29 mai 1847: le Maréchal Grouchy fut-il la cause de la défaite de Waterloo ?



Revenons au 18 juin 1815, 13h30, Austerlitz :

L’artillerie impériale, obéissant scrupuleusement aux ordres, ouvre alors le feu sur le « vallon », puis l’infanterie de Drouet d’Erlon part à l’assaut et réussit à prendre pied sur le chemin d’Ohain. Mais Wellington, immédiatement, envoie les Ecossais ; ceux-ci s’élancent, bousculent les lignes françaises pour n’être finalement contenus que par la cavalerie impériale ; le coup porté a été très dur. Napoléon vient de perdre 4000 hommes.

Pendant que ces graves évènements se produisent, Grouchy, depuis Walhain et au son de la canonnade de Waterloo, continue à suivre à la lettre – et pour cause – les instructions premières de l’Empereur lui demandant de contenir les Prussiens, et cela, malgré les avis pressants de son état-major qui, trouvant singulier de ne pas rejoindre le champ de bataille, lui demande de « marcher au canon » ; Grouchy s’obstine : 

« L’Empereur m’a annoncé hier que son intention était d’attaqué l’armée anglaise, si Wellington acceptait la bataille. Donc, je ne suis nullement surpris de l’engagement qui a lieu en ce moment. Si l’Empereur avait voulu que j’y prisse part, il ne m’aurait pas éloigné de lui au moment même où il se portait contre les Anglais. D’ailleurs, en prenant de mauvais chemins de traverse, détrempés par le pluie d’hier et de ce matin, je n’arriverai pas en temps utile sur le lieu du combat. »

Dans l’après-midi – l’émissaire de Napoléon s’étant cette fois égaré ! – parvient à l’inflexible maréchal une note de Soult écrite depuis 10 heures ce matin. Ce billet n’était-il pas lisible ? le duc de Dalmatie était-il confus ? Quoi qu’il en soit après l’avoir lu, Grouchy se contentera d’affirmer qu’il « se félicitait d’avoir si bien rempli les instructions de l’Empereur » en marchant sur Ware, au lieu d’écouter les conseils du général Gérard qui l’incitait fortement à se porter vers le champ de bataille principal. Ainsi, obnubilé par les ordres de l’Empereur et tout occupé à maintenir en place les troupes de Blücher, Grouchy ne ralliera pas la « morne plaine ». A la fin de l’après-midi du 18 juin, le maréchal reçoit de Soult un nouveau message :

« En ce moment, la bataille est engagée sur la ligne de Waterloo en avant de la forêt de Soignes. Ainsi manœuvrez pour rejoindre notre droite. Nous croyons apercevoir le corps de Bülow sur les hauteurs de Saint-Lambert. Ainsi, ne perdez pas un instant pour vous rapprocher de nous et nous joindre et écraser Bülow que vous prendrez en flagrant délit. »

Grouchy a-t-il lu, comme on a pu l’affirmer, la bataille est « gagnée » au lieu « d’engagée » ? De toute façon, la suite du texte était suffisamment explicite pour qu’il n’hésite pas un instant à aller au-devant de l’Empereur. Dans l’hypothèse où il se serait exécuté sur-le-champ, il aurait certainement déjà été trop tard, la bataille était en train « d’échapper » à Napoléon.

Dans ses Mémoires, Napoléon a fait porter sur son maréchal une part importante du poids de la défaite. A sa suite, des générations d'historiens ont fait de même. La tendance actuelle est de modérer les accusations contre Grouchy, pour plusieurs raisons. La première est que la poursuite des Prussiens n'avait été ordonnée par Napoléon que douze heures après la fin de la bataille de Ligny, soit beaucoup trop tard pour que Grouchy puisse talonner l'adversaire. La deuxième est qu'à aucun moment Napoléon n'a rappelé clairement Grouchy vers lui. La troisième est que, compte tenu du fait que Grouchy devait traverser une rivière (la Dyle) pour rejoindre Waterloo, il lui fallait se rendre maître du seul pont disponible, à Wavre, à une bonne dizaine de kilomètres du lieu où il se trouvait au matin du 18 juin. Or les Prussiens occupaient solidement ce point de passage et il aurait fallu combattre plusieurs heures pour s'en rendre maître. Il aurait fallu ensuite faire parcourir une douzaine de kilomètres supplémentaires à 33 000 hommes, leurs caissons et leur artillerie. Quel que soit le moment de l'après-midi où Grouchy aurait commencé ce mouvement complexe, il ne serait jamais arrivé à temps à Waterloo. Il est donc très exagéré de le rendre responsable, et encore moins seul responsable, de la catastrophe. Au matin de la bataille, alors que le major général Soult suppliait Napoléon de rappeler le corps de Grouchy, l'Empereur refusa sèchement la proposition et voulut qu'on ne se concentre que sur l'armée de ce Wellington qu'il considérait comme un mauvais général : « Ce sera l'affaire d'un déjeuner », avait-il ajouté. 




Leurs noms sonnent encore glorieusement à nos oreilles et ils ont baptisé nombre de grandes artères à travers toute la France. Issus de milieux très divers (apprenti, mousse, fils de chirurgien, membre de la petite noblesse, etc.), ils ont choisi très jeunes le métier des armes et, sans compter sur le moindre passe-droit, ils sont partis du bas de l’échelle sociale pour gravir peu à peu les échelons militaires uniquement par leurs actes héroïques.
Honneur suprême, ils ont été remarqués par Napoléon Ier qui les a faits maréchaux. Plus ou moins honnêtes, plus ou moins scrupuleux, plus ou moins clairvoyants (mais toujours prêts à mener leurs troupes au combat et à braver les pires dangers), ils ont accumulé des richesses dans les territoires conquis et ont été pourvus de titres de noblesse qu’ils ont transmis à leurs descendants.