24 décembre 1800 : Attentat à la voiture piégée contre Bonaparte (rue Saint-Nicaise)


https://grandeschroniquesdefrance.blogspot.com/p/24-decembre-1800-attentat-la-voiture.html
Veille de Noël 1800. Deux carrosses sortent du palais des Tuileries. En tête, celui du premier consul doit se rendre à l’Opéra. On y joue la première de l'oratorio de Joseph Haydn, Die Schöpfung. Dans le second sont réunis Joséphine et Hortense. Ils remontent la rue Saint-Nicaise et s'apprêtent à tourner dans la rue Saint-Honoré, quand une terrible explosion se fait entendre. Berthier, Lannes et Lauriston se regardent, effarés. Des projectiles retombent sur le carrosse. La rue n’est que hurlement et cris de douleur. Des corps s'effondrent sur le pavé. Le Consul Bonaparte vient d'échapper au premier attentat à la voiture. L’explosion a fait plusieurs morts, des dizaines de blessés et plusieurs maisons sont détruites. Bonaparte et sa suite sont indemnes. Hortense est légèrement blessée à la main.
L'attentat de la rue Saint-Nicaise n'est pas le premier à menacer la vie de Bonaparte. Les ennemis ne manquent pas parmi les Jacobins, les royalistes, les chouans. La police a déjà déjoué plusieurs complots. Le célèbre ministre de la Police, Fouché, est convaincu de la responsabilité des chouans. Mais l’occasion est trop belle de se débarrasser des Jacobins. Le premier consul accuse son opposition de gauche et les fait expulser. Les organisateurs du complot sont pourtant bien des chouans. Deux Bretons nommés Édouard de La Haye-Saint-Hilaire et André Joyaux d'Assas qui ont confié le boulot à trois hommes de main : François-Joseph Carbon, un chouan, Pierre Picot de Limoëlan et le comte de Saint-Réjeant.
Le plan des conjurés est simple. Un ou deux tonneaux de poudre sont fixés sur une charrette tirée par un cheval. Une bâche cache le chargement à la vue des passants, sur laquelle est ajoutée du fumier, du foin, de la paille et des moellons ramassés en chemin. L’attelage est placé à l'extrémité de la rue Saint-Nicaise (aujourd'hui disparue), juste avant le croisement avec la rue Saint-Honoré, pas très loin du Théâtre français. L'endroit est symbolique, car c'est là que Bonaparte a fait tirer au canon sur les royalistes, le 13 vendémiaire de l'an IV. 
Limoëlan se place à l'angle de la place du Carrousel et de la rue Saint-Nicaise. De là, il fera signe à ses complices dès que le consul sortira du palais des Tuileries, afin qu'ils allument la mèche. La jument est nerveuse. Carbon demande à une fillette de tenir l’animal quelques minutes en échange de douze sous. Le chouan va la sacrifier sans aucun état d'âme. La fillette est complètement déchiquetée par l’explosion. Elle se nomme Marianne Peusol et est la fille d'une marchande de quatre saisons de la rue du Bac. 
Le ministre de la Police va alors mener une enquête exemplaire. Il fait reconstituer la charrette, et un portrait-robot de la jument est affiché sur tous les murs de la capitale : "Sous-poil bai, la crinière usée, la queue en balai, nez de renard, flancs et fesses lavés, marquée en tête, ayant des traces blanches sur le dos des deux côtes, rubican fortement sous la crinière du côté droit, hors d'âge et de la taille d'un mètre cinquante centimètres, grasse et en bon état, sans aucune marque sur les cuisses ni à l'encolure qui puisse indiquer qu'elle appartient à quelque dépôt." Le 27 décembre, un marchand de grains, nommé Lambel, reconnaît sa bête et se rend à la police pour donner la description de Carbon. Celui-ci est arrêté le 18 janvier 1801. Moins de 10 jours plus tard, c'est au tour de Saint-Réjeant d'être mis sous les verrous. Limoëlan et les deux commanditaires s'échappent. 
Le 20 avril 1801, Carbon et Saint-Réjeant sont guillotinés devant une foule nombreuse.