18 mars 1314 : Jacques de Molay, grand maître des Templiers, maudit le roi de France et sa descendance

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À la suite d'un procès peu équitable, Jacques de Molay, 23e et dernier maître de l'ordre du Temple, est brûlé vif, le 18 mars 1314 sur un bûcher dressé sur l'île aux Juifs à Paris (l'actuelle place Dauphine). La légende veut qu’avant sa mort, il est maudit le roi Philippe IV le Bel et le pape Clément V :

« Pape Clément ! … Chevalier Guillaume ! … Roi Philippe ! … Avant un an, je vous cite à paraître au tribunal de Dieu pour y recevoir votre juste jugement ! Maudits ! Maudits ! Maudits ! Tous maudits jusqu'à la treizième génération de vos races ! »
— Les Rois maudits, 1955 par Maurice DRUON

C'est au XIVe siècle que la malédiction est clairement formulée. Dans son histoire de France pour le compte du roi François Ier, Paolo Emilio met en scène la mort d'un Jacques de Molay maudissant le roi et le pape et les convoquant devant le tribunal de Dieu. Cette légende s'est maintenue jusqu'à la suite romanesque historique Les Rois maudits, rédigée par Maurice Druon entre 1955 et 1977, ajoutant au roi et au pape le garde du Sceau Guillaume de Nogaret, qui a procédé à l'arrestation des Templiers et à leur procès (popularisée par adaptations télévisées).

« Pape Clément ! … Avant un an, je vous cite à paraître au tribunal de Dieu pour y recevoir votre juste jugement !»

Bertrand de Got est le premier des sept papes qui siégèrent en Avignon entre 1309 et 1377. Il meurt le 20 avril 1314 (« avant un an »), certainement des suites d’un cancer de l’intestin (et de ses médecins qui lui conseillèrent d’ingurgiter des émeraudes pilées !).

« Roi Philippe ! … Avant un an, je vous cite à paraître au tribunal de Dieu pour y recevoir votre juste jugement ! »

Philippe le Bel meurt le 29 novembre 1314, probablement d’un accident vasculaire cérébral, sans que l’on puisse affirmer s’il est la cause ou la conséquence d’une chute de cheval lors d’une partie de chasse survenue le 4 du même mois. Son fils, Louis X le Hutin décède le 5 juin 1316, à 27 ans, ayant bu du vin glacé alors qu'il était échauffé après une partie de Jeu de Paumes. Il laisse une épouse, enceinte du futur Jean 1er dit « le posthume ». Mais celui-ci disparaît quelques jours après sa naissance. La couronne sera consécutivement ceinte par les deux derniers fils de Philippe le Bel : Philippe V le Long et Charles IV le Bel. Après un peu plus de cinq ans de règne, le premier meurt après cinq mois de souffrances de la dysenterie à l’âge de 29 ans (3 janvier 1322). Sans postérité son frère cadet Charles lui succède. Mais il meurt à 34 ans, six ans après son frère. Nous sommes le 1er février 1328, en moins de quinze ans, 5 rois sont morts. C’est la première fois, depuis l’avènement d’Hugues Capet, qu’un roi meurt sans héritier. Aux dépends des éventuels droits du petit-fils de Philippe le Bel (par sa mère Isabelle de France), Edouard III d’Angleterre, les barons du royaume de France choisissent Philippe de Valois pour succéder à Charles le Bel. Philippe de Valois est le neveu de Philippe le Bel. Son règne marquera le début de la guerre de Cent-Ans.

On comprend l’impact stupéfiant pour les contemporains relevé par l'historienne Colette Beaune : comment le roi le plus puissant de la chrétienté, doté de trois fils, a-t-il pu voir s'achever sa dynastie et plonger son royaume dans la guerre de Cent Ans ?

« Maudits ! Maudits ! Maudits ! Tous maudits jusqu'à la treizième génération de vos races ! »

Quant à la malédiction portant « jusqu'à la treizième génération de vos races », les interprétations sont diverses et orientées. Objectivement, la treizième génération correspond aux enfants de Louis XIV et absolument pas à la génération de Louis XVI. Si on veut absolument donner « vie » à la légende on peut dire que tous les enfants mâles du roi Soleil sont morts avant leur géniteur, mais c’est le cas également de ses petits-fils (donc la quatorzième génération) La remarque vaut également pour les fils de Louis XV (seizième génération). De même, les trois fils de Catherine de Médicis (François II, Charles IX, Henri III) aurait pu être une génération maudite, avec comme fond d’écran les Guerres de Religion.

L’Histoire est pleine de ses coïncidences, qui peuvent faire peur ou sourire, mais ne sont rien de plus que des coïncidences.

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