De 1559 à 1598 : TEMPS D'INTOLERANCE

1559 à 1629 est une séquence historique particulièrement dramatique pour le royaume de France : le Roi Très-Chrétien, qui s'engage lors de son sacre à exterminer les hérétiques, règne désormais sur un pays divisé par la question religieuse : Les protestants constituent environ 1o% de la population française. Les monarques sont de jeunes hommes incapables de gouverner par eux-mêmes. En dépit des efforts de Catherine de Médicis, qui accorde aux protestants la liberté de culte, les violences se multiplient, et elles culminent en 1572, au moment de la Saint-Barthélemy. Henri III et Henri IV tombent sous les coups de catholiques exaltés. Grâce à l'édit de Nantes, les protestants finissent par bénéficier d'un régime de tolérance limitée, mais les troubles reprennent dans les années 162o. Les guerres de Religion constituent le creuset de la monarchie absolue, qui se construit sur les ruines d'un royaume déchiré par l'intolérance. C'est l'histoire de ces traumatismes et de ces mutations que ce livre retrace.


1559 avril   : Henri II et Philippe II, roi d'Espagne, effrayés par les progrès du protestantisme, signent la Paix de Cateau-Cambrésis. Ce traité met un terme aux guerres d'Italie et aux ambitions italiennes d'Henri II.

1559   : Philippe II épouse Elisabeth de France, fille d'Henri II. C'est l'origine des prétentions de la France au trône d'Espagne. Mort accidentelle d'Henri II dans un tournoi à Orléans.

1559 juillet  : François II (15 ans), succède à son père Henri II et remet tout le pouvoir au duc de Guise et au cardinal de Lorraine qui persécutent les protestants. Début des guerres de religions (-> 1629). Début d'un temps de guerres civiles et d'effacement croissant du royaume des Valois sur l'échiquier européen.

1559 23/ : Anne de Bourg, suspecté de protestantisme, est brûlé vif sur la place de Grève à Paris. Son supplice marque le début des guerres de religion en France.

1560   : une fraction notable de la noblesse adhère à la Réforme. 

1560  : Les protestants dénoncent avec vigueur la corruption du clergé et des gens de justice. En mars, échec de la conjuration d'Amboise menée par des protestants et de puissants seigneurs opposés au duc de Guise (chef de file des catholiques intransigants). François Scépeaux, maréchal de Vielleville (Durtal) arrête la marche des conjurés d'Amboise sur Orléans. Mort de François II. Catherine de Médicis, sa femme, assure le gouvernement pour son second fils, Charles IX, âgé de dix ans (-> 1588). Elle essaie de promouvoir une politique de conciliation. Guerre civile et de religions opposant Guises et Bourbons. Charles IX (-> 1574).

1561  : Catherine de Médicis et Michel de l'Hospital cherchent en vain une réconciliation. Malgré l'échec du Colloque de Poissy, elle fait signer un édit de tolérance accordant la liberté de culte aux protestants.

1562  : Catherine II échoue dans son projet de donner des droits aux protestants. De 1562 à 1598 les guerres de religion vont embraser la France avec dès le début une violence inouïe. La première guerre de religion (-> 1563) oppose Paris, fidèle aux Guise, à Orléans, place forte de la Réforme avec Condé et Coligny.  Les Huguenots se soulèvent.  La réforme recrute dans toutes les couches de la population urbaine. Seules les campagnes demeurent à l'écart du nouveau culte. Les guerres de religion (36 ans -> 1598) mettent la France en état de terreur.

1563  : Edit de pacification d'Amboise. Il autorise les réformés à ouvrir des temples hors des murs de la ville. Les catholiques jugent excessives les concessions faites à leurs adversaires. Assassinat de François de Guise.

1564  : Catherine de Médicis fait construire par Philibert Delorme un château aux
Tuileries. Pierre Belon, naturaliste, né à Créans Fouilletrourte (Sarthe), est assassiné dans le Bois de Boulogne. Il a souligné les analogies des squelettes entre hommes et oiseaux.

1565  : Dans l'espoir de calmer les passions, la reine mère, Catherine de Médicis, cède le pouvoir à son fils, Charles IX, déclaré majeur. Pour faire connaitre le jeune roi et raffermir le prestige du trône, elle voyage avec à travers la France.

1565  : Révolte des Pays-Bas contre l'Espagne. Révolte religieuse et sociale des Gueux (protestants). 

1567  : Catherine deMédicis renonce à sa politique de tolérance.

3 octobre 1569 : la sanglante bataille de Moncontour

1570  : Coligny marche sur Paris. Edit de pacification de Saint-Germain : liberté de culte aux protestants.

1571  : Coligny devient conseiller du roi. Catherine de Médicis cherche à marier son fils Henri qui refuse d'épouser Elisabeth d'Angleterre. 

1572 18/08  : Mariage du réformé Henri de Navarre (futur Henri IV) avec la reine Margot (Marguerite de Valois), soeur catholique du roi Charles IX et fille de Catherine de Médicis. Cette alliance devait sceller la réconciliation des camps catholiques et huguenots.

1572 23-24/08   : Massacre de la nuit de la Saint-Barthélemy. Assassinat à Paris de l'amiral Gaspard de Coligny, chef emblématique du parti réformé. C'est le signal d'un massacre généralisé. Assassinat de 3.000 protestants venus à Paris pour assister au mariage. Emballement, les catholiques massacrent 30.000 protestants dans tout le royaume pendant plusieurs jours. Le roi Charles IX tente mollement de faire cesser la tuerie. Henri de Navarre abjure pour échapper au massacre et vit à la cour, à demi-prisonnier. 

1574  : Mort de CharlesIX dans le donjon de Vincennes. Son frère, Henri III, revenu de Pologne où il était roi, lui succède (-> 1589). Il doit faire face à des troubles et des complots. Réformateur, défenseur de Giordano Bruno (moine, apôtre de Copernic) et protecteur de Montaigne.

1576  : Henri III tente un accommodement (édit de Beaulieu en mai) en faveur des protestants. Les réformés sont de nouveau autorisés à pratiquer leur culte. Henri III consent en outre à réhabiliter les victimes de la Saint-Barthélémy. Ces concessions ne sont pas du goût des catholiques qui organisent partout des Ligues. Formation de la Sainte-Ligue, placée sous le commandement du duc de Guise. Les guerres de religion ont pour conséquence l'abaissement du pouvoir royal. Jean Bodin, grand juriste angevin, cherche à prouver, dans les six livres de La République, traduits dans toute l'Europe, que la monarchie absolue est le meilleur régime politique mais qu'elle est un pouvoir délégué et non de droit divin. Il estime que le monarque doit accepter un conseil permanent (sénat ou parlement) et des organes de conseil périodiques (Etats généraux et provinciaux). Il prône la modération religieuse. 

1580  (Henri III) : Michel de Montaigne, juge de profession, publie à Bordeaux les deux premiers livres des Essais, ouvrage dans lequel il avoue son scepticisme et prône la tolérance (-> 1588). Prise de Cahors par Henri de Navarre. Paix de Fleix, qui accorde aux protestants pour six mois des places de sûreté.

1583-1585  : grande peste.

1584 10/06  : mort du duc d'Anjou, François de Valois. Grave crise de succession. Le plus proche parent du roi régnant Henri III est Henri de Navarre, chef du parti protestant. Henri III, redoutant de plus en plus les Guise et la Ligue, songe à se rapprocher d'Henri de Navarre. Il devient l'héritier de la Couronne. Le pays sombre dans le chaos.

1585  : mort de Ronsard. Reprise de la guerre civile. Les princes ligueurs alliés à Philippe II publient le manifeste de Péronne (formation de la Ligue catholique sous le patronage des
Guise. La Ligue veut faire adopter la catholicité comme condition de légitimité. Le roi de France Henri III est contraint de signer avec les Guise la Paix de Nemours, qui annule toutes les mesures de tolérance à l'égard des Protestants, et prend la tête des armées catholiques.  

20 octobre 1587 : Bataille de Coutras.

1588  : Journée des barricades le 12 mai. Le roi Henri III, qui veut prévenir l'insurrection, fait entrer dans Paris les 4.000 gardes suisses cantonnés dans le faubourg Saint-Denis. Henri III envisage de faire arrêter et exécuter les meneurs de la Sainte Ligue, mais la population parisienne se soulève pour défendre les chefs catholiques et dressent des barricades. Le duc de Guise déploie ses troupes à l'Hôtel de Ville. Le roi s'enfuit à Chartres. Le 23 décembre, Henri de Guise, lieutenant général du royaume, chef de la Ligue, tout puissant à Paris, oblige Henri III à convoquer les Etats généraux à Blois. Menacé par la Sainte Ligue et les Guise, Henri III fait assassiner le duc de Guise et son frère le cardinal à Blois. Les Parisiens font de Henri de Guise un martyr. Henri III doit faire face à la colère de la Ligue qui s'emapre d'Angers et des principales villes du royaume. Isolé, Henri III se réconcilie avec Henri de Navarre et les deux beaux-frères entreprennent le siège de Paris, tenu par les ligueurs.

1589 mai  : Henri III et le parlement de Paris se replient à Tours qui retrouve son rôle de capitale du royaume.

1589 01/08  : Henri III, sans descendance, il est mortellement poignardé à Saint-Cloud par un moine fanatique, Jacques Clément, car il s'était allié à Henri de Navarre (futur Henri IV, protestant), le seul héritier légitime de la couronne (Bourbon). Henri IV lui succède et promet de maintenir le catholicisme. Le règne d'Henri IV sera synonyme de paix pour les provinces du royaume.

1589 02/08  : Henri IV (Henri de Navarre, protestant, descendant de Saint Louis et époux de la reine Margot, soeur des trois derniers rois) (->1610). Les Bourbons (->1830). • 1592  : Mort de Montaigne. La Ligue tient Henri IV en échec devant Paris et Rouen.

1593  : Duplessis-Morany, une forte personnalité huguenote, soldat et humaniste, gouveneur de Saumur, fonde à Saumur une académie protestante, sorte d'université qui va acquérir très rapidement un immense prestige. Elle est fréquentée par des étudiants venus de toute la France et de plusieurs pays étrangers (Angleterre, Suisse, Danemark, Allemagne). Le 25 juillet, Henri IV abjure et se convertit au catholicisme.

1594 27/03  : Henri IV rentre dans Paris. "Paris vaut bienune messe". Expulsion des jésuites.