25 juin 1673 : le mystère D’Artagnan !
S'il
n'eut sans doute que fort peu à voir avec le héros de Dumas, le véritable
d'Artagnan se révèle, à la lecture des archives, un fascinant personnage.
Charles de Batz Castelmore connut, grâce à sa seule valeur, une ascension
sociale exceptionnelle au cœur du Grand Siècle. Autant qu'un habitué des
camps et des sièges, le capitaine de la compagnie des mousquetaires du roi
est un personnage clef du système de pouvoir louis-quatorzien. Agent de
confiance de Mazarin, il est l'homme des missions délicates (l'arrestation de
Fouquet, l'emprisonnement de Lauzun...). Une mort glorieuse au siège de
Maëstricht, en juin 1673, viendra clore la carrière de ce petit gentilhomme
devenu grand seigneur... Cette biographie de Jean-Christian Petitfils est le
fruit de multiples recherches d'archives ; comportant un.
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On le dit hâbleur, généreux, « astucieux, vif, intelligent et… Gascon » selon Alexandre Dumas qui l’a dépeint en 1844. Les pages du romancier brossent, « d’un seul trait de plume », un portrait sans faille du personnage. Mais qui était réellement Charles de Batz de Castelmore, ce Gersois né à Lupiac et devenu lieutenant des Mousquetaires du roi ?
Selon Armand Praviel, l’un des biographes de Charles de Batz de Castelmore, d’Artagnan « semble notamment avoir été doué comme ses amis, d’un assez mauvais caractère […] intraitable dans son orgueil, pénétré de sa valeur, vite renfrogné et en même temps procédurier en diable, chicanier, porté à discutailler sans fin. » Pour l’historienne Odile Bordaz, il « réunissait les qualités d’un officier d’élite et d’un gentilhomme irréprochable ». Les romanciers lui ont prêté une vie amoureuse riche en aventures. Les artisans de la vérité historique auraient peine à en apporter la preuve. Mais il semble que toutes ces bonnes aventures, comme le souligne Jean-Christian Petitfils, « si elles ne sont pas vérité d’Histoire, reflètent assez bien la vie sentimentale désordonnée d’un jeune militaire à la fin du règne de Louis XIII ».
Usurpateur de son nom ?
Alors que l’usage était d’hériter du nom du père, Charles de Batz de Castelmore a choisi, comme ses frères, d’accoler à son vrai nom celui de d’Artagnan, en référence au nom de sa mère, héritière d’une terre domaniale à Artaignan (devenu d’Artagnan), près de Vic-en-Bigorre (Hautes-Pyrénées). Sa mère, Françoise de Montesquiou d’Artagnan, est issue d’une des plus nobles familles de Gascogne.
Son père, roturier mais aspirant à la noblesse hérite, à la mort de son oncle, du domaine de Castelmore et de son titre de noblesse. Puis, il s’allie le nom de son épouse. Le couple aura sept enfants, trois filles et quatre garçons. Trois des garçons, dont Charles, choisissent le métier des armes. Ils deviennent nobles et gens d’épée. Et ils vont donc ajouter le nom d’Artagnan – celui de leurs cousins Montesquiou – à leur patronyme. D’ailleurs, en 1702, Paul, l’un des frères de Charles fut condamné pour avoir usurpé la qualité de noble. Il bénéficia finalement de la grâce du Roi Louis XIV, au vu des faits d’armes de son frère.
De sa naissance et de son enfance, on ne sait presque rien, les registres officiels ayant été brûlés. Les historiens estiment que le petit Charles est né vers 1620 selon certains, entre 1610 et 1615 selon d’autres. Selon Charles Samaran, son premier biographe, « il vécut assurément la vie de ces gentilshommes campagnards de l’ancienne France qui veillaient de près à la bonne tenue de leurs terres, levés plus tôt que leurs valets, dirigeant les travaux des champs et, le dimanche, visitant leurs « héritages ». L’air pur et la pratique des longues courses leur faisaient des poumons puissants et des muscles robustes. »
Charles reçoit une éducation ni meilleure ni pire que les jeunes nobles de son époque. Il sait écrire mais en français largement teinté de gascon. Plus que la plume, il apprit le maniement de l’épée.
À Paris, sur les traces de Paul
À son adolescence, comme son frère Paul et de nombreux autres Gascons de l’époque, d’Artagnan quitte le domaine familial pour devenir soldat. Les maigres moyens de subsistance de sa famille, l’appel de l’aventure et le fait que les Gascons aimaient faire la guerre, le mènent à suivre les traces de Paul, l’aîné, lui aussi mousquetaire du roi.
Il devient lieutenant puis capitaine et entre dans la Compagnie des Mousquetaires en 1657 qu’il dirigea. Louis XIV le prend comme son homme de confiance. En 1661, le roi le nomme geôlier du Surintendant Fouquet, le suivant partout jusqu’à la Bastille. En 1672, d’Artagnan part à Maastricht, pour prendre la ville face aux canons hollandais.
C’est en franchissant une barricade pour prendre la ville que le capitaine d’Artagnan tombe sous la mitraille. « Le nombre de coups de mousquets était tel que la grêle ne tombe pas en plus grande abondance » décrit le journal du 25 juin 1673.
Le vrai d'Artagnan n'était pas mal non plus
Ah, ce d'Artagnan ! Jamais personnage de fiction n'aura à ce point enflammé l'imagination de générations entières de jeunes lecteurs, ébaubis par les exploits du fier et dévoué Gascon auquel Alexandre Dumas prêta mille aventures empanachées. Éditée et rééditée, traduite en une centaine de langues, sans cesse adaptée pour le cinéma, la télévision ou en série animée, la trilogie des mousquetaires a définitivement installé cet intrépide de la rapière au panthéon des gloires romanesques. De quoi rendre jaloux l'autre d'Artagnan, le vrai, tout aussi gascon que son illustre projection de papier mais longtemps rejeté dans l'ombre envahissante de sa cape. Il y a fort à parier que si les deux avaient pu se croiser, l'affaire se serait terminée au chant du coq, dans une clairière brumeuse et perlée de rosée. « Comment, Monsieur, avez-vous osé ? » « De grâce, Monsieur. En garde ! »
Sans qu'il soit besoin de recourir au duel -
d'ailleurs interdit au siècle de Louis XIV -, l'authentique cadet de
Gascogne peut remercier un historien et biographe d'aujourd'hui, Jean-Christian
Petitfils, de l'avoir rétabli dans sa véracité. S'il ne connut pas les folles
aventures du d'Artagnan d'Alexandre Dumas, celui qui naquit Charles, Ogier de
Batz de Castelmore vers 1613 non loin de Lupiac (actuel département du Gers),
n'eut pas à rougir de son parcours au service de Mazarin et du Roi-Soleil.
Beau destin que celui du
septième et dernier enfant « d'une modeste famille d'origine roturière qui
depuis plus d'un demi-siècle prétendait à la gentilhommerie », comme l'explique
Jean-Christian Petitfils. Son père Bertrand s'était allié à l'une des plus
hautes familles de Gascogne en épousant Françoise de Montesquiou, de la maison
seigneuriale d'Artagnan, mais eut à subir de sérieux revers financiers. Le
jeune Charles, monté à Paris chercher fortune - comme bien d'autres jeunes
Gascons et Béarnais l'avaient fait avant lui dans le sillage
d'Henri IV - fit carrière sous ce patronyme emprunté à la branche
maternelle de ses ascendants.
Tout donne à penser
qu'arrivé dans la capitale vers 1630, l'impétueux « entra dans le corps des
Mousquetaires deux ou trois ans plus tard », note l'historien. À 20 ans à
peine, le voilà inscrit dans l'histoire prestigieuse d'un corps d'élite, dont
la vaillance est aussi légendaire au combat que dans les escarmouches qui les
opposent aux gardes du cardinal.
On n'en sait guère plus
sur ces années de formation. Le nom de d'Artagnan resurgit en 1646, lorsqu'il
entre au service de Son Éminence, le cardinal Mazarin, alors que la célèbre
troupe des mousquetaires est dissoute. « Gentilhomme ordinaire », il sert avec
loyauté le premier ministre de la régente, jouant les courriers, les
éclaireurs, les envoyés ou les entremetteurs, reste fidèle à la monarchie
pendant la Fronde et redouble d'efforts lorsque son maître s'exile à Brühl.
Le dévouement de
d'Artagnan ne lui offre que peu d'avantages pécuniaires. Après le retour aux
affaires de l'Italien, il parvient tout de même à assurer son train de vie en
enlevant, au nez et à la barbe de Colbert, la charge enviée de « capitaine de
la volière royale », essentiellement symbolique mais offrant la jouissance d'un
magnifique logement dans le jardin des Tuileries. En 1654, lieutenant aux
Gardes, il assiste au sacre de Louis XIV à Reims et, quelques années plus
tard, participe à la bataille de Dunkerque, qui marqua la fin de la domination
espagnole sur l'Europe.
La compagnie est
reconstituée en 1657 par Louis XIV. Fier de ses états de service,
l'ex-mousquetaire le redevient de plus belle. Peu porté sur la chose militaire,
le duc de Nevers en devient le capitaine-lieutenant tandis que la charge de
sous-lieutenant échoit au solide d'Artagnan.
Deux éléments vont
contribuer à l'ascension de ce loyal militaire auprès du jeune roi. « À la mort
du cardinal, en 1661, Louis XIV eut tendance à s'appuyer sur l'équipe du
cardinal, analyse Jean-Christian Petitfils. Et puis, le roi aimait bien faire
manœuvrer ses mousquetaires lui-même. D'Artagnan se trouvait donc fréquemment
en sa présence. »
Cette indéfectible
confiance se manifesta sans tarder, avec l'arrestation du richissime
surintendant des finances, Fouquet, orchestrée par Colbert mais confiée par Son
Altesse à d'Artagnan et à lui seul, en dépit de la mauvaise fièvre qui l'avait
affaibli quelques jours auparavant. L'historien raconte par le menu cette
incroyable opération, qui relevait davantage du « coup d'État » que de la
simple intervention de police.
Devenu geôlier de celui
qu'on désignait comme l'homme le plus puissant du royaume, le mousquetaire se
montra semble-t-il « respectueux des nombreuses consignes du roi » mais veilla
« avec humanité » sur son prisonnier, assistant à son procès et l'escortant
jusqu'au fort de Pignerol, où il fut retenu jusqu'à la fin de ses jours.
Quelques années plus tard, c'est aussi à lui que Louis XIV confia la
mission de conduire à Pignerol le bouillant Lauzun, tombé en disgrâce après
qu'on lui eut promis - puis retiré - la main de La Grande
Mademoiselle, cousine germaine du roi.
Là encore, le tact du
militaire - par ailleurs capable de réprimer des révoltes assez
sévèrement - s'avéra des plus précieux. « Le portrait qui s'en dégage est
plus proche du d'Artagnan du vicomte de Bragelonne que du personnage bondissant
du début du cycle de Dumas, précise Jean-Christian Petitfils. Le vrai
d'Artagnan était un serviteur consciencieux, un homme à qui on confiait des
missions délicates et qui savait s'en acquitter avec une intéressante touche
d'humanité, dans un siècle par ailleurs très rude. » De tous les sièges, de
toutes les campagnes, le Gascon est même nommé, en 1672 et pour quelques mois,
gouverneur général de la place de Lille. Devenu « sensible à la flatterie » et
quelque peu « rugueux », selon les mots de Jean-Christian Petitfils, le vieux
militaire asticote sérieusement Vauban, gouverneur de la citadelle. Les
amabilités que ces deux-là s'envoient alarment Louvois, ministre de la guerre,
qui juge utile d'en référer au roi. En dépit de ces incidents, d'Artagnan ne
perdra jamais l'estime du souverain.
Criblé par la mitraille
lors d'une sortie héroïque au siège de Maastricht, il disparaît en 1673 dans un
dernier geste de bravoure, à 60 ans passés. Louis XIV, touché de
perdre ce vieux compagnon de route, fera dire une messe pour lui dans sa tente
et parrainera l'un des deux enfants nés de son union tardive avec
Charlotte-Anne de Chanlecy. Ainsi mourut Charles de Batz de Castelmore, grand
ami de Monsieur de Besmaux, gouverneur de la Bastille, qui s'intitula comte
sans avoir jamais reçu ni terre ni titre. Qui ne croisa sans doute jamais de sa
vie Athos, Porthos ou Aramis, Constance ou Milady... mais qui fut bien plus
qu'un mousquetaire.
D'Artagnan, et ta tombe mordious ! Le quatrième mousquetaire serait enterré au Plessis-Robinson
Le Plessis-Robinson était déjà fière de son château, propriété du comte d'Artagnan, cousin du célèbre mousquetaire. Et voilà que la ville des Hauts-de-Seine et ses 21.000 habitants viennent de découvrir qu'elle a peut-être mieux encore dans ses murs : le vrai d'Artagnan, ou du moins sa tombe. La révélation a déjà fait le tour des employés de mairie, et depuis dix jours toute la ville s'interroge : où est donc passée la tombe de d'Artagnan ? Le célèbre mousquetaire serait enterré sous les pieds des Robinsonnais, à quelques mètres de l'hôtel de ville. C'est en tout cas ce qu'affirme un témoignage inédit, publié par la Dépêche d'Auch. La « Dépêche » a pris son temps pour arriver jusqu'au Plessis : l'article est daté du 28 octobre 1973... Il était passé complètement inaperçu à l'époque. La mairie en a découvert l'existence il y a à peine plus d'une semaine, grâce à une historienne. Dans l'article, madame Lajus, originaire du Sud-Ouest, raconte. « Savez-vous que je suis allée sur la tombe de d'Artagnan ? Peu de gens connaissent où elle se trouve. Il est mort aux Pays-Bas, à Maastricht, mais il est enterré près de Paris, au Plessis-Robinson. Juste une plaque enfouie dans la verdure sur laquelle on peut lire : "Ici les cendres de d'Artagnan né en 1611, mort en 1673. C'est un romancier belge qui me l'a indiquée. » Aucune trace pourtant ne subsiste autour de l'édifice religieux, situé à l'emplacement de l'ancien cimetière. « Mme Lajus affirme avoir aperçu cette plaque en 1945-46, affirme Joseph Varro, historien de la ville. Mais des travaux de terrassement autour de l'église ont eu lieu en 1948, lors de son agrandissement. Tout le terrain a été bouleversé et aucune fouille n'a été effectuée à l'époque. » Loin de se décourager, le chercheur continue cependant à mener son enquête. Il vient de lancer un appel à témoins. Pour chercher des indices, il attend beaucoup de la mémoire des habitants : « Certaines familles vivent ici depuis trois générations et sont de plus en plus nombreuses à s'intéresser au patrimoine de la ville. »
Frappé en pleine tête par une balle de mousquet, Charles de Batz de Castelmore, comte d'Artagnan, est mort sous les remparts de Maastricht le 25 juin 1673. L'histoire officielle assure qu'il repose à cet endroit. Mais Joseph Varro refuse de se satisfaire de cette version. « Il n'est pas exclu que la dépouille du personnage immortalisé par Alexandre Dumas ait été transférée ici. Mais il ne s'agit là bien sûr que d'une hypothèse. Peut-être qu'en agitant les vieux souvenirs, nous arriverons à retrouver la trace de l'un des trois mousquetaires. » Consciencieusement, il fouille le passé de la ville amoureuse de ses vieilles pierres et de son clocher, presque millénaire. La mairie met d'ailleurs les bouchées doubles pour essayer d'éclaicir « le mystère du tombeau disparu ». Elle vient d'annoncer de façon très solennelle la création d'une société d'histoire de la Ville. « Une chose est sûre, déclare Joseph Varro, le nom du Plessis ne pourra plus jamais être dissocié de celui du célèbre mousquetaire. » Une aubaine pour le septuagénaire, que ces recherches. Une manière comme une autre, pour ce passionné d'histoire, d'oublier les horribles barres HLM construites à proximité de la gare. Quelques graffitis gravés sur les murs de l'hôtel de ville semblent d'ailleurs ternir l'image de petite ville bien tranquille véhiculée par les autorités municipales. « Plutôt que de rechercher la tombe du mousquetaire, on ferait mieux de s'occuper des jeunes qui vivent dans les cités, affirme Christophe, 22 ans. J'en ai ras les oreilles de cette histoire de d'Artagnan. » « J'étais à peine assise sur les bancs de l'école, confirme Catherine, la patronne du Restaurant d'Artagnan, qu'on me racontait déjà les aventures des trois mousquetaires, coiffés de leurs grands chapeaux à plumes. » Tradition oblige, au menu de la semaine : l'inévitable bœuf bourguignon, arrosé d'un petit vin de pays. Le plat préféré du chevalier. « Je ne vois pas pourquoi on ne se servirait pas de la petite histoire pour faire marcher le commerce », ajoute Catherine. Et d'ajouter d'un air malicieux : « J'en connais un, s'il savait ça, qui se retournerait dans sa tombe. »
Suivez le guide L'hôtel de ville Il est situé dans un château dont les fondations remontent au XVe siècle. Le bâtiment a été acquis en 1699 par Pierre de Montesquiou, maréchal de France, chevalier commandeur des ordres du roi, comte d'Artagnan. Mais il ne s'agit là que du cousin de Charles, le mousquetaire du roi rendu célèbre par les romans d'Alexandre Dumas. Une plaque commémorative, accrochée sur les murs de la chapelle Sainte-Vierge, est consacrée « A la mémoire de Pierre de Montesquiou ». Mais elle ne porte pas le traditionnel « ci-gît » et n'a donc pas valeur de sépulture. Le mystère reste entier…
La fin du mystère du lieu de sépulture de d'Artagnan ?
Odile Bordaz, une historienne française, pense avoir localisé la tombe de d'Artagnan dans une église proche de Maastricht aux Pays-Bas, où le capitaine des mousquetaires du roi, qui a inspiré le personnage d'Alexandre Dumas, a été tué en 1673 durant le siège de la ville. Avant d'être le héros flamboyant des Trois Mousquetaires (1844), d'Artagnan, de son vrai nom Charles de Batz de Castelmore d'Artagnan, a combattu deux siècles plus tôt sur tous les fronts au service de Louis XIV.
D'Artagnan, et ta tombe mordious ! Le quatrième mousquetaire serait enterré au Plessis-Robinson
Le Plessis-Robinson était déjà fière de son château, propriété du comte d'Artagnan, cousin du célèbre mousquetaire. Et voilà que la ville des Hauts-de-Seine et ses 21.000 habitants viennent de découvrir qu'elle a peut-être mieux encore dans ses murs : le vrai d'Artagnan, ou du moins sa tombe. La révélation a déjà fait le tour des employés de mairie, et depuis dix jours toute la ville s'interroge : où est donc passée la tombe de d'Artagnan ? Le célèbre mousquetaire serait enterré sous les pieds des Robinsonnais, à quelques mètres de l'hôtel de ville. C'est en tout cas ce qu'affirme un témoignage inédit, publié par la Dépêche d'Auch. La « Dépêche » a pris son temps pour arriver jusqu'au Plessis : l'article est daté du 28 octobre 1973... Il était passé complètement inaperçu à l'époque. La mairie en a découvert l'existence il y a à peine plus d'une semaine, grâce à une historienne. Dans l'article, madame Lajus, originaire du Sud-Ouest, raconte. « Savez-vous que je suis allée sur la tombe de d'Artagnan ? Peu de gens connaissent où elle se trouve. Il est mort aux Pays-Bas, à Maastricht, mais il est enterré près de Paris, au Plessis-Robinson. Juste une plaque enfouie dans la verdure sur laquelle on peut lire : "Ici les cendres de d'Artagnan né en 1611, mort en 1673. C'est un romancier belge qui me l'a indiquée. » Aucune trace pourtant ne subsiste autour de l'édifice religieux, situé à l'emplacement de l'ancien cimetière. « Mme Lajus affirme avoir aperçu cette plaque en 1945-46, affirme Joseph Varro, historien de la ville. Mais des travaux de terrassement autour de l'église ont eu lieu en 1948, lors de son agrandissement. Tout le terrain a été bouleversé et aucune fouille n'a été effectuée à l'époque. » Loin de se décourager, le chercheur continue cependant à mener son enquête. Il vient de lancer un appel à témoins. Pour chercher des indices, il attend beaucoup de la mémoire des habitants : « Certaines familles vivent ici depuis trois générations et sont de plus en plus nombreuses à s'intéresser au patrimoine de la ville. »
Frappé en pleine tête par une balle de mousquet, Charles de Batz de Castelmore, comte d'Artagnan, est mort sous les remparts de Maastricht le 25 juin 1673. L'histoire officielle assure qu'il repose à cet endroit. Mais Joseph Varro refuse de se satisfaire de cette version. « Il n'est pas exclu que la dépouille du personnage immortalisé par Alexandre Dumas ait été transférée ici. Mais il ne s'agit là bien sûr que d'une hypothèse. Peut-être qu'en agitant les vieux souvenirs, nous arriverons à retrouver la trace de l'un des trois mousquetaires. » Consciencieusement, il fouille le passé de la ville amoureuse de ses vieilles pierres et de son clocher, presque millénaire. La mairie met d'ailleurs les bouchées doubles pour essayer d'éclaicir « le mystère du tombeau disparu ». Elle vient d'annoncer de façon très solennelle la création d'une société d'histoire de la Ville. « Une chose est sûre, déclare Joseph Varro, le nom du Plessis ne pourra plus jamais être dissocié de celui du célèbre mousquetaire. » Une aubaine pour le septuagénaire, que ces recherches. Une manière comme une autre, pour ce passionné d'histoire, d'oublier les horribles barres HLM construites à proximité de la gare. Quelques graffitis gravés sur les murs de l'hôtel de ville semblent d'ailleurs ternir l'image de petite ville bien tranquille véhiculée par les autorités municipales. « Plutôt que de rechercher la tombe du mousquetaire, on ferait mieux de s'occuper des jeunes qui vivent dans les cités, affirme Christophe, 22 ans. J'en ai ras les oreilles de cette histoire de d'Artagnan. » « J'étais à peine assise sur les bancs de l'école, confirme Catherine, la patronne du Restaurant d'Artagnan, qu'on me racontait déjà les aventures des trois mousquetaires, coiffés de leurs grands chapeaux à plumes. » Tradition oblige, au menu de la semaine : l'inévitable bœuf bourguignon, arrosé d'un petit vin de pays. Le plat préféré du chevalier. « Je ne vois pas pourquoi on ne se servirait pas de la petite histoire pour faire marcher le commerce », ajoute Catherine. Et d'ajouter d'un air malicieux : « J'en connais un, s'il savait ça, qui se retournerait dans sa tombe. »
Suivez le guide L'hôtel de ville Il est situé dans un château dont les fondations remontent au XVe siècle. Le bâtiment a été acquis en 1699 par Pierre de Montesquiou, maréchal de France, chevalier commandeur des ordres du roi, comte d'Artagnan. Mais il ne s'agit là que du cousin de Charles, le mousquetaire du roi rendu célèbre par les romans d'Alexandre Dumas. Une plaque commémorative, accrochée sur les murs de la chapelle Sainte-Vierge, est consacrée « A la mémoire de Pierre de Montesquiou ». Mais elle ne porte pas le traditionnel « ci-gît » et n'a donc pas valeur de sépulture. Le mystère reste entier…
La fin du mystère du lieu de sépulture de d'Artagnan ?
Odile Bordaz, une historienne française, pense avoir localisé la tombe de d'Artagnan dans une église proche de Maastricht aux Pays-Bas, où le capitaine des mousquetaires du roi, qui a inspiré le personnage d'Alexandre Dumas, a été tué en 1673 durant le siège de la ville. Avant d'être le héros flamboyant des Trois Mousquetaires (1844), d'Artagnan, de son vrai nom Charles de Batz de Castelmore d'Artagnan, a combattu deux siècles plus tôt sur tous les fronts au service de Louis XIV.
Odile Bordaz a
consacré plusieurs livres aux mousquetaires, dont Sur les
chemins de d'Artagnan et des mousquetaires (2005) dans lequel elle
affirme que d'Artagnan, qui n'a pas de sépulture connue, a vraisemblablement
été enterré dans l'église de Wolder, près de Maastricht. "Avec
mes collègues archéologues, archivistes, néerlandais, nous avons étudié les
cartes de Maastricht, faites à l'époque par l'équipe de Vauban. On voit le camp
de l'armée du roi qui entourait la ville", raconte-t-elle.
Louis XIV et les
mousquetaires avaient établi leurs quartiers dans le village voisin de Wolder. "Logiquement, c'est de là que d'Artagnan
est parti avec ses hommes le 25 juin 1673 pour monter à l'assaut des remparts
de la ville et qu'il s'est fait tuer d'un coup de mousquet",
poursuit-elle. Le roi écrit le jour même à son épouse, la reine Marie-Thèrese :
"J'ai perdu d'Artagnan en qui j'avais la
plus totale confiance et qui était bon à tous."
Selon Odile Bordaz,
les registres paroissiaux de la région démontrent que les personnages "de qualité" tués au
combat étaient enterrés dans l'église la plus proche. Mais on ne dispose pas du
registre de l'église de Wolder, qui pourrait fournir la preuve que d'Artagnan a
bien été enterré là. "D'après tous les indices,
il y a plus de 90 % de chances pour que d'Artagnan et d'autres mousquetaires de
l'état-major du roi aient été enterrés dans l'église à côté de leur camp",
affirme-t-elle. L'hypothèse selon laquelle son corps a pu être ramené en
France, en plein été, ne correspond pas aux usages en temps de guerre, où il
fallait "enterrer très vite".
Une thèse qui
laisse sceptique Wim Dijkman, archéologue et conservateur de la ville de Maastricht,
dont Wolder est aujourd'hui un quartier. "D'Artagnan
a-t-il été enterré là ? Ce n'est pas sûr du tout : il n'y a aucune information
historique ou archéologique allant dans ce sens", a-t-il
déclaré. Le curé de l'église Saint-Pierre et Paul de Wolder, Piet van der Aart,
n'est pas opposé à des fouilles, mais n'entend pas non plus donner son
autorisation "s'il n'y a pas de preuves".
Le sénateur et duc Aymeri
de Montesquiou-Fezensac va bientôt pouvoir porter le nom de d'Artagnan, dont il
est l'un des derniers descendants.
Le héros des Trois Mousquetaires
avait été inspiré par un homme de guerre gascon bien réel, Charles de
Batz-Castelmore d'Artagnan, qui fut capitaine-lieutenant de la première
compagnie des mousquetaires et fut tué au siège de Maastricht en 1673. Aymeri
de Montesquiou, sénateur du Parti radical dans le Gers, est un descendant
direct du cousin germain de d'Artagnan, Pierre de Montesquiou-Fezensac, comte
d'Artagnan et maréchal de France. Le duc et sénateur du Gers vit au château de
Marsan, dans le petit village de Marsan dont il est maire.
Un nom
mondialement connu
« J'ai entamé la démarche
il y a un an, explique au Figaro le sénateur du Gers. Je trouvais dommage de ne
pas perpétuer ce nom, qui est mondialement connu. » Après avoir présenté son
arbre généalogique à la Chancellerie pour prouver ses liens de parenté avec le
célèbre mousquetaire, Aymeri de Montesquiou a obtenu le droit d'accoler
d'Artagnan à son patronyme. Le décret a été signé par le premier ministre et
publié au Journal officiel en mars, mais ne sera actif que deux
mois après «pour laisser le temps à une éventuelle réclamation, mais ce n'est
qu'une formalité administrative», explique le sénateur.
Débouté au milieu des années 2000
« D'Artagnan, qui a
bénéficié d'un imprésario exceptionnel en la personne d'Alexandre Dumas, est un
personnage qui provoque à la fois l'enthousiasme féminin et qui est d'une
grande exemplarité pour les hommes », précise avec le plus grand sérieux le
descendant de la lignée des Montesquiou, grande famille noble gasconne dont les
racines remontent jusqu'au XIe siècle.
Aymeri de Montesquiou,
figure gersoise, est capitaine de la Compagnie des mousquetaires d'Armagnac,
une association qui se propose de défendre les valeurs incarnées par
d'Artagnan. Il n'avait pas moins été débouté au milieu des années 2000 quand il
avait essayé d'empêcher un particulier de prendre le nom de d'Artagnan. « Je ne
conteste pas cette décision de justice, mais c'était quelqu'un d'origine
étrangère dont la grand-mère disait s'appeler Montesquiou », précise le
sénateur.