6 janvier 1286 : le sacre du « roi de fer »

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Philippe III le Hardi, épuisé par le désastre militaire de la croisade d’Aragon et atteint par la fièvre (peut-être le paludisme), meurt à 40 ans à Perpignan. Les Capétiens sont maintenant une dynastie incontestée et, depuis Philippe II Auguste, le roi n'a plus besoin de faire sacrer son héritier avant sa mort. "Avant qu'il y eût des prêtres, il y eut des rois", affirment les légistes. Aussi son fils, Philippe, très conscient de sa légitimité royale, n’a aucun mal à se faire reconnaître roi de France sous le nom de Philippe IV le Bel.

Petit-fils de Louis IX (Saint Louis), le nouveau roi veut agir en digne héritier de son grand-père. La figure sainte de ce dernier, bien avant sa canonisation, a marqué ses contemporains. Le roi Philippe le Bel ne se considère plus comme le premier de ses pairs. Il est au-dessus, au-delà. Il veut être l’ « oint de Dieu », sa personne est sacrée ! Il veut porter fièrement la couronne de saint Louis et n’entend plus rendre compte qu’à Dieu.

Pour cela, l’archevêque de Reims l’attend. Roi depuis la mort de son père, le 5 octobre 1285, Philippe a 17 ans. Il fait son entrée dans la ville du sacre le 5 janvier 1286. Le jeune roi a pris le temps d’accompagner les os de son père jusqu’à la nécropole royale de Saint Denis. Puis, il se rend à l’abbaye de Royaumont où il reste en prière pendant 10 jours. Enfin, il ne manque aucune occasion de se livrer à son loisir favori, la chasse.

Accueilli par les chanoines et les autorités de Reims, Philippe se rend à la cathédrale pour entendre le dernier office de la journée (complies). Le lendemain, 6 janvier, au petit jour, les cloches sonnent l’office des matines. Il faut dire que la date du sacre correspond au jour de l’Epiphanie, jour où l’Eglise fête le roi par excellence. C’est par ce beau jour d’hiver que le roi Philippe et son épouse, Jeanne de Navarre entrent par le grand portail de la cathédrale encore en travaux (il reste à prolonger la nef). Autour d’eux, dans une longue procession, les archevêques, les évêques et les abbés du royaume, les princes du sang et les pairs de France accompagnent le couple royal.

Dans l’édifice, les deux époux se tiennent de chaque côté du chœur. Pierre Barbet, l’archevêque de Reims, pose les questions rituelles. Il demande au roi de promettre d'assurer la paix aux églises et au peuple du royaume, de redresser les iniquités et de combattre les ennemis de Dieu, de faire régner la justice et la paix. ? Philippe le Bel en fait le serment et appose sa signature au bas d'un parchemin.

Le roi défait alors sa robe pour passer des chausses et des éperons d’or. Il baise l’épée d’or qu’il remet au duc de Bourgogne. Agenouillé, Philippe est oint sept fois de l’huile contenu dans la Sainte Ampoule. L’assemblée chante « Ils ont oint Salomon come roi »). Les pairs de France lui font ensuite revêtir la tunique et la dalmatique royales de soie violette brodée de fleurs de lys. Dans la main droite, il porte le sceptre d’or, et dans la main gauche la main de justice. L’union du roi avec son peuple est symbolisée par l’anneau qu’on passe à son doigt. Alors, l’archevêque saisit la couronne royale. Les pairs de France (dont la reine en sa qualité de comtesse de Champagne) posent la main sur le bord de la couronne et accompagne le roi jusqu’à son trône, marquant ainsi l’approbation des Grands. La reine est ointe à son tour (mais d’une autre huile et une seule fois, sur le front).  Tout comme le roi, les pairs la conduisent à son trône. 

A la liturgie du sacre suit la messe. Celle-ci terminée, les cloches sonnent à toute volée. Philippe et Jeanne, précédés par le duc de Bourgogne, sortent da la cathédrale sous l’acclamation de l’assistance et par les cris de joie du peuple rassemblé sur le parvis.