31 mars 1547: Sa Majesté le roi François 1er est mort

Dans une puanteur épouvantable, le roi serait mort de syphilis, le 31 mars 1547 à l'âge de cinquante-deux ans.

Cette histoire vit le jour en 1601, cinquante-quatre ans après la mort de François, sous la plume d'un certain Loys Guyon, médecin d'Uzerche. François 1er courtisait la femme d'un avocat de Paris, la belle Ferronnière, qui l'éconduit rudement. Un des courtisans du roi s'en alla la menacer. Mis au courant, le mari jugeant inévitable son infortune et laissa sa femme le tromper. Pour se venger il alla à Paris essayant d'attraper la vérole. Il l'attrapa, la passa à sa femme, qui la passa au roi, qui la passa à d'autres. Lui guérit, sa femme aussi, mais le roi finit par en mourir.

En réalité, la santé du roi déclinait tous les jours. En 1540, il était atteint d'une fistule entre l'anus et les testicules et ne pouvait monter à cheval. La maladie empira peu à peu. L'automne 1545 apporta une petite amélioration dans l'état du malheureux roi, mais au mois de janvier 1547 il retomba « en son mal accoustumé de l'apostume », et certains accidents prirent des proportions inquiétantes. Les médecins rouvrirent sa plaie « de laquelle il sortit une grande infection dont il eut grand soulagement ». Cependant il n'avait pas encore perdu ses forces au point d'interrompre ses habitudes.

A la fin de février, François I" se trouva de passage à Rambouillet. L'« apostume » s'enflamma et la fièvre reprit. Le 20 mars il commença à être en danger. Le 29 mars, il reçut l'extrême-onction. Un peu avant minuit il ressentit un grand tremblement. Il prit une croix et ne la quitta plus.

François 1er meurt deux jours plus tard d'une infection généralisée, de type septicémie, probablement tuberculeuse, ce qui n'exclut pas l'hypothèse d'un autre germe bactérien de type staphylocoque par exemple.



EN IMAGES
·         L’exposition
·         Les albums
·         Les audiovisuels
·         Les images à explorer
·         Toute l'iconographie
LE DOSSIER
·         Qui est François Ier ?
·         Images de trois rois
·         La tempérante salamandre
·         Le roi chevalier
·         Le roi très chrétien
·         L'exercice du pouvoir
·         Le roi et les arts
·         Le roi et les lettres
·         La bibliothèque du roi
·         Les châteaux du roi
·         Repères
·         Informations
·         Publications
·         Fiches pédagogiques
·         Parcours enfants
·         Plan du site
·         Version pour mobiles
·         Crédits         

Portrait par Marino Cavalli, ambassadeur vénitien en France de 1544 à 1546

Le roi est maintenant âgé de 54 ans : son aspect est tout à fait royal ; en sorte que sans jamais avoir vu sa figure ni son portrait ; à le regarder seulement, on dirait aussitôt : C’est le roi. Tous ses mouvements sont si nobles et si majestueux, que nul prince ne saurait l’égaler. Son tempérament est robuste, malgré les fatigues excessives qu’il a toujours endurées et qu’il endure encore dans tant d‘expéditions et de voyages. Il y a bien peu d’hommes qui eussent supporté de si grande adversité. Au surplus, il se purge de toutes les humeurs malsaines qu’il pourrait amasser, par un moyen que la nature lui fournit une fois dans l’année : ce sera là ce qui le fera peut-être vivre encore très longtemps. Il mange et boit beaucoup ; il dort encore mieux, et, qui plus est, il ne songe qu’à mener joyeuse vi. Il aime un peu la recherche dans son habillement, qui est galonné et chamarré, riche en pierreries et en ornements précieux ; les pourpoints mêmes sont bien travaillés et tissus en or ; sa chemise est très fine, et elle sort par l’ouverture du pourpoint, selon la mode de France. Cette vie délicate et choisie contribue sans doute à conserver sa santé. Ce roi, comme tous les autres rois de France, a reçu de Dieu le don singulier de guérir les écrouelles par son attouchement. Les habitants mêmes de l’Espagne accourent pour profiter de cette propriété merveilleuse. La cérémonie a lieu dans quelque jour solennel, comme Pâques ou Noël, ou aux fêtes de la Vierge. Le roi se confesse d’abord et communie ; puis il fait un signe de croix sur les malades en disant : « Le roi te touche, que Dieu te guérisse ! » Si ces malades ne guérissaient point, il n’en viendrait pas sans doute de si loin ; ils n’entreprendraient pas un voyage si coûteux et si pénible. Ainsi, puisque l’affluence augmente toujours, il faut bien croire que c’est Dieu qui se sert de ce moyen pour délivrer les infirmes, et pour accroître en même temps la dignité de la couronne de France.

Autant ce roi supporte bien les fatigues corporelles et les endure sans jamais plier sous le fardeau, autant les soucis de l’esprit lui pèsent, et il se décharge presque entièrement sur le cardinal de Tournon et sur l’amiral [Annabault]. Il ne prend aucune décision, il ne fait aucune réponse, qu’il n’ait écouté leur conseil : en toute chose il s’en tient à leur avis ; et si jamais (ce qui est fort rare) on donne une réponse à quelque ambassadeur, ou si l’on fait une concession qui ne soit pas approuvée par ces deux conseillers, il la révoque ou la modifie. Mais pour ce qui est des grandes affaires de l’état, de la paix ou de la guerre, sa majesté, docile en tout le reste, veut que les autres obéissent à sa volonté. Dans ce cas-là, il n’est personne à la cour, quelque autorité qu’il possède, qui ose en remonter à sa majesté.

Ce prince est d’un jugement très sain, d’une érudition très étendue ; il n’est chose, ni étude, ni art, sur lesquels il ne puisse raisonner très pertinemment, et qu’il juge d’une manière aussi assurée que ceux-là même qui y sont spécialement adonnés. Ses connaissances ne se bornent pas simplement à l’art de la guerre, à la manière d’approvisionner, de conduire une armée, de dresser un plan de bataille, de préparer les logements, de donner l’assaut à une ville, ou bien de la défendre, de diriger l’artillerie ; il ne comprend pas seulement tout ce qui a trait à la guerre maritime, mais il est très expérimenté dans la chasse, dans la peinture, en littérature, dans les langues, dan les différents exercices du corps qui peuvent convenir à un bon chevalier. Vraiment, lorsqu’on voit que, malgré son savoir et ses beaux discours, tous ses exploits de guerre lui ont mal réussi, on dit que sa sagesse est sur les lèvres et non pas dans l’esprit. Mais je pense que les adversités de ce roi viennent du manque d‘hommes capables de bien exécuter ses desseins. Quant à lui, il ne veut jamais prendre part à l’exécution, ni même le surveiller aucunement ; il lui semble que c’est bien assez de savoir son rôle qui est celui de commander et de donner les plans ; le soin du reste, il le laisse à ses subalternes. Ainsi, ce qu’on pourrait encore désirer en lui, c’est un peu plus de soin et de patience, et non pas plus d’expérience ni plus de savoir. Si majesté pardonne facilement les offenses, elle se réconcilie de bon cœur avec ceux qu’elle a offensés ; elle est aussi prête à donner ; quoique la nécessité des temps ait un peu tempéré cette envie de largesse. Toutefois elle dépense encore pour son entretien et celui de sa cour 300.000 écus par ans, dont 70.000 sont destinés pour la reine. Les années précédentes elle en avait 90.000. On a donné à M. le dauphin la Bretagne et le Dauphiné, ont il tire 300.000 écus par an. Il s’en sert pour payer 150 lances, pour l’entretien de sa femme et de ses enfants, pour toutes les dépenses ordinaires et extraordinaires de sa maison. Le roi veut 100.000 écus pour la bâtisse de ses logements : il a déjà fait construire huit palais magnifiques, et il en élève maintenant de nouveaux. Il réserve pour cet emploi non seulement ladite somme, mais encore certaines amendes assez considérables.

La chasse, y compris les provisions, chars, filets, chiens, faucons et autres bagatelles, coûte plus de 150.000 écus ; les menus plaisirs, tels que banquets, mascarades et autres ébattements coûtent cinquante mille écus ; l’habillement, les tapisseries, les dons privés, en exigent autant ; les appointements des gens de la maison du roi, des gardes suisses, françaises, écossaises, plus de 200.000. Je parle des hommes : quant aux dames, les appointements et les présents absorbent, à ce qu’on m’a dit, presque 300.000 écus. Ainsi on croit fermement que la personne du roi, y compris a maison, ses enfants, et les présents qu’il fait, coûte un million et demi d’écus par an, sans qu’on puisse en rabattre un liard. Si vous voyez la cour de France, vous ne vous étonneriez pas d’une telle dépense : elle entretient ordinairement six, huit, et jusqu’à douze mille chevaux. Sa prodigalité n’a pas de bornes : les voyages augmentent les dépenses du tiers au moins, à cause des muets ; des charrettes, des litières, des chevaux, des serviteurs qu’il faut employer et qui coûtent le double de l’ordinaire.

Sa majesté a eu de madame Claude, sa première femme, fille de Louis XII, trois fils : François, Henri, Charles (…) et trois filles (…). François, le dauphin, mourut d’une mort presque subite, en 1536. Ainsi, (…) celui qui est maintenant le dauphin, dont les qualités promettent à la France le plus digne roi qu’elle ait eu depuis deux cents ans. Cet espoir est encore un très grand soulagement pour ce peuple, qui se console des malheurs présents par la pensée des biens à venir.