30 juin 1559 : Henri II, mortellement blessé lors d'un tournoi
Le soleil a été au rendez-vous toute cette journée du vendredi 30 juin
1559. C’est la fin d’après-midi et l’air est embrumé des poussières soulevées par
les sabots des chevaux des jouteurs.
Depuis plusieurs jours, Paris est en fête. Le roi de France Henri II
marie sa fille ainée à Philippe II d’Espagne, fils de Charles Quint et, sa sœur
cadette Marguerite de Valois, avec le duc Emmanuel-Philibert de Savoie. Il s’agit
là de la consécration « maritale » du traité de paix du 2 avril 1559
signé avec la nouvelle reine d’Angleterre, Elisabeth 1ère ; et
du traité signé le lendemain avec le roi d’Espagne. Le roi Henri met ainsi fin
à deux ans de conflits avec son ennemi d’outre-manche et à une guerre de six
ans qui oppose les royaumes de France et d’Espagne.
Pour célébrer ce moment « historique », Henri a réuni le
fleuron de la jeunesse française et européennes. Ces braves gens combattront au
cours d’un tournoi, dont la lice bâtie à proximité de l’hôtel des Tournelles,
rue Saint-Antoine à Paris. Le roi de France, la quarantaine bien portée, d’une
santé sans nuage, vigoureux, excellent à la chasse comme à la guerre, décide de
se confronter à ses capitaines. Les joutes doivent se dérouler du mercredi 28
au vendredi 30. Bien que nous ayons peu d’information sur ces trois jours, le monarque
français fait preuve de son courage et de son habileté à manier les armes.
Alors que les spectateurs commencent à quitter les tribunes, le roi
veut une dernière joute. Son épouse, la reine Catherine de Médicis et le duc de
Savoie s’y seraient opposés. Tout comme le connétable de Montgomery contre qui
le roi veut combattre. Le roi s’agace. Le jeune connétable doit se soumettre. Bientôt,
ils sont équipés et installés sur leurs chevaux. Le roi et le connétable s’élancent,
se croisent, puis s’entrechoquent. Montgomery touche le roi. La violence du
choc fait briser sa hampe qui vole en éclat. Hélas, la visière du roi s’étant
soulevée, est blessé au visage. Mais, dans le mouvement, Montgomery n’ayant pas
lâché sa hampe, percute une seconde fois son adversaire au visage. L’œil et la
tempe droites sont en sang. Le roi s’affale sur l’encolure de son cheval. Lorsque
l’on retire le casque du blessé, un flot de sang coule du visage royal. Le
dauphin François s’évanouie. Le roi n’est pas mort. Ses blessures sont jugées
extrêmement graves. Il est transporté à l’hôtel des Tournelles. Il est
conscient et paraît lucide.
Médecins, apothicaires, chirurgiens et autres barbiers accompagnent les
intimes dans la chambre royale et, prodiguent les premiers soins. Les barbiers ôtent
d’abord les plus grosses échardes plantées dans son visage. Le roi souffre. Il
est décidé de panser le visage du roi sans retirer les échardes. Pendant ce
temps-là, les chirurgiens purgent le roi de son « mauvais sang » par
une saignée ! Les apothicaires se chargent de faire disparaître les « mauvaises
humeurs » en préparant un purgatif à base de rhubarbe et d’huile de
pétrole. Le roi se vide alors par tous les orifices.
Quelques heures plus tard, Henri II tombe en léthargie. L’os du crâne
et sa membrane sont considérablement dénudés. On fait appeler Ambroise Paré. Le
roi passe sa première nuit dans une sorte de coma. Vers 10h, le lendemain
matin, Henri II reprend connaissance. Son œil droit est perdu. Vers 11h, le
premier repas depuis l’accident lui est servi. Le souverain se rendort, ne s’éveillant
que pour boire. En fin d’après-midi, la fièvre tombe. Le 2 juillet, Henri II
est en forme. Il parle.
Le 3 juillet, le flamand André Vésale, premier médecin du souverain
espagnol Philippe, rejoint Ambroise Paré. Celui-ci propose immédiatement une
trépanation. Le 4 l’état du roi se dégrade. D’autres saignées et un lavement
sont imposés par les médecins du roi. Suées abondantes, rigidité du corps, et
délires inquiètent l’entourage royal. Le 9 au soir, le mariage de Marguerite et
d’Emmanuel-Philibert de Savoie… sans faste.
Le 10 juillet vers 13h, Henri II rend son âme à Dieu, au Louvres.