31 mai et 2 juin 1793 « Journées révolutionnaires » : La fin des Girondins
Tout révolutionnaire trouve toujours plus
révolutionnaire que lui. Les Girondins vont l’apprendre à leurs dépens.
Le 1er octobre
1791, l’Assemblée législative est représentée par les Feuillants ou royalistes
constitutionnels ; les députés indépendants qui votent un coup à gauche un
coup à droite t que l’on appelle par dérision le « ventre » ; la
gauche est représentée par les Girondins car leurs plus brillants représentants
sont originaires du sud-ouest.
Le 10 mars 1792, le ministère
feuillant, que Louis XVI avait appelé au pouvoir en décembre 1791, démissionne.
Le pouvoir échoit aux Girondins le 24 mars, sous l’impulsion du ministre de
l’Intérieur Roland et de Dumouriez, chargé des Affaires étrangères. Leur
souhait commun est de maintenir les libertés et d’affirmer un pouvoir
respectueux des entités régionales. Les Girondins obtiennent le soutien de
Brissot, Condorcet et Isnard.
Après la journée du 20 juin, l’insurrection
du 10 août et les massacres de septembre, les Girondins commencent à se sentir
dépasser par les évènements. Il n’existe plus que deux pouvoirs réels :
l’Assemblée à majorité girondine et la Commune, fraction très active des
quartiers parisiens qui a le soutien des Montagnards.
Les Montagnards affirment la
prééminence politique de la capitale et désirent un pouvoir centralisateur. Ils
désirent le recours aux réquisitions de denrées et à l’organisation de marchés
de distribution pour enrayer la cherté de la vie. Les Montagnards trouvent leur
inspiration dans les séances du Club des Jacobins.
Les Girondins sont partisans
de la décentralisation administrative. En matière économique, ils prônent le
libre jeu des échanges naturels et de la concurrence. Les Girondins sont pour
la plupart lettrés, juristes, bourgeois éclairés inspirés par Rousseau et les
encyclopédistes. Ils se méfient de la rue. Les affaires publiques doivent
s’élaborer dans les salons et se débattre à l’Assemblée.
Autre point de divergence,
les Girondins veulent faire la guerre avec l’Autriche et la Prusse ; le
Révolution doit passer par un succès face à l’Europe des rois. Les Montagnards,
Robespierre en tête, redoutent qui risque d’affaiblir le pays et s’ouvrir à une
dictature militaire. Les Girondins tendent également vers l’indulgence à
l’égard du roi.
Cette attitude modératrice
exaspère la population parisienne, la guerre aux portes du pays, les réticences
de la province à l’égard de Paris, la trahison de Dumouriez font écrire à Marat
dans son journal L’Ami du Peuple :
« Citoyens,
armons-nous ! La contre-révolution est dans le gouvernement ; elle
est dans le sein de la Convention. Citoyens, marchons-y !
marchons ! »
L’Ami
du Peuple est mis en
accusation par la majorité girondine le 13 avril 1793. Mais le Tribunal
révolutionnaire absout l’accusé qui revient à la Convention.
Le 15 avril, le maire de
Paris, Pache, somme la Convention d’expulser des députés de la Gironde. La
réplique est immédiate : une loi crée l’inviolabilité des députés et une
commission de douze députés est chargée de vérifier les actes de la Commune.
Elle procède à ce titre à l’arrestation d’Hébert, rédacteur du Père Duchesne.
L épreuve de force entre
les deux partis est inéluctable. Danton cherche à s’interposer. En vain. Le 30
mai, un comité insurrectionnel siège à l’évêché. Le 31, Harriot prend le commandement de la
garde nationale. La Convention, après une véhémente intervention de
Robespierre, vote la suppression de la commission des douze et à prend un
décret d’arrestation de 21 Girondins. Marat sent la victoire proche. Le 1er
juin, le comité insurrectionnel devient Comité de Salut Public. Le 2, la garde
nationale encercle la Convention et, sur la demande de Marat, 29 autres
Girondins sont arrêtés. C’en est fini de la Gironde.
Les uns se dispersent,
d’autres se rendent ou sont arrêtés, certains se suicident. Le Tribunal
révolutionnaire condamne à mort les 22 incarcérés, le 30 octobre.