20 janvier 1666 : Anne d’Autriche, « la mort d’un grand roi »


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« Personne n'est bien aise de mourir. Mais il est vrai que Dieu me fait cette grâce d'en être moins troublée que les autres », confie Anne d’Autriche à sa fidèle amie Françoise de Motteville (Mémoires).

Depuis début janvier (1666), le royaume de France attend l’annonce de la mort de la reine-mère Anne d’Autriche, mère du jeune roi Louis XIV. Le 16 janvier 1666, son premier aumônier, l’archevêque d’Auch, Henri de La Mothe, annonce à la souveraine sa mort prochaine.

Souffrant depuis deux ans d’un cancer du sein gauche, elle a enduré toutes les douleurs de la maladie sans jamais se plaindre. Elle suivra sans protester toutes les prescriptions des médecins qui, s’ils connaissent la maladie n’en comprennent pas son développement. Pour eux, il s’agit d’un « dysfonctionnement des liquides (sang, lymphe…) » qui, à l’instar « des racines d’un arbre, d’un crabe ou d’une araignée » étendent leurs pattes pour atteindre la peau et durcir. « Les principaux traitements consistaient alors en l’utilisation d’un scalpel ou d’un cautère, une tige métallique chauffée pour brûler la tâche, ou encore d’un produit chimique pour la ronger » [Le Cancer du sein dans l’histoire, Catherine Cerisey].

Le 17 janvier, Anne reçoit le viatique après une nouvelle et violente crise, et se recueille à la messe célébrée. Le 19 janvier, elle demande à s'entretenir seule avec le roi, puis avec sa belle-fille, la reine Marie Thérèse, et enfin avec son fils cadet, le duc d'Orléans. Vient maintenant le temps terrible de la procession des courtisans. Tous remarquent sa maigreur. La maladie a attaqué ses poumons. Son corps est gangréné et présente les marques des traitements à la chaux vive et les scarifications des chairs faites au rasoir par ses médecins. La reine veut mourir en chrétienne. Le défié des courtisans et des curieux ne la distrait pas des psaumes qui seuls retiennent son attention.

Le 20 janvier, entre 4 et 5h du matin, la reine-mère est prise d’une dernière convulsion. Lucide et serrant un crucifix, elle rend son âme à Dieu.

Au matin du 21 janvier, le cœur d'Anne d'Autriche est recueilli pour être solennellement déposé au Val de Grâce, couvent que la souveraine a fondé et où elle rêvait de s'éteindre, loin du monde. Dans la soirée du 28 janvier, un long cortège funèbre s'ébranle pour escorter la reine-mère jusqu'à sa dernière demeure, à la basilique de Saint Denis, nécropole des rois de France.