6 mars 1204 : Philippe Auguste s’empare du Château-Gaillard

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« Aussitôt après la condamnation officielle de Jean sans Terre [roi d’Angleterre] par la cour française le 28 avril 1202, Philippe Auguste [roi de France] engage une action contre les châteaux normands de la rive droite de la Seine. 
(…) Soutenu par les vassaux d’Arthur de Bretagne et dans la vallée de la Loire, Philippe Auguste revient en mai 1203 à son objectif essentiel, la Normandie. Son principal obstacle est le redoutable Château-Gaillard, qui barre la vallée de la Seine entre Paris et Rouen. Il faut, avant de l’attaquer directement, démanteler le système des châteaux qui le protègent. Les opérations de Philippe partent de la rive gauche, où il a concentré ses troupes. L’exemple du comte d’Alençon suscite de nouvelles défections en Normandie. Pierre de Meulan cède Montfort-sur-Risle, et Hugues de Gournay livre Beaumont-le-Roger. Reste Le Vaudreuil, qui a été fortifié par Richard et qui constitue la pièce maitresse de la défense du Château-Gaillard sur la rive gauche. Philippe se prépare à en faire le siège obstiné, mais, à la surprise générale, les défenseurs anglais, conduits par Robert Fitz-Walter et par Sauer de Quincy, se rendent soudain sans combat. Philippe isole encore davantage l’énorme forteresse en prenant l’île d’Andely, au pied du Château-Gaillard, et en réduisant Radpont, sur la rive droite. Le siège proprement dit commence en septembre 1203. La stratégie française consiste à entourer la forteresse de retranchements et à affaiblir la garnison. Jean, cantonné pendant ce temps dans la partie occidentale de la Normandie, ne prend pas la peine de défendre le duché. Un chroniqueur anglais impute cet étrange comportement à la présence de la jeune reine, Isabelle d’Angoulême, qui, déclare-t-il, retient chaque jour le roi au lit jusqu’à midi. Quelles que soient ses excuses, Jean refuse de venir en personne à Gaillard et se contente d’envoyer une lettre d’encouragements. Toute perspective de secours s’évanouit lorsqu’on apprend qu’il a fait voile vers l’Angleterre en décembre 1203 en emmenant sa femme. La garnison, vaillamment commandée par Roger de Lacy, connétable de Chester, résiste néanmoins jusqu’au 6 mars 1204, où elle tombe, pratiquement épuisée, sous les assauts directs de Philippe. »

In « Philippe Auguste » de John Baldwin, Fayard, p. 250 à 253