18 juin 1815 : Waterloo, l'ultime bataille


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11h30, château-ferme de Hougoumont – La bataille commence à l’ouest par l’assaut de diversion menée par le prince Jérôme contre le château-ferme de Hougoumont. Les 3030 homme de la brigade du général Bauduin doivent attaquer les premiers et pénètrent dans le bois. Une grêle de balles tombe alors sur les Français et le général Bauduin est mortellement blessé. En une heure, les Français chassent du bois les soldats nassauviens qui se trouvaient au sud d'Hougoumont. La division Jérôme s’élance par deux fois mais doit rapidement se replier : la résistance ennemie est plus forte que prévu.  Quelques hommes parviennent à pénétrer par une brèche ouverte à coups de hache dans une porte ; ils sont tous tués sauf un jeune tambour. Hougoumont devient, durant toute la journée, une bataille dans la bataille mobilisant plus de 8 000 hommes du côté français contre seulement 2 000 du côté allié.

13h00, à l’Est – Déployés sur 1 400 mètres, les quatre-vingts canons de l’artillerie impériale, obéissant scrupuleusement aux ordres, ouvre alors le feu sur le « vallon ». « Je ferai jouer ma nombreuse artillerie », avait dit l'Empereur. Au bout d'une demi-heure, les artilleurs français cessent leurs tirs : la brigade anglo-hollandaise Bylandt de la division Perponcher a souffert car elle était positionnée en contre-bas du plateau, une position à hauts risques, mais les autres unités de l'armée alliée, positionnées à l'abri de la crête du plateau, s'en sortent avec des pertes légères.

13h30, fermes de Papelotte, de Smohain et de La Haye Sainte – Le 1er corps d’infanterie de Drouet d’Erlon part à l’assaut. Marchant au rythme des tambours qui scandent la marche à 76 pas par minute, les quatre divisions sont emmenées par Ney et leur général. Chaque division est constituée de 8 bataillons en ligne, formant un rectangle de 24 rangs de 180 hommes (trois rangs par bataillon) se déployant sur un front d'environ 150 mètres et une profondeur de 60 mètres, soit plus de 4 000 fantassins armés de mousquets. Elles se mettent en marche l'une après l'autre d'ouest en est, c'est-à-dire dans l'ordre : la division Quiot, la division Donzelot, la division Marcognet et la division Durutte. À l'ouest du dispositif de d'Erlon, la division commandée par Quiot (en l'absence d'Allix) est chargée de prendre la Haye Sainte. Elle est flanquée d'une brigade de cuirassiers du corps Milhaud (deux, selon certaines sources qui citent les brigades Travers et Dubois) et à l'est du dispositif, la division commandée par Durutte doit prendre les fermes de Papelotte, de Smohain et de La Haye. Entre les deux fermes, se trouvent les divisions Donzelot et Marcognet qui ont pour objectif de prendre pied sur le plateau.

La Haye Sainte est fermement défendue par le 2e bataillon léger du major George Baring de la King's German Legion, et les Français butent sur les solides défenses de la ferme. Papelotte et les fermes alentours sont défendues par des régiments de Saxe-Weimar, mais la division Durutte parvient à remplir ses objectifs après un court combat. Entre ces deux positions défensives, les divisions Donzelot et Marcognet, après avoir eu un certain nombre de pertes dues à l’artillerie alliée et à la grande profondeur de leur rang, repoussent facilement la brigade Bylandt, déjà très affaiblie par le bombardement français, par un court échange de feu. Puis elles commencent à monter vers le plateau. 

Mais le général britannique Picton, vétéran de la guerre d'Espagne et commandant la division alliée qui se trouve devant les Français, a fait coucher ses soldats derrière la contre-pente en adoptant la technique de Wellington en Espagne, et ordonne à ses régiments d'infanterie écossais et de miliciens de se lever brusquement. Les soldats alliés déchargent alors leurs fusils sur les soldats du 1er corps. Même la brigade Bylandt s'est ressaisie et dirige un déluge de feu sur les Français. Ils ne peuvent répondre aux tirs et tentent désespérément de reformer leurs lignes. Devant cette infanterie désorganisée, Wellington confie au commandant de son corps de cavalerie, lord Uxbridge, de faire contre-attaquer les brigades de cavalerie lourde Somerset et Ponsonby (dont les célèbres Scots Greys). Les Scots Greys de Somerset attaquent le détachement de cavalerie lourde du corps de Milhaud, chargé de protéger la division Quiot ; la brigade lourde Ponsonby attaque le 1er corps. Les Français, surpris en plein déploiement, sont sévèrement étrillés et se replient en désordre, subissant de lourdes pertes. Dans leur élan, les deux brigades de cavalerie britanniques vont même jusqu'à attaquer la grande batterie. Mais elles se font alors décimer par la cavalerie française restée en arrière, composée des corps de Milhaud et de la division du 1er corps commandée par Jacquinot. Elles sont mises définitivement hors combat. Les lanciers de Jacquinot poursuivent leurs ennemis et sont attaqués par la division de cavalerie alliée Vandeleur située à la gauche du dispositif britannique. À ce moment, des éléments de la division Durutte se forment en carré en voyant déferler ces cavaliers sur leur droite mais les lanciers français les repoussent et poursuivent vers l'ouest avant d’être mis définitivement hors-combat par la division de cavalerie du corps du duché de Brunswick.

Malgré les déboires de la cavalerie lourde britannique et la mort du général de division Thomas Picton, c'est un nouveau succès défensif pour l'armée de Wellington. Napoléon vient de perdre 4000 hommes.

14h00, PlancenoitAu même instant, Napoléon aperçoit sur sa droite un corps d’armée en marche : « C’est probablement un détachement de Grouchy » avance Soult. Hélas ! Les troupes signalées sont celles de l’avant-garde du général von Bülow. Les premiers éléments du 4ème corps du général von Bülow ont pu déboucher du défilé du ruisseau de la Lasne et occuper le bois de Paris sans aucune opposition. Napoléon, ayant négligé le risque d'une intervention prussienne, doit déployer sur son flanc est les divisions de cavalerie Domon et Subervie et le 6ème corps de Lobau afin de faire face à l'arrivée inopinée de l'avant-garde prussienne.

D'après Fleury de Chaboulon, le secrétaire de Napoléon, « il ne vint dans l'esprit de personne que les Prussiens, dont quelques partis assez nombreux avaient été aperçus du côté de Moustier, pussent être en mesure de faire sur notre droite une diversion sérieuse. » Seul Jérôme Bonaparte osa hasarder l'hypothèse d'une jonction des alliés. Mais il n'est pas pris au sérieux : 

« La jonction des Prussiens avec les Anglais est impossible avant deux jours, après une bataille comme celle de Fleurus, répond l'Empereur, suivis comme ils le sont par un corps de troupes considérable. »

15h00, ferme de la Haye Sainte – L’héroïsme français, les furieuses et légendaires charges de Ney, ne se solderont, dans le meilleur des cas, que par des succès trop précaires pour être définitifs. Après la réorganisation du 1er corps et de nouveaux tirs de préparation de la grande batterie, une nouvelle attaque est menée pour s'emparer du verrou que constitue la ferme de la Haye Sainte défendue par 450 fusiliers du second bataillon léger de la King's German Legion qui résistent au régiment de 2 000 soldats français. À la suite de la canonnade, Wellington fait replier son centre. Ney croit à un repli général. De sa propre initiative, il entraîne tous les cuirassiers de Milhaud qui sont aussitôt suivis par la division de cavalerie légère de la Garde commandée par Lefebvre-Desnouettes. Les Français chargent entre La Haye Sainte et Hougoumont, là où l'infanterie alliée est toujours intacte. 

Une véritable « mer d’acier » s’ébranle alors, mais dans une confusion extrême. Le choc avec l’infanterie anglaise est effroyable. Wellington fait former ses régiments en carrés d'infanterie britanniques (chaque carré est formé d'un bataillon de 500 hommes qui présentent un hérisson de baïonnettes de 20 mètres de côté) et ordonne aux artilleurs de se réfugier dans ceux-ci lorsque les cavaliers français sont très proches puis, entre deux charges, de retourner à leurs pièces et de continuer à tirer à mitraille sur les soldats français. Cet affrontement entre la cavalerie française et les seize carrés en échiquier constitue un moment fort de la bataille et devient l'épisode du chemin creux — exagéré par Victor Hugo — dans Les Misérables.

Irréfléchie, cette offensive a été pratiquement inutile. Napoléon se rend immédiatement compte de l’erreur, de la folie pourrait-on dire, de Ney : « C’est un mouvement prématuré qui pourra avoir des résultats funestes pour cette journée », s’exclama-t-il visiblement inquiet ; puis il poursuit, « le malheureux, c’est la seconde fois depuis avant-hier qu’il compromet le sort de la France. »

Tout va désormais se passer très rapidement. Des charges effrayantes se succèdent en un enfer de feu et de sang. Au terme de chaque offensive, les assaillants français se regroupent : ils sont un peu moins nombre à chaque fois.

16h00, Plancenoit – Les Français aperçoivent les premiers cavaliers prussiens sortir du bois de Paris. Pendant ce temps, à couvert, la 15e brigade de Losthin s’est formée au nord du chemin de Plancenoit et la 16e (Hiller) au sud. Le tout est couvert par 32 pièces d’artillerie. Le clocher de l’église de Plancenoit constitue le point de mire des soldats prussiens. Blücher veut ainsi pousser jusqu’à la chaussée et couper la retraite à l’ennemi. En même temps, il pourra tendre la main à Wellington. Celui-ci semble être à la dernière extrémité. Les forces de Napoléon se voient distinctement vers Belle-Alliance : à chaque instant elles peuvent rompre la ligne ébranlée des Anglais ».

16 h 30, Q.G. Napoléon – Le 4ème corps prussien attaque vers Plancenoit. Napoléon est confronté à une menace mortelle de débordement sur son flanc droit. L’Empereur fait demander à Grouchy de le rejoindre sur-le-champ.

Pendant que ces graves évènements se produisent, Grouchy, depuis Walhain et au son de la canonnade de Waterloo, continue à suivre à la lettre – et pour cause – les instructions premières de l’Empereur lui demandant de contenir les Prussiens, et cela, malgré les avis pressants de son état-major qui, trouvant singulier de ne pas rejoindre le champ de bataille, lui demande de « marcher au canon ». Grouchy s’obstine : 

« L’Empereur m’a annoncé hier que son intention était d’attaqué l’armée anglaise, si Wellington acceptait la bataille. Donc, je ne suis nullement surpris de l’engagement qui a lieu en ce moment. Si l’Empereur avait voulu que j’y prisse part, il ne m’aurait pas éloigné de lui au moment même où il se portait contre les Anglais. D’ailleurs, en prenant de mauvais chemins de traverse, détrempés par le pluie d’hier et de ce matin, je n’arriverai pas en temps utile sur le lieu du combat. »

Dans l’après-midi – l’émissaire de Napoléon s’étant cette fois égaré ! – parvient à l’inflexible maréchal une note de Soult écrite depuis 10 heures ce matin. Ce billet n’était-il pas lisible ? le duc de Dalmatie était-il confus ? Quoi qu’il en soit après l’avoir lu, Grouchy se contentera d’affirmer qu’il « se félicitait d’avoir si bien rempli les instructions de l’Empereur » en marchant sur Ware, au lieu d’écouter les conseils du général Gérard qui l’incitait fortement à se porter vers le champ de bataille principal. Ainsi, obnubilé par les ordres de l’Empereur et tout occupé à maintenir en place les troupes de Blücher, Grouchy ne ralliera pas la « morne plaine ». A la fin de l’après-midi du 18 juin, le maréchal reçoit de Soult un nouveau message :

« En ce moment, la bataille est engagée sur la ligne de Waterloo en avant de la forêt de Soignes. Ainsi manœuvrez pour rejoindre notre droite. Nous croyons apercevoir le corps de Bülow sur les hauteurs de Saint-Lambert. Ainsi, ne perdez pas un instant pour vous rapprocher de nous et nous joindre et écraser Bülow que vous prendrez en flagrant délit. »

Grouchy a-t-il lu, comme on a pu l’affirmer, la bataille est « gagnée » au lieu « d’engagée » ? De toute façon, la suite du texte était suffisamment explicite pour qu’il n’hésite pas un instant à aller au-devant de l’Empereur. Dans l’hypothèse où il se serait exécuté sur-le-champ, il aurait certainement déjà été trop tard, la bataille était en train « d’échapper » à Napoléon.

17h30, Plancenoit Cet incontestable succès n’aura pourtant aucun effet : voilà que du bois, surgissent les 13e (von Hake) et 14e (von Ryssel) brigades. Toute la cavalerie du prince Guillaume suit de près et deux batteries supplémentaires sont mises en œuvre. Résister est impossible : Lobau aligne maintenant 6 500 hommes contre plus de 30 000 pour le 4ème corps prussien. Le général français parvient néanmoins à maintenir un front solide.

18h00, Plancenoit – Les Prussiens passent à l’attaque générale. Au nord, le long des chemins, la division Losthin précédée d’une nuée de tirailleurs monte à l’assaut de la 20e division. En peu de temps, malgré une résistance acharnée, le village tombe aux mains des Prussiens qui s’y retranchent. Ils sont dès lors à même de menacer la ligne de retraite de l’armée française et des boulets prussiens tombent déjà sur la chaussée de Bruxelles où est stationnée l’ultime réserve, la Garde. Napoléon fait appeler le général Duhesme et lui donna l’ordre de reprendre le village. C’est chose faite à 18h30, mais un nouvel assaut des Prussiens l'en chasse. D’après le général Pelet, qui, avec la Vieille Garde, se trouvait non loin de la chaussée, la Jeune Garde « était poussée, et les hommes filaient sur les derrières », autrement dit, prenaient la fuite. 

19h00, Plancenoit – Napoléon ordonne au général Pelet de prendre la tête du 1er bataillon du 2e chasseurs de la Garde et du 1er bataillon du 2e grenadiers de la Garde et d’aller donner un coup de main à la Jeune Garde et aux bataillons de ligne pour s’assurer solidement du village. Le fait que l’Empereur n’hésite pas à engager deux bataillons de sa Vieille Garde en dit long sur l’importance qu’il accordait à la possession du village.

Au pas de charge, les grenadiers du 1er bataillon (Golzio) du 2e régiment de grenadiers de la Garde nettoient le village de tout ennemi et pourchassent les Prussiens à plus de 500 mètres au-delà, jusqu’aux batteries prussiennes, un moment abandonnées. Cependant, ils se voient à leur tour charger par des hussards silésiens qui refoulent les grenadiers. Ces hussards sont alors chargés par les lanciers de Subervie, bientôt appuyés par plusieurs escadrons de Domon, eux-mêmes bientôt chargés par le régiment de hussards prussiens n°8. Mais le village de Plancenoit est repris par les Français. Le flanc droit de l'Armée impériale est momentanément stabilisé mais Napoléon a dû utiliser une partie de ses réserves.

Trois batteries prussiennes ouvrent le feu sur la cavalerie française à la limite de leur portée. Déferlent alors sur la ligne alliée les grandes charges de cavalerie françaises. Au tir d’artillerie prussien, le général français Domon fait avancer un de ses régiments de chasseurs dans l’intention manifeste de charger les batteries ennemies et, sans doute aussi, de laisser le temps au 6ème corps de se déployer. À la vue de cette manœuvre, le 2ème hussards silésiens, le 2ème de Landwehr de Neumark et les escadrons de la 16ème brigade traversent les intervalles de l’infanterie et se forment en bataille, les hussards à gauche du chemin, la Landwehr de Neumark à droite, les 2 escadrons silésiens en arrière. Cette masse de 10 escadrons refoule sans peine les 4 premiers escadrons de Domon, mais elle doit plier à son tour devant les 8 autres. Les cavaliers prussiens repassent derrière leur artillerie et leur infanterie. Domon, emporté par son élan, se trouve alors complètement à découvert et doit reculer face au feu d’enfer des canons de Blücher et des fantassins de Losthin bien postés. Il passe en réserve, démasquant l’infanterie du 6ème corps.

Malgré la faiblesse de son artillerie, le général Georges Mouton, commandant du 6e corps, met hors de combat la moitié de la 14ème batterie du 1er lieutenant Hensel. Cependant, encouragées par la maigreur du feu d’artillerie français, les brigades Losthin et Hiller sortent du bois et marchent à l’ennemi. À son tour, Lobau porte son corps en avant et repoussa brièvement l’ennemi. 

19h00, Q.G. NapoléonNapoléon apprend alors la prise de la Haye-Sainte. Il pense qu’il est temps de donner le coup définitif aux Anglo-Hollandais et mit en branle la charge de la Garde impériale sur le centre-droit de Wellington. Ney fait avancer des canons qui prennent d'enfilade les positions britanniques. La situation des Alliés est critique. Ney demande des renforts pour en finir, mais au vu de la menace prussienne, Napoléon refuse.

19h00, plateau de Mont-Saint-Jean – L'Empereur consent à « faire donner » la Garde sur le plateau de Mont Saint-Jean. Neuf bataillons sont disponibles, répartis en deux groupes : devant, cinq bataillons de la Moyenne Garde et environ 500 m en arrière, quatre autres bataillons dont un de la Vieille Garde. Vers 19h30, cinq bataillons de la Moyenne Garde montent à l'assaut des positions de Wellington situées à l'ouest. Une batterie d'artillerie à cheval de la Garde accompagne. Le maréchal Ney mène l'attaque à pied car son cinquième cheval vient d'être tué sous lui. Les bataillons, chacun en carré pour faire face à une éventuelle charge de cavalerie, marchent en échelon refusé vers la gauche. Les trois bataillons ouest, c'est-à-dire les chasseurs, subissent sur leur flanc gauche le tir des batteries britanniques. Ils affrontent les Guards du général Maitland. Ces derniers se sont dissimulés dans les blés. Dès que les Français arrivent, ils se dressent et vident leurs armes ; 300 hommes du 3e chasseurs s'effondrent. Le 4e chasseurs se porte à la rescousse. Le corps à corps s'engage.

À l'est, les deux bataillons de grenadiers parviennent à enfoncer la brigade britannique du général Colin Halkett. C'est en brandissant un étendard pour essayer de regrouper ses hommes que le général sera grièvement blessé. Toutefois, la division belgo-hollandaise du général Chassé que le duc avait fait revenir de Braine-l'Alleud surgit, lance une contre-attaque. Le rapport des forces est de 10 contre 1 ; les grenadiers sont refoulés.

Wellington ordonne alors la contre-attaque à l'ensemble de ses hommes. 

Soudain, des rangs français, s’élève un cri : « la garde recule ». Après celui non moins angoissant de : « nous sommes trahis ». En fait, la garde ne recule pas ; ses huit bataillons se forment en carré pour mieux résister aux assauts prussiens déferlant de la gauche du champ de bataille. La panique envahit l'armée française à l'exception des quatre bataillons de la Garde disposés en carrés sur une seconde ligne, 500 m en arrière. Ils s'efforcent de recueillir leurs frères d'armes et d'arrêter la contre-attaque que Wellington vient de lancer. Ils ne peuvent que se replier lentement, tout en freinant la progression de l'ennemi. Après de rudes combats, les Britanniques les pressent de se rendre. Cambronne, selon une légende très populaire, commandant le dernier carré de la Vieille Garde à Waterloo, sommé de se rendre par le général britannique Colville, Cambronne aurait répondu :

« La garde meurt mais ne se rend pas ! »

Puis, devant l'insistance du Britannique, il aurait eu une réponse aussi énergique que concise, aujourd'hui connue comme le « mot de Cambronne », qu'il nia cependant tout le reste de sa vie avoir prononcé : « Merde ! ». 

La garde ne se rendra pas et sera immolée au terme d’une ultime charge à la baïonnette. Admiratif devant la détermination de Cambronne, les Britanniques le font prisonnier après le massacre des derniers carrés, alors qu’il est grièvement blessé.

20 h00, Plancenoit – Le 2e régiment poméranien, en tête de colonne, se dirige vers l’église. Il se heurte au mur du cimetière que les Français ont garni de tirailleurs ainsi d’ailleurs que les fenêtres des maisons environnantes. En face d’eux, les granges et les étables de la ferme Cuvelier dissimulent la réserve française derrière des volutes de fumée, mais, par le fait même, empêche leur intervention.

Les Prussiens, vu les importantes pertes subies devant l’église, réalisent que cette attaque frontale n’est pas la bonne méthode. Il s’ensuit que le major Witzleben bifurque à gauche, rejoint les tirailleurs qui occupent le bois de Virère. Le major Keller, avec deux bataillons longent la Lasne et vient appuyer le major Witzleben. Après un combat acharné, ces deux groupements nettoient le sud du village et sont en mesure de remonter vers la place. Dès lors, la place et le cimetière sont pris entre deux feux. Les Français évacuent le village. 

20h30, ensemble du front. C’est maintenant la déroute et l’humiliant sauve-qui-peut. Napoléon, au désespoir, tente à son tour de se jeter dans la mêlée : ne vaudrait-l pas mieux mourir ici, d’une balle ennemie ? Mais la mort ne veut pas de lui, pas plus que de Ney. 

La nuit tombe. L’ennemi envahit maintenant l’ensemble du champ de bataille ; c’est la retraite générale. L’épopée impériale vient de périr dans « l’urne trop pleine » de Waterloo.