22 mai 1809: le Maréchal Lannes, mortellement blessé à Essling


Je crains la guerre, je l'ai dit à l'Empereur le premier bruit me fait frissonner mais ensuite quand j'ai fait le premier pas, je ne pense plus qu'au métier." Ainsi parlait Jean Lannes, que Napoléon tenait pour l'homme le plus brave de son armée. De sa naissance obscure dans le Gers au sommet des honneurs à la cour impériale, du jeune volontaire au maréchal d'Empire, de l'officiel républicain au duc de Montebello, cette vie au destin tragique fut à l'image d'une époque tourmentée. Mais loin des champs de bataille, ce jeune général couvert de gloire et de blessures est aussi un époux tour à tour malheureux et volage, puis comblé auprès de l'énigmatique Louise de Guéliéneuc et un ambassadeur de choc dans le guêpier anglo-portugais de la cour de Lisbonne. Impavide sous le souffle de mort des boulets, violent jusqu'à l'emportement, soldat redoutable mais sensible à la détresse des hommes, fidèle dans ses amitiés comme dans ses haines, fasciné par le génie de Napoléon mais jamais dupe, il se disait « bien à plaindre de la passion qu'il portait à cette catin », l'Empereur ! Mais en apprenant sa mort, Napoléon bouleversé, murmurera « Quelle perte pour la France et pour moi. »"



Opinion de Napoléon
« L'un des militaires les plus distingués qu'a eus la France ! Chez Lannes, le courage l'emportait d'abord sur l'esprit, mais l'esprit montait chaque jour pour se mettre en équilibre. Je l'avais pris pygmée, je l'ai perdu géant… Un des hommes au monde sur lesquels je pouvais le plus compter », Napoléon à Sainte-Hélène s'adressant à Las Cases, 1816. Il fut surnommé « le Roland de l'Armée »

Jean Lannes est le fils d’un palefrenier, né dans le Gers à Lectoure en 1769. Apprenti teinturier, il s’engage en 1792, dans un bataillon de volontaires du Gers. Sergent-Major à l’armée des Pyrénées-Orientales, son intrépidité l’amène au rang de chef de brigade sous la Convention. A l’armée d’Italie en 1796, il se distingue aux batailles de Montenotte (12 avril) et Millesimo (13 avril). Mais c’est la 10 mai, à Lodi, qu’il donne toute son envergure en menant une charge héroïque à la tête de ses hommes, qui décide de l’issue des combats. Trois fois blessé à Arcole, Lannes est nommé général de brigade en 1797 sur proposition de Bonaparte. Il suit le futur empereur en Egypte où sa combativité lui vaut le garde de général de division. Sa participation active au 18-Brumaire lui offre le commandement de la garde consulaire. 

A la demande du premier Consul, il participe à la seconde campagne d’Italie (Montebello, Marengo). Ministre plénipotentiaire à Lisbonne en 1801, Lannes est nommé maréchal d’Empire en 1804. Lannes est alors partout (1805-1807), à Austerlitz, en Prusse, en Pologne, à Iéna, à Eylau et à Friedland. Duc de Montebello en 1808, il combat en Espagne et dirige avec succès le siège de Saragosse (1808-1809). Puis c’est la guerre en Autriche…

Le 22 mai 1809, aux abords d'Essling et Aspern, au bord du Danube, une partie de la Grande Armée, sous les ordres de Masséna, est écrasée par les Autrichiens. Le maréchal Lannes est blessé à mort. Napoléon 1er et le reste de la Grande Armée, momentanément bloqués au milieu du fleuve, sur l'île de Lobau, prendront leur revanche à Wagram, sept semaines plus tard.

Apprenant, au milieu des combats, la blessure de son fidèle maréchal, Napoléon se précipite à son chevet :

-          « Lannes, c’est moi, l’Empereur, ton ami, me reconnais-tu ?

-          « Dans une heure, vous aurez perdu celui qui meurt avec la consolation et la gloire d’avoir été votre meilleur ami. » répond Lannes.

Il meurt le 31 mai. Son corps repose au Panthéon.



Leurs noms sonnent encore glorieusement à nos oreilles et ils ont baptisé nombre de grandes artères à travers toute la France. Issus de milieux très divers (apprenti, mousse, fils de chirurgien, membre de la petite noblesse, etc.), ils ont choisi très jeunes le métier des armes et, sans compter sur le moindre passe-droit, ils sont partis du bas de l’échelle sociale pour gravir peu à peu les échelons militaires uniquement par leurs actes héroïques.
Honneur suprême, ils ont été remarqués par Napoléon Ier qui les a faits maréchaux. Plus ou moins honnêtes, plus ou moins scrupuleux, plus ou moins clairvoyants (mais toujours prêts à mener leurs troupes au combat et à braver les pires dangers), ils ont accumulé des richesses dans les territoires conquis et ont été pourvus de titres de noblesse qu’ils ont transmis à leurs descendants.