11 juillet 1302 : Bataille « des éperons d’or », une victoire... à la belge

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La bataille de Courtrai dite "des Eperons d'or" par Pascal LE PAUTREMAT, docteur en histoire, enseignant en histoire et géographie, en géopolitique et défense intérieure (Encyclopédie Universalis)


En mai 1300, Guy de Dampierre, comte de Flandre et allié du roi d'Angleterre Édouard 1er, est emmené en captivité par les Français et son domaine est annexé au royaume de France. Mais ses partisans, les Liebaarts (du « léopard » porté sur le blason des Flandres), opposés à la minorité patricienne des Leliaarts (des fleurs de lys des armes de France) se rebellent. À la suite du massacre de soldats français à Bruges (« Mâtines de Bruges » le 18 mai 1302), Philippe IV le Bel dépêche Robert II d'Artois à la tête d'une armée pour secourir la garnison de Courtrai. L'armée française compte alors 6 500 hommes : 2 500 chevaliers, 1 000 arbalétriers et 3 000 autres éléments d'infanterie légère. Face à elle, les Flamands disposent de 9 000 combattants : quelque 400 nobles et une piétaille de milices communales, d'artisans et de paysans.

La bataille se déroule le 11 juillet 1302, dans la boue de la plaine de Groeninghe, pendant près de trois heures. Grâce à leurs lances et leurs goedendags (long bâton terminé par une pointe de fer), les Flamands viennent à bout de la chevalerie française qui, pourtant appuyée par les arbalétriers, est décimée au cours de plusieurs charges. Près de 1 000 nobles, dont 60 barons et Robert d'Artois, sont tués, souvent achevés sans merci au coutelas. Les étendards français et plus de 500 paires d'éperons d'or récupérés sur le champ de bataille sont exposés à l'église Notre-Dame de Courtrai.

Pour la première fois, une armée de chevaliers est défaite par une armée de fantassins plus ou moins improvisée. Cette révolution militaire se confirme avec les batailles de Bannockburn (1314), de Morgarten (1314) et de Crécy (1346).

Une victoire belge devenue mythe flamand…. par la RTBF


Présentée comme la victoire de la pauvre Flandre face à l'ogre français, la bataille des Éperons d'Or de 1302 est pourtant un modèle de réussite... à la belge.

(…) au matin du 11 juillet 1302, les fières armées du roi de France, Philippe le Bel, étaient humiliées dans la plaine courtraisienne par les troupes "flamandes". Depuis plusieurs années, les nationalistes du nord du pays se plaisent à rappeler ce sanglant épisode de l'Histoire pour souligner la témérité et le courage des populations flandriennes. Et ce, en oubliant de mentionner plusieurs éléments primordiaux.

À la fin du XIIIe siècle, le commerce du textile permet aux campagnes et villes flamandes de connaître une incroyable prospérité. Grâce à cette industrie florissante, la Flandre et son partenaire anglais font de l'ombre à la toute-puissance française. Le roi de France Philippe Le Bel entend augmenter son contrôle du juteux commerce et envoie donc un délégué dans sa province du nord, une mesure qui ne plaît guère aux bourgeois flamands qui, le 18 mai 1302, massacrent plusieurs centaines de partisans du Roi.

Brabançons, Namurois, Liégeois…

Furieux, le souverain réunit ses chevaliers et décide de punir cette Flandre récalcitrante. Près de 50 000 cavaliers et fantassins sont envoyés aux alentours de Courtrai.

Face à eux, une armée d'environ 25 000 hommes. Tous Flamands? Pas du tout. On retrouve dans ces rangs de nombreux Brabançons, des Namurois, des Liégeois, des Zélandais et les inévitables Anglais. Les troupes sont confiées au commandement du Flamand Pierre de Coninck, de Guy de Namur et de l'archidiacre de Liège, Guillaume de Juliens. "Une bataille qui n'est pas linguistiquement homogène", explique le professeur Vincent Dujardin (UCL).

La tactique "flamande" est simple: il s'agit d'amener les chevaliers français et leurs lourdes armures dans les prairies boueuses bordant la ville. Les montures françaises s'engouffrent dans le piège et s'embourbent dans les marécages. Sans aucune pitié, leurs adversaires s'empressent de les massacrer, ramassant au passage leurs éperons dorés qu'ils emportent comme trophées.

Ce que certains orateurs et historiens du Nord oublient souvent de mentionner, c'est que quelques mois plus tard, en août 1304, le même Philippe le Bel obtint une écrasante et impressionnante revanche à la bataille de Mons-en-Pévèle et imposa, l'année suivante, la signature d'un humiliant traité de paix.

Remise au goût du jour par Léopold 1er

Durant plus de 500 ans, la Bataille des Éperons d'Or est oubliée et très rarement évoquée par les érudits.

Il faut attendre... 1830 et l'indépendance de la Belgique pour la voir revenir au premier plan et pour découvrir les détails de cette glorieuse journée dans les manuels d'histoire. Grâce à un ancêtre de Bart De Wever? Non, loin s'en faut. Celui qui choisit de remettre cet épisode historique au goût du jour n'est autre que le nouveau souverain Léopold Ier. Initialement, ces commémorations n'étaient donc pas "anti Belgique", nous confie Vincent Dujardin. "Il fallait plutôt y voir une façon de raviver des moments héroïques dans un contexte de lutte contre l'envahisseur étranger, principalement français". 

Paru en 1838, le roman historique d'Hendrik Conscience "De Leeuw van Vlaanderen" retrace également le déroulement de la célèbre bataille mais sous un angle flamand. Là encore, il ne faut pas y voir de sentiment anti-belge, estime Vincent Dujardin. "Il s'agit plutôt d'un appel au respect de la langue flamande". On peut donc y décerner les prémices d'un mouvement flamand.

Ce n'est que vers la fin du XIXe que cette commémoration du 11 juillet a pris une tournure plus politique. "Le conflit ne vise plus la France mais la Belgique francophone", explique ce chercheur spécialiste de l'histoire politique de la Belgique. La date du 11 juillet est gardée comme un moment symbolique témoin d'une Flandre glorieuse.

Cette commémoration est mise en veilleuse après la Seconde Guerre mondiale, après avoir été récupérée par les collaborateurs durant le conflit. Elle est remise au goût du jour en 1952, plus politique que jamais. C'est à présent un sentiment anti-Belgique qui anime dans certains cas ces grandes fêtes politiques, des fêtes qui n'ont plus rien en commun avec les commémorations du XIXe siècle.

"La salive a coulé plus que le sang"

Toutefois, Vincent Dujardin tient à apporter une précision importante. Durant les conflits communautaires qui ont émaillé l'histoire de la Belgique, peu de décès sont à signaler. Néanmoins, "un manifestant est mort dans une fête du 11 juillet, au lendemain de la Première Guerre mondiale, lors d'incidents avec la police". "C'est évidemment sans commune mesure avec les violences en Corse ou encore en Irlande du Nord", relève Vincent Dujardin. En Belgique, au niveau communautaire, "la salive a coulé bien plus que le sang", dit-il pour conclure. 

La vraie signification de la bataille (par le parti "Union belge")


Le 11 juillet, la fête de la soi-disant communauté “flamande”, les flamingants commémorent la Bataille des Eperons d’Or. Cette bataille se déroulait il y a plus de 700 ans. Chaque fois, on insiste sur le fait que la soi-disant “Flandre” aurait battu la grande France et que cette bataille aurait une importance pour tout le nord de la Belgique en opposition avec le sud de notre pays. Pourtant, rien n’est moins vrai. 

Au début du 14ième siècle, le Comté de Flandre fut un Etat fantoche du Royaume de France. A l’époque, la Flandre englobait la Flandre Occidentale, la Flandre Orientale, le Hainaut, la Flandre française et la Flandre zélandaise. Le comté n’avait donc rien à voir avec l’actuelle région “flamande” ni avec l’actuelle communauté “flamande”. 

Par le fait que les villes, qui faisaient du commerce avec l’Angleterre, montaient en puissance, le véritable pouvoir des rois de France dans le Comté s’était déjà effrité depuis des centaines d’années. Gui de Dampierre, Comte de Flandre et (jusqu’à 1298) Marquis de Namur entendait accroître davantage l’autonomie ducale. Lors de l’accession au trône de Philippe le Bel (son seigneur), il renonçait à sa loyauté envers la France. En 1297, une alliance entre le Comté et l’Angleterre – qui menait une guerre contre la France – fut conclue. Finalement, ces évènements conduisaient à son arrestation.

Jacques de Châtillon, le vassal (« vogt ») intérimaire, nommé en 1300, n’était pas capable d’exercer sa fonction. Il voulait régner avec l’aristocratie flamande et francophile contre les intérêts de la bourgeoisie et des villes. A l’occasion d’une visite du roi de France, de graves émeutes éclataient entre le prolétariat et la noblesse, tant à Bruges qu’à Courtrai. La première ville perdait, par l’intermédiaire du vassal, tous ses droits de ville, ce qui provoqua une coalition entre la bourgeoisie et l’artisanat. Cependant, leurs protestations devant le parlement français furent en vain. Jean Ier, marquis de Namur – et fils du duc de Flandre – mena la contre-offensive. Il envoya le petit-fils de Gui de Dampierre, Guillaume de Juliers, à Bruges. Initialement, il y était reçu comme un héros, mais sous la pression de l’aristocratie et des vengeances qui auraient été planifiées par le “vogt”, il s’est temporairement retiré sur Namur. 

Le 17 mai 1302, les Brugeois, dirigés par Jan Breydel et Pieter De Coninck, ont massacré une garnison française lors des soi-disant « Matines de Bruges ». Le 23 mai, Guillaume de Juliers et Pieter De Coninck se sont rendus triomphalement à Bruges. Cependant, le roi français ne pouvait évidemment pas laisser impunie cette humiliation. C’est pourquoi, en juillet 1302, il envoya une armée, dirigée par Robert d’Artois, vers le Comté de Flandre.

Le 11 juillet 1302, la bataille fut menée sur le Groeningekouter à Courtrai entre le Comté de Flandre d’une part et la France d’autre part. Les dirigeants du comté étaient de Juliers, le flamand zélandais d’expression française Jean de Renesse – un vétéran de la bataille de Worringen – et Gui de Namur.

Les troupes venaient majoritairement de Bruges et ses alentours et du “Franc de Bruges” (3.500 hommes sous le commandement de Guillaume de Juliers et Gui de Namur). Jean de Renesse commandait une petite armée de réservistes (500 hommes). 2.500 hommes venaient de la Flandre orientale, sous le commandement de Jean Borluut. L’ennemi héréditaire de la Flandre Le Brabant (le Brabant et l’Anvers actuel) et le Looz (le Limbourg actuel) sont restés neutres. Néanmoins, il y avait des mercenaires venant de Looz du côté flamand et de mercenaires brabançons du côté français sur le champ de bataille. 

Nous n’allons pas élaborer ici tous les détails de la bataille. Il suffit de dire que l’armée française a perdu à cause d’une innovation tactique de ses adversaires. D’abord, les chevaux français ont été tués par l’infanterie flamande, ensuite les chevaliers français suivaient le sort de leurs chevaux. Ces chevaliers étaient évidemment très vulnérables sans leurs armures. Le Comte Robert d’Artois a été cruellement massacré sur le champ de bataille, malgré sa demande d’un duel à l’épée. Dans un certain sens, le terrorisme a été inventé ce jour-là. Toutes les règles normales du jeu ont été bafouées et la compassion humaine avait disparu. Dans les mois suivants, les armées flamandes se rendaient en France en tuant et en pillant.

Le 18 août 1304, les Français se sont vengés à Mons-en-Pévèle (Pevelenberg). Les deux parties ont ensuite revendiqué la victoire. Les négociations qui s’ensuivaient aboutirent à la paix d’Athis-sur-Orge (1305). Bien que le Comté n’ait pas été à nouveau annexé par la France, il en devenait un Etat satellite. Les villes ont été humiliées (entre autres par l’obligation de démolir leurs fortifications et de payer de larges sommes d’argent). Pour les artisans, la paix était considérée comme une trahison aristocratique. Les villes, elles aussi, étaient mécontentes, mais acceptaient provisoirement la situation. A Gand et à Ypres (mais non à Bruges) l’aristocratie a récupéré son pouvoir d’antan. De plus, le Comte de Flandre devait céder Lille, Douai et Béthune (après la perte de l’Artésie auparavant). 

C’est dans ces circonstances que le Comte a renoncé au traité d’Atis, ce qui résultait en une alliance entre la France et les artisans flamands. Néanmoins, la campagne militaire française fut un échec. La paix entre le Comté de Flandre et le Royaume de France (1319) mettait un terme aux hostilités. Plus jamais le Comté ferait encore partie de la France. La voie était maintenant ouverte aux Bourguignons. Cinquante ans après ils ont acquis le Comté de Flandre. En 1430, ils ont fondé la première Belgique. 

Vu que le jeune Royaume de Belgique considérait depuis 1830 la Flandre historique et le Brabant comme son noyau (là où les ducs de Bourgogne avaient acquis leur premier pouvoir), la Bataille des Eperons d’Or commença à revêtir une importance nationale. Dans ce contexte nationaliste, l’écrivain belge et néerlandophone Henri Conscience écrivait le livre « Le Lion des Flandres » en 1838. Au début, on pouvait encore expliquer l’intérêt pour la bataille comme une réaction anti-française de la Belgique, mais à la fin du 19ième siècle l’importance de la bataille devint purement nationale. Ainsi, en 1887, le Roi Léopold II tenait un discours à la statue nouvellement érigée de De Coninck et de Breydel à Bruges. 

Il faut donc évaluer la Bataille des Eperons d’Or à travers un continuum de tensions médiévales et féodales. Cette bataille ne fut importante pour la future Belgique que dans la mesure où elle contribuait à la fixation de notre frontière sud-ouest actuelle. A la différence du Mouvement “flamand” d’avant 1914, qui était composé de patriotes belges pavoisant leurs maisons du tricolore belge chaque 11 juillet, le Mouvement “flamand” actuel (c.-à-d. depuis son virage antibelge à partir de la Première Guerre Mondiale) abuse de la Bataille des Eperons d’Or comme un symbole anti-belge, comme un signe de l’autonomie ‘flamande’ vis-à-vis de tout ce qui est francophone ou belge. Evidemment, cette vision est absurde parce que les Namurois se battaient aux côtés des Flamands, les Brabançons aux côtés des Français. De plus, une grande partie du Comté de Flandre – qui était, à l’opposition du Brabant, déjà très francisé – était homogènement francophone.  Pour le B.U.B., le 11 juillet est donc surtout la “fête” de la particratie antibelge et de son scandaleux système d’apartheid linguistique, qui ne sera que renforcé par la sixième réforme de l’Etat.


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