jusqu'au 29/01/1871.

1870 01/12  : Louise Michel est arrêtée à la suite d'une manifestation de femmes.

1870 03/12  : échec d'une sortie de Paris en direction de Champigny.

1870 21-22/12  : second échec des Parisiens d'une tentative de percée sur le Bourget.

1871 05-01  : début du bombardement de Paris assiégé. Hiver particulièrement froid.

1871 10-12/01  : défaite du plateau d'Auvours à l'Est du Mans (général Chanzy).

1871 20/01  : percée venant de Paris assiégé vers Buzenval et Montretout, sans grande conviction du côté du commandement. Opération meurtrière et sans résultat.

1871 22/01  : émeutes à Paris devant l'Hôtel-de-Ville pour protester contre l'échec de la sortie de Buzenval (Louise Michel fait feu sur l'Hôtel-de-Ville). Les gardes nationaux réclament la "guerre à outrance".

1871 28/01  : Signature de l'armistice et capitulation du gouvernement provisoire de la France (occupation des forts, désarmement de l'enceinte fortifiée de Paris, paiement de 200 millions en quinze jours). La population parisienne est exaspérée car le gouvernement de la République, formé au lendemain de la défaite de Sedan, demande l'armistice aux Prussiens alors qu'il avait été créé pour se battre contre eux. Refus des Parisiens de se rendre. La garde nationale (180 000 hommes) conserve ses fusils et surtout ses canons. le mot d'ordre est "trahison de la défense nationale".

1871 06/02  : Gambetta démissionne. Les Prussiens descendent les Champs-Elysées déserts. Paris a pris son manteau de deuil et le crêpe noir flotte aux balcons des mairies d'arrondissement. Les troupes victorieuses font un petit tour et puis s'en vont, laissant la place à la fureur populaire.

1871 16/02  : l'Association internationale des travailleurs ordonne l'insurrection de Paris.

1871 08/02  : Elections. L'une des conditions imposée par les Prussiens lors de la capitulation de Paris est l'organisation d'élections afin de désigner une nouvelle Assemblée nationale dans la France occupée. Il s'agit de constituer un pouvoir doté d'une certaine légitimité institutionnelle, afin de valider la capitulation. Le scrutin débouche sur une Assemblée particulièrement réactionnaire, représentative de la France rurale et conservatrice et aux antipodes de l'effervescence révolutionnaire que connaît la capitale depuis plusieurs mois : majorité de 450/750 monarchistes et de conservateurs de la province qui désirent la paix. Majorité républicaine à Paris (députés : Louis Blanc, Hugo, Gambetta, l'exilé Garibaldi, ouvrier Benoît Malon, membre de l'Internationale, Clemenceau).

1871 14/02  : première session de l'Assemblée à Bordeaux qui se dispose à signer une paix honteuse et médite une restauration pour mater Paris révolutionnaire. La République est en danger.

1871 15/02  : l'Assemblée de Bordeaux prend une série de mesures pour mater Paris révolutionnaire : Elle supprime la modique solde de 30 sous qui fait vivre depuis le siège les gardes nationaux. Suppression des moratoires concernant les loyers et les effets de commerce qui touche les ouvriers, les artisans et le petit commerce. Il n'y a plus d'argent à Paris.

1871 17/02  : l'Assemblée confie l'exécutif à Adolphe Thiers, détesté des Parisiens. Il devient chef du gouvernement.

1871 28/02  : troisième fugue de Rimbaud qui se dirige vers Paris.

1871 mars-mai  : la Commune de Paris. La population est exténuée par quatre mois de siège. La Commune va durer 9 semaines.

1871 01/03  : l'Assemblée nationale ratifie à Bordeaux les préliminaires de paix. Entrée des troupes prussiennes dans les quartiers ouest de Paris. Ils défilent sur les Champs-Élysées.

1871 03/03  : la garde nationale (ouvriers mobilisés) est indignée devant la capitulation. Constitution du Comité central de la garde nationale, organisation en Fédération (les fédérés).

1871 06/03  : Vinoy, gouverneur militaire de Paris, suspend six journaux révolutionnaires et ferme les clubs.

1871 03/03  : l'Assemblée décide de s'installer à Versailles, la ville des rois, évacuée par les Prussiens, plutôt qu'à Paris.

1871 15/03  :  Le Comité Central est composé par des "obscurs" pour défendre la République. Il regroupe des délégués de bataillons et jouit d'un grand prestige malgré la mollesse de son programme qui porte essentiellement sur la défense de la République.

1871 17/03  : arrestation de Blanqui par hasard en province. Blanqui pense que la révolution peut être accomplie par des petits groupes organisés en sociétés secrètes prônant l'action violente.

1871 samedi 18/03  : Soulèvement parisien : début de la Commune (-> 27/05/1871). Afin d'affirmer son pouvoir, Thiers décide de désarmer Paris, de la purger de "tous les rouges".

1871 samedi 18/03 3h  : les troupes gouvernementales (4000, 88e de ligne) s'emparent des canons de la Garde nationale parisienne sur la butte Montmartre mais échouent en les descendant.

1871 samedi 18/03 10 h 30  : la butte est reprise par la foule et les gardes nationaux. Des soldats hésitent à tirer sur le peuple malgré les exhortations de leurs officiers. Certains mettent crosse en l'air. Fraternisation du 88e de ligne avec les insurgés. Deux généraux, Lecomte qui avait ordonné de tirer sur la foule et Thomas, sont fusillés malgré les efforts de Clemenceau. Thiers refuse toute négociation, donne l'ordre d'évacuer la ville et fait évacuer le gouvernement à Versailles pour ne pas se trouver prisonnier. Des colonnes populaires s'emparent des principales casernes. La prise de pouvoir n'a pas été organisée, il n'existe pas de parti révolutionnaire organisé. Le Comité central de la Garde nationale, qui n'a joué aucun rôle dans la journée, désemparé par un pouvoir involontairement recueilli, s'installe le soir à l'Hôtel de Ville. Il ne veut pas garder le pouvoir. L'horreur qu'il a de l'illégalité le pousse à organiser au plus vite des élections fixées au 22 mars.

1871 20/03  : le Comité central de la garde nationale fait occuper les fortifications et les forts du sud : Ivry, Bicêtre, Montrouge, Vanves, Issy. Ces mesures sont facilitées par la fuite de la haute administration et de l'armée.

1871 23/03  : proclamation de la Commune à Lyon et à Marseille (sous l'impulsion de Crémieux).

1871 26/03  : Les élections municipales s'accomplissent dans la légalité sous l'égide du Comité central de la Garde nationale, les maires y ayant consenti. Le Comité central proclame : "Portez vos préférences sur ceux qui ne brigueront pas vos suffrages, le véritable mérite est modeste, et c'est aux électeurs à connaître leurs hommes, et non à ceux-ci de se présenter". Les élus doivent être mandatés et révocables à tout moment. Election d'un conseil municipal qui prend le nom de Commune. La moitié des électeurs (230 000) votent (Paris divisé entre nord et est, populaires, et sud et ouest). L'extrême gauche révolutionnaire forme l'essentiel de l'assemblée (33 prolétaires sur 79 membres). La révolution communale ne fait pas l'unanimité. Le gouvernement et l'Assemblée nationale ne reconnaissent pas ce scrutin. Blanqui, absent car arrêté, est largement élu dans la XVIIIe (Montmartre). Victor Hugo démissionne de l'Assemblée de Bordeaux et prend parti pour la Commune. La Commune au Creuzot.

1871 28/03  : Installation du Conseil de la Commune de Paris. Proclamation solennelle de la Commune à l'Hôtel de Ville de Paris (100 000 personnes). La Commune de Paris reçoit le pouvoir du comité central mais celui-ci se maintient. Commune de Paris : adoption du drapeau rouge, retour du calendrier créé par la Révolution française, démocratie communaliste fonctionnant du bas vers le haut combinant suffrage universel et démocratie directe, en garantissant le multipartisme, la liberté de la presse et de réunion ainsi que le contrôle et la révocabilité des élus. On refuse pourtant la publicité des séances de l'assemblée communale. Louise Michel, clairvoyante, pense qu'il faut s'emparer de la banque.

1871 29/03  : la Commune décide d'annuler les trois derniers termes de loyer et d'arrêter les poursuites pour impayés. Le Conseil de la Commune organise 10 commissions (le marxiste Léo Frankel, juif hongrois, à la commission du Travail de l'Industrie et des Echanges), sorte de ministères. La commission exécutive joue le rôle de gouvernement. Versement d'une pension aux blessés ainsi qu'aux orphelins et veuves des gardes nationaux blessés.

1871 02/04  : la Commune fixe le maximum des traitements des fonctionnaires et interdit le cumul des fonctions. Escarmouche avec les Versaillais au Mont-Valérien. Des fédérés faits prisonniers sont fusillés pour la première fois. A partir de ce jour, Louise Michel se consacre essentiellement à la défense armée de la Commune.

1871 03/04  : 40 000 Parisiens tentent une triple sortie (Bougival arrêtés au Mont-Valérien, Eudes à Meudon, Duval à Châtillon). Séparation de l'Eglise et de l'Etat, confiscation (non mise en pratique) des biens des congrégations. Les signes religieux sont enlevés des salles de classe. Droit d'accès égal des filles et des garçons à l'éducation. Quelques municipalités d'arrondissement rendent l'école gratuite.

1871 04/04  : Premier combat sérieux de la Commune de Paris. Deux chefs militaires de la Commune (Flourens et Emile Duval, ouvrier fondeur en fer, blanquiste et membre de l'Internationale) faits prisonniers sont exécutés.

1871 05/04  : La Commune vote un décret sur les otages. Prise de 74 otages par les communards dont l'archevêque de Paris. La libération de Blanqui est réclamée à Thiers par la Commune en échange de tous les otages pris. Début du siège de Paris par l'armée de Versailles. Mise en place, dans chaque arrondissement, de bureaux où se confrontent les offres et demandes d'emplois.

1871 11/04  : constitution de l'Union des femmes pour la défense de Paris et les soins aux blessés avec Nathalie Lemel et Elisabeth Dmitrieff.

1871 16/04  : Décret sur les ateliers abandonnés. Dans une logique de généralisation de l'association ouvrière, la Commune confisque les ateliers abandonnés pour les remettre à des associations ouvrières (en indemnisant les propriétaires lorsqu'ils reviendront selon un montant fixé par un "jury arbitral"). Une des mesures de la Commune dont le caractère socialiste est le plus manifeste. Les chambres syndicales ouvrières, la principale force de l'Internationale, refont surface pour appliquer le décret. Le peintre Courbet rentre à la Commune et sous son impulsion se forme une fédération des artiste parisiens (Corot, Courbet, Daumier, Manet, Millet, Dalou).

1871 19/04  : Déclaration au peuple français. Votée à l'unanimité (moins une voix), cette déclaration constitue le programme de la Commune en matière d'organisation du pouvoir : "autonomie absolue de la Commune étendue à toutes les localités de France".

1871 30/04  : tentative d'insurrection "anarchiste" de partisans du révolutionnaire russe Bakounine à Lyon. A Paris, les francs-maçons font une tentative de conciliation. 

1871 fin avril  : à Paris, les clubs où l'on pratique "l'enseignement du peuple par le peuple", s'installent dans les églises et prétendent exercer un contrôle sur les actes de la Commune.

1871 01/05  : Comité de Salut public. Après des échecs militaires, la Commune décide de créer un "Comité de salut public" est créé provoquant une cassure dans l'assemblée communale entre une courte majorité de "jacobins" et une minorité des jeunes socialistes qui quittent l'assemblée. C'est l'aboutissement de nombreux débats qui se sont déroulés au cours du mois d'avril et qui ont opposé partisans et adversaires d'une centralisation plus ou moins poussée du pouvoir. L'objectif est d'instaurer un peu d'efficacité dans le fonctionnement de la Commune qui repose sur dix commissions collectives sans forcément de cohérence d'ensemble. Mais, de fait, les attributions à la fois mal définies et importantes du Comité de salut public vont interférer avec les prérogatives des commissions.

1871 09/05  : le fort d'Issy succombe après deux semaines de combat. La bataille des fortifications est perdue par la Commune. Dès lors Paris est investi, bombardé. 

1871 21/05  : 15 h : 70.000 Versaillais pénètrent par surprise dans la capitale par la porte de Saint-Cloud. Ils progressent à l'aise dans le Paris des riches. Semaine sanglante. Les Versaillais progressent à partir de l'ouest parisien, prenant d'abord le contrôle des Champs-Elysées, des quartiers Saint-Lazare et Montparnasse.

1871 22-28/05  : Bataille rue par rue (500 à 600 barricades). La seule stratégie des Communards est de tenir les barricades. Delescluze, délégué à la guerre, lance un appel : "l'heure de la guerre révolutionnaire a sonné". 877 morts Versaillais, 4 000 morts fédérés. 3 500 Parisiens fusillés sans jugement, 43 522 arrestations officielles (1 090 femmes). Jean-Baptiste Clé (Le temps des cerises) tient la dernière barricade, rue de la Folie-Méricourt. Dernier épisode de la Commune: les derniers insurgés, qui ont eux-mêmes fusillé leurs prisonniers, se retranchent dans le cimetière du Père Lachaise. 

1871 24/05  : les Versaillais occupent la place de l'Hôtel de Ville qui brûle (on brûle la maison du peuple, le siège du pouvoir révolutionnaire, plutôt que de la perdre). Louise Michel se livre pour libérer sa mère emprisonnée à sa place. Comme femme, elle échappe à la peine de mort.

1871 25/05  : deux jours pleins de combat autour du canal Saint-Martin. Combats acharnés Place de la République. Delescluze, responsable militaire de la Commune, est tué. Seuls les quartiers du nord-est de Paris sont toujours tenus par les Communards.

1871 26/05  : La place de la Bastille tombe. Les Versaillais prennent le contrôle du faubourg Saint-Antoine. 

1871 dimanche 28/05  : Défaite de la Commune. Belleville tombe. Eugène Varlin, relieur, principal animateur de l'Internationale parisienne, est fusillé. Chute de la dernière barricade, rue Ramponeau, à Belleville. La légende veut qu'un homme seul y ait résisté plusieurs heures. Mac-Mahon : "l'ordre le travail, la sécurité vont renaître". Les derniers insurgés se retranchent dans le cimetière du Père-Lachaise. 147 communards y sont fusillés et sont mis dans une fosse commune qui recueille au moins un millier de cadavres.

1871 29/05  : 1 900 personnes sont fusillées par les Versaillais à la Roquette. Capitulation au fort de Vincennes. A la fin du mois de mai, l'ordre est définitivement rétabli, au prix de 30 000 morts.  De nombreux intellectuels applaudissent au massacre des communards (Le Comte de l'Isle, Flaubert, Alexandre Dumas fils).

1871 juin  : caché dans Paris, où la répression continue, Eugène Pottier, petit patron d'une entreprise de dessins sur étoffe, écrit les couplets de l'Internationale.

1871 02/07  : élections partielles. 99 élus républicains sur 114 sièges. Prélude au lent revirement de l'opinion pour la République.

1871 17/08- 22/09  : grand procès des Communards. Bilan de la Commune : entre 20 000 à 30 000 Parisiens tués au combat ou exécutés, 1000 Versaillais morts. 40 000 arrestations. Pendant 15 ans va se trouver un vide, pendant lequel le mouvement politique de la classe ouvrière connaitra (à l'exception de l'Allemagne) un recul certain par rapport à la période 1864-1871.

1871 septembre  : Rimbaud rencontre Verlaine (Le bateau ivre).

1872  : Cézanne et Pissarro à Auvers-sur-Oise. Monet peint Impression, soleil levant (impressionnisme).

1872 septembre  : congrès anarchiste de Saint-Imier (Bakounine). Congrès de l4internationale antiautoritaire. Il se donne pour objectif la destruction de tout pouvoir politique par la grève révolutionnaire.

1872 05/11  : départ de 580 déportés de la Commune vers la Nouvelle-Calédonie.

1873  : Amédée Bollée achève, au Mans, sa première voiture à traction vapeur : l'Obéissante. Mac-Mahon, vainqueur de la Commune, remplace Thiers à la présidence.

1873 28/08  : Condamnée à six ans de réclusion, Louise Michel est emmenée en Nouvelle-Calédonie sur le Virginie pour quatre mois de traversée.

1875 30/01  : sous la présidence du maréchal  Mac-Mahon : L'amendement Wallon est un amendement voté par l'Assemblée nationale française le 30 janvier 1875, instaurant, dans le cadre de la Troisième République, l'élection du président à la majorité absolue des suffrages par le Sénat et par la Chambre des députés réunis en « Assemblée nationale ». L'amendement d'Henri Wallon est apporté à ce qui deviendra ensuite la loi constitutionnelle du 25 février 1875, l'une des trois lois constitutionnelles de 1875.

1875 27/08  : Seul, dans sa cave du Périgord, Lecoq de Boisbaudran découvre le gallium (place libre dans le tableau de Mendeleïv).

1876 mars  : éclatante victoire des républicains sur les monarchistes.

1878  : Exposition universelle à Paris. Jules Guesde fonde le premier Parti socialiste français, le "Parti ouvrier". Il est condamné à 6 mois de prison ferme.

1880  : Dans les années 1880, les tisserands de Cholet et des environs déclenchent plusieurs grèves contre la mécanisation. Jules Ferry. Premier réseau parisien de téléphone installé par Clément Ader via la Société Générale des Téléphones.

1881  : Edouard Vaillant, ex-membre du Conseil général de la Commune, devient le dirigeant du Comité révolutionnaire central, une petite organisation blanquiste. Loi de Jules Ferry sur la gratuité de l'école.

1882 : La Duplice devient la Triplice (Triple Alliance: Allemagne, Italie, Autriche)

1882  : loi de Jules Ferry sur la laïcité.

1883  : inauguration de l'Orient Express, palace roulant qui fait Paris-Vienne-Istanbul en 67 heures.

1884  : Reconnaissance du droit syndical.

1885  : Alexandre Millerand, avocat et journaliste, est élu député socialiste de la Seine. Louis Pasteur découvre un vaccin contre la rage.

1885 04/10  : Jean Jaurès, 26 ans, enseignant à l'université de Toulouse, devient député du Parti républicain dans le Tarn (gauche modérée). 

1886 janvier  : naissance de la première fédération syndicale, la Fédération des syndicats ouvriers. Les principaux dirigeants, Dormoy et Raymond Lavigne, sont des militants du Parti ouvrier « guesdiste » et marxiste.

1888  : Au congrès de la Fédération des syndicats ouvriers, tenu à Marseille, Dormoy proposa que les journées du 10 et du 24 février 1889 soient consacrées à des manifestations dans tout le pays en faveur de la journée des huit heures.

1889 juillet  : A l'occasion de l'Exposition Universelle de Paris, un congrès socialiste international est convoqué à Paris. En fait, deux congrès se réunissent, l'un rassemblant les «possibilistes» (« socialistes de droite »), l'autre qui va devenir le congrès de Fondation de la IIe Internationale avec 400 délégués, dit congrès de la salle Pétrelle. Fondation de la Seconde Internationale par Friedrich Engels. Adoption de l'idée d'une grève internationale le 1er mai.  C'est le leader socialiste belge, Edouard Anseele qui la formule le premier. Il s'agit d'affirmer l'unité de l'Internationale retrouvée, d'associer notamment travailleurs français et allemands en une action commune. Aussi Guesde, Lafargue, Lavigne et les autres dirigeants «marxistes» français prennent-ils contact avec le dirigeant de la social-démocratie, August Bebel, qui donna son adhésion à l'idée. La journée de 8 heures est la première revendication. Résolution déposée d'abord par le syndicaliste bordelais Raymond Lavigne, puis amendée par Bebel. C'est le délégué américain qui demande que la date prévue pour la manifestation internationale soit le 1er mai.

1890  : mort de Van Gogh à 37 ans, deux jours après s'être tiré une balle dans la poitrine.

1891 01/05  : A Fourmies. la troupe tire sur des femmes et des enfants manifestant contre l'arrestation de grévistes et fait neuf morts. Lafargue, qui a tenu quelques jours plus tôt un meeting à Fourmies, est inculpé et condamné pour "incitation au meurtre". (Fait partie des éléments déclencheur de la période de terrorisme anarchiste en Europe et aux USA à la fin du XIXè et début XXè).

1892  : loi sur l'arbitrage. Fondation de la fédération des Bourses du travail.

1892 mai  : l'ouvrier socialiste Calvignac est élu maire de Carmaux contre les hommes du marquis de Soagesé, propriétaire des mines. Le licenciement de Calvignac déclenche, en août, une grève générale de dix semaines qui est victorieuse.

1893 janvier : Jaurès élu député du Tarn (Carmaux). Il adhère définitivement au mouvement socialiste et occupe presque aussitôt une des premières places dans le socialisme européen.

1893 17/08  : Après une chasse à l'home, une dizaine d'ouvriers italiens, prolétaires saisonniers récoltant le sel et le raisin dans des conditions extrêmement pénibles, sont lynchés à Aigues-Mortes (Camargue). Les assassins sont acquittés.

1894 22/12  : le capitaine Alfred Dreyfus, injustement accusé de trahison au bénéfice de l'Allemagne, est dégradé et condamné au bagne à vie (il restera quatre ans à l'île du Diable, en Guyanne, sans avoir le droit de parler). Il y a 80 000 juifs en France métropolitaine.

1895  : plantation du cèdre bleu de Chatenay-Malabry. Jean Perrin participe à la découverte de l'électron. Naissance de la CGT.

1895 début juin  : Lénine rencontre Paul Lafargue, le gendre de Karl Marx et fondateur avec Jules Guesdes du Parti ouvrier français.

1896  : Henri Becquerel, Marie et Pierre Curie découvrent la radioactivité (émise par de l'uranium). Grève violente à Decazeville. Le IIème Congrès CGT, à Tours, adopte l'idée d'une propagande pour la grève générale.

1896 8/01  : mort de Verlaine. 

1896 10/11  : Dreyfus est innocenté par un fac-similé publié par Le Matin. En réaction, un faux grossier est fabriqué contre lui par le colonel Henri.

1898 13/01  : Zola publie dans l'Aurore (Clemenceau) "J'accuse" pour défendre Dreyfus. Il demande à être poursuivi et sera condamné à un an de prison, il se réfugie à Londres (18/07). Dreyfusards : Proust, Jaurès, Clemenceau. Anti-dreyfusards : Jules Verne, Rodin, Maurras.

1898 15/11  : Dreyfus apprend que l'arrêt le condamnant est cassé. Il rentre en France pour être rejugé par un nouveau conseil de guerre.

1899 : Jean Jaurès réussit à proclamer l'unité du Parti socialiste mais cette unité est éphémère. Louis Renault fonde son entreprise avec ses deux frères.

1899 07/08-09/09  : procès de révision du capitaine Dreyfus à Rennes. Tout l'Etat-major charge Dreyfus. Sa culpabilité est réaffirmée (10 ans de prison). Dreyfus est persuadé d'accepter sa grâce. Il est libéré. Un nouveau procès en révision aura lieu en 1903, il sera réhabilité en 1906.

1900  : première ligne de métro à Paris. Exposition universelle à Paris