22 avril 1806 : Le vice-amiral Pierre de Villeneuve est-il responsable de la défaite de Trafalgar ?
Ce 22 avril 1806, le
vice-amiral Pierre de Villeneuve est retrouvé mort dans sa chambre d’hôtel, à
Rennes. Fait prisonnier après la défaite navale de Trafalgar (21 octobre 1805),
il venait d’être libéré sur parole. Courageux, instruit, bon marin, Pierre de
Villeneuve n’a rien d’un meneur d’hommes, d’un chef à la taille de l’enjeu de l’épopée
napoléonienne. Les responsabilités le paralysent. Il est indécis et manque de
confiance en lui. Face à lui il a un adversaire qui possède toutes les
qualités lui faisant défaut : l’amiral Nelson.
A 16 ans, Pierre de Villeneuve
s’engage dans la marine (1779). Il participe à la guerre d’Amérique et devient
capitaine de vaisseau en 1793 et contre-amiral en 1796. Commandant l’aile
droite de la flotte à Aboukir, il donne l’ordre de la retraite alors qui
possède encore cinq vaisseaux intacts. Malgré les accusations de fuite, il est
fait vice-amiral en 1804 où il prend la tête de la flotte de Toulon. Le projet
de Napoléon à ce moment est clair : débarquer en Angleterre.
Mais l’Empereur ne dispose pas
sur mer d’un homme à la hauteur de ses maréchaux. Villeneuve, trop prudent, ne
goute guère le plan qui consiste à diriger vers les Antilles la flotte de
Toulon que poursuivront les Anglais. La flotte reviendrait alors vers l’Europe,
débloquera Brest et débarquera en Angleterre.
Sans conviction mais marin
loyal, Villeneuve applique les ordres. En mars 1805, il réussit à sortir de
Toulon et rejoint l’amiral espagnol Gravina à Cadix. Au mois de mai il est en
Martinique où il est rejoint par la flotte de Rochefort. Au mois de juin il
appareille pour l’Europe. Après un combat indécis au large du cap Finisterre
(Calder), il ravitaille au Ferrol. Mais le 18 août, Villeneuve, jugeant ne pas
être en état de secourir Ganteaume bloqué par Cornwallis, il s’enferme dans
Cadix contrairement aux ordres de Napoléon.
L’Empereur est furieux et
traite l’amiral de lâche dont la conduite est jugée infâme. Le plan d’invasion
de l’Angleterre est ruiné. L’Empereur lui ordonne de quitter son abri et de se
diriger vers Tarente. Il quitte Cadix le 19 octobre, après qu’il est entendu
dire qu’il allait être relevé de ses fonctions.
Le 21 octobre, avec ses 33
vaisseaux, le vice-amiral rencontre la flotte anglaise à Trafalgar. La flotte franco-espagnole,
étirée le long de la côte en un large arc de cercle de plus de 10 kilomètres
dont la concavité fait face au large, est immédiatement attaquée par les Anglais.
Le « coup de Nelson » réussit parfaitement. L’avant-garde et l’arrière-garde
de Pierre de Villeneuve sont dispersées et désagrégées en plusieurs tronçons. Les
Anglais se rabattent alors sur le centre. Le combat tourne au corps-à-corps. A bord
du Victory, l’amiral Nelson est tué.
Mais la victoire anglais est incontestable : 24 vaisseaux sont perdus,
4400 franco-espagnols sont morts (contre 449 Anglais), Villeneuve est fait
prisonnier.
Pierre de Villeneuve est-il
responsable de la défaite de Trafalgar ?
Alors oui, le contre-amiral
Pierre de Villeneuve porte la responsabilité du chef de guerre dans la défaite.
Mais il n’est pas le seul. Tout d’abord, les officiers qui ont contribué à sa
promotion militaire sont responsables de n’avoir pas pris la mesure des faiblesses
de leur subalterne. Ensuite, la flotte coalisée est bien trop hétéroclite pour naviguer
de conserve et se révèle incapable de maintenir sa ligne de bataille. Enfin il
y la flotte anglaise, supérieure en nombre et surtout entraînée et brillamment commandée
par l’amiral Nelson. Napoléon, mal informé par ses officiers maritimes, ignore
l’état désastreux de la flotte française : matériels vétustes, hommes sous
entraînés.
Pierre de Villeneuve s’est-il
suicidé ?
Epuisé par les combats et sa
détention en Angleterre, c’est un homme accablé par les reproches qui débarque
le 18 avril 1806 à Morlaix. Plus que la colère de Napoléon, son honneur de
marin est affecté. Alors suicide ? Peut-être. Cette thèse est contestée très
rapidement. Il faut avouer que six coups de poignard ont été retrouvés dans la
région du cœur !
Son nom est gravé sur le
pilier Est de l’Arc de Triomphe de l’Etoile (Paris).
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NDLA : Contrairement à une légende répandue,
les marins français ne portent pas une cravate noire en signe de deuil depuis
cette défaite. Le port de la cravate noire par les marins français n’est
aucunement une conséquence de la bataille de Trafalgar. Celle-ci apparaît
officiellement dans l’arrêté du 15 floréal an XII (5 mai 1804, antérieur à la
bataille donc) qui réglemente les uniformes de la marine.
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