20 mars 845 : Les Vikings aux portes de Paris.

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Le destin de Paris change au IXème siècle avec l’arrivée des Normands et avec l’organisation de la défense par les comtes neustriens. De l’est où la situaient les combats es Francs contre les peuples demeurés en Germanie, puis les affrontements des rois francs, la zone névralgique du royaume passe à l’ouest. Le péril est désormais sur l’Escaut, la Somme, la Seine, la Loire.

Ce péril rend brutalement à Paris le rôle stratégique qu’il avait perdu quand les centres d’intérêt politiques étaient sur la Meuse, le Rhin et l’Elbe. Pour les envahisseurs scandinaves, Paris est le verrou d’une pénétration vers des régions à la richesse notoire, des régions où abondent les abbayes et les cités épiscopales. Il n’y a là aucun enjeu politique. Paris bloque une route avantageuse.

Les Normands se présentent pour la première fois devant Paris en mars 845. Ils ravagent les abords, trouvent le ville vide, puis quittent la région après rançon par le roi Charles le Chauve. Ils reparaissent, occupent la ville et s’en vont dans les mêmes conditions en 856, 861, 865 et 866. Charles le Chauve ordonne la restauration de l’enceinte romaine de la Cité et la fortification du pont. Les Parisiens, qui pensaient échapper à leur sort en quittant la ville à la rame, ont dû déchanter quand, en janvier 861, les Normands ls ont rejoints et rançonnés. Ils retiennent la leçon. Lorsqu’en 877 Charles le Chauve restaure les fortifications et les ponts, les habitants du petit bourg établi sur la rive droite autour des monceaux Saint-Gervais et Saint-Jacques décident d’eux-mêmes de se doter d’un fossé et d’une forte palissade. Elle leur sera, huit ans plus tard, d’un excellent secours.

L’homme fort, ce n’est plus le lointain Carolingien. C’est le comte de Paris – Conrad puis Eudes – qu’assistent l’évêque et l’abbé de Saint-Germain-des-Prés. Le comte Conrad et l’abbé Gozlin sont en 879 les acteurs d’une tentative de dévolution au Germanique Lois le Jeune de la royauté occidentale vacante par la mort de Louis II le Bègue.

Les Normands reviennent en 885. Ils mettent le siège le 24 novembre et tiennent jusqu’en mars 886. La ville est alors défendue par Gozlin, devenu évêque en 884, par son neveu Ebles qui lui succède à Saint-Germain-des-Prés et par le nouveau comte : nommé sur la recommandation de Gozlin, c’est le fils aîné du défenseur de la Loire Robert le Fort, le comte Eudes. Les Normands occupent les iles, sauf la Cité, dont ils abordent les berges sans pouvoir faire autre chose que le tour de l’enceinte. Ils tiennent les rives, mais sans pénétrer dans l’enceinte aménagée sur la rive droite. A l’ouest de celle-ci, ils pillent Saint-Germain-l’Auxerrois. Sur la rive gauche, ils font subir le même traitement à Saint-Germain-des-Prés. Fortement défendus, les ponts leur demeurent interdits. Ils tentent en vain d’incendier le pont récemment construit par Charles le Chauve en poussant contre lui des bateaux chargés de petit bois enflammé. Rien n’y fait : les piles sont de pierres, et les flammes pas assez hauts pour brûler le tablier de bois. Le fait qu’ils ne puissent prendre ni les deux ponts romains ni celui de 877 signifie qu’à la fois pour les envahisseurs l’incapacité à prendre la Cité où sont regroupés les habitants et l’impossibilité d’user commodément de la voie fluviale. Pour remonter le fleuve, force serait de transporter tous les bateaux à bras d’homme sur la rive et de poursuivre la remontée du fleuve en sachant qu’ils sont coupés de leurs bases et que la voie de retour est fermée. Finalement, l’empereur Charles le Gros monnaie encore le départ des envahisseurs. Il y perd l’estime de ses fidèles qui, en Germanie, le destituent. Pendant ce temps, Eudes continue de se forger une réputation de défenseur de la Francie occidentale. Le 29 février 888, quand ils apprennent la mort du Carolingien, les grands l’élisent roi. Son frère Robert sera roi en 923, son petit-neveu Hugues Capet le sera en 987. (…)

(…) La menace normande a pratiquement disparu avec la création du duché de Normandie en 911.



Extrait de « Paris, deux mille ans d’histoire » - Jean Favier Fayard p.765-766